© Volker Röder

Lebensspuren e.V.

Arbeitsgruppe Archive

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Manuscrit/Intervention

Né dans un foyer „Lebensborn“ du Harz!

Je suis un enfant naturel, né le 04-02-1944 dans le foyer du « Lebensborn » de Wernigerode, Brockenweg 1, dans le Harz. Avant ma naissance, ma mère avait consenti à mon adoption par la « Société déclarée appelée Lebensborn » (Lebensborn e.V.). Mon père avait donné son accord. Elle avait confirmé cette décision sur un questionnaire du « Service des Adoptions du Reich » (ReichsAdoptionsstelle) de la province de Magdeburg-Anhalt rempli à la place de mon père le 24-01-1944. A cette date, il était stationné à Copenhague au sein du « Bataillon de la Garde de la Police » appelé « Danemark ». Sur ce document il est indiqué que l’ensemble du dossier peut être consulté au centre administratif de la « Sociéte déclarée appelée Lebensborn » à Munich. Sur la foi de ce consentement je fus conduit peu de temps après ma naissance à l’occasion d’un transport d’enfants dans le foyer de l’« Association national-socialiste pour le bien être du peuple » (National-Sozialistische Volkswohlfahrt) de Thale. C’est là que ma mère me rendit visite pour la dernière fois à l’occasion de mon premier anniversaire ; par la suite je disparus.

Parents adoptifs?

En mars ou avril 1945, je suis tombé entre les mains de parents nourriciers qui prétendaient alors vouloir m’adopter. Par des recherches menées ultérieurement j’appris que leur projet d’adoption avait été favorisé par deux faits :

  1. Ma mère nourricière travaillait à cette époque au bureau du maire de Quedlinburg. Elle avait ainsi eu accès aux listes des enfants vivant dans les foyers de la région et avait pu au préalable déjà rechercher où il y avait des orphelins. (Elle était mariée, mais ne pouvait pas avoir d’enfant).
  2. Il n’existait plus aucune structure administrative intacte (en raison de l’effondrement du « Troisième Reich“).

Il n’y eut jamais eu de véritable adoption. En fait, ils se sont servis de moi pour faire parvenir sans inconvénient leur mobilier et leurs objets de valeur de l’autre côté de la limite du secteur soviétique. Ils savaient très bien que les soldats soviétiques aimaient les enfants. C’est pourquoi ils me mirent sur le divan à l’intérieur du wagon de marchandises. A la frontière, tout se passa exactement comme prévu : Les soldats ouvrirent la porte du wagon et s’occupèrent uniquement de moi. Pas de contrôles, pas de questions. C’était en hiver 1948. Encore aujourd’hui, j’ai ces images devant les yeux. Plus tard, à l’âge de 6 ans, je découvris par hasard leur carnet contenant l’acte de naissance de la SS. A l’intérieur je pus clairement lire mon nom. Bien sûr, je ne savais pas ce qu’était ce livre en caractères runiques. Je pris conscience de la portée de cette découverte seulement des dizaines d’années plus tard. C’est pendant ma scolarité que je découvris vraiment que je portais un autre nom qu’eux. Sur mon insistance ils me racontèrent qu’animés par un sentiment de pitié ils m’avaient sorti de l’hôpital de Quedlinburg et accueilli chez eux. Selon eux, c’est dans cet hôpital que j’aurais été hébergé comme orphelin et, par ailleurs, ma mère ne se serait jamais occupée de moi. Ils ajoutèrent qu’elle habitait certainement à Wernigerode et que j’avais encore des frères et sœurs. Intuitivement je sentis que quelque chose clochait ; j’avais déjà eu auparavant ce sentiment (c’était en 1956). Ils m’élevèrent sans chaleur, sans amour et sans tendresse aucune, je fus dressé comme un animal et mis en situation de dépendance à tous les points de vue.

Ils cherchèrent constamment à briser ma volonté. Dans leur maison tout était froid et sans vie. Je n’avais pas droit à un espace réservé rien qu’à moi ; la porte de ma chambre devait rester ouverte jour et nuit afin de pouvoir toujours me surveiller. Tout cela fit qu’à l’âge de 12 et 13 ans je fis deux fugues. Mon but était Wernigerode. Je voulais d’une manière ou d’une autre aller retrouver ma mère. Naturellement cela ne marcha pas et à chaque fois je fus reconduit chez eux. En 1958, mes parents nourriciers saisirent cette occasion pour me placer dans un centre d’éducation surveillée.

Les années dans le centre d’éducation surveillée

J’y ai vécu de l’âge de 14 ans  jusqu’à l’âge de 20 ans. Les années dans ce centre ne furent guère mieux qu’auparavant. La loi de la jungle régnait chez les adolescents ; le règlement intérieur était très sévère et radical. Les infractions étaient durement punies soit par des mises aux arrêts, soit par des punitions corporelles ou bien par la privation de nourriture. D’ici aussi je tentai à plusieurs reprises de m’enfuir en direction de Wernigerode, mais chaque tentative échoua. A chaque fois la police me ramena au centre et je dus subir les sanctions que j’ai mentionnées à l’instant. Après 6 ans passés au centre d´éducation j’étais au bord du gouffre. C’est la Bundeswehr qui m’a littéralement sauvé.

Le service dans la Bundeswehr

Je me dois de mentionner cette période, car elle fut la plus importante de ma vie à cette date. L’avis d’incorporation fut synonyme de libération pour moi. C’est là que j’ai eu mon véritable premier ami. Dès le début il y eut entre nous des atomes crochus ; je pouvais tout lui raconter sur moi. Jürgen m’a pris au sérieux et m’a accepté comme j’étais. Il m’offrit son aide et son amitié. Jamais auparavant je n’avais rencontré quelqu’un capable de s’intéresser à moi et prêt à devenir mon ami. Pendant deux ans il m’a pris à proprement parler par la main et m’a transmis la confiance, l’assurance, la stabilité et la volonté de vivre. Jürgen a véritablement accompli un travail social avec moi et je ne l’oublie pas.

Premiers indices sur le « Lebensborn »

En 1986, ma mère nourricière me renvoya sans commentaire une lettre de recherche expédiée par l’une de mes sœurs. Elle avait obtenu l’adresse par l’Office de Protection des Mineurs. Dans cette lettre j’appris l’existence d’autres demi-sœurs et demi-frères. Jusque là, je connaissais seulement l’existence d’une sœur née des mêmes parents. Enfant naturelle, elle était née deux ans avant moi, également dans le foyer « Lebensborn » du Harz. Nous avions donc le même père.

En 1945, ma mère s’était mariée et avait eu 4 autres enfants. Lors de ma première rencontre avec 3 de mes demi-frères et sœurs j’appris que j’étais un enfant du « Lebensborn » et que notre mère ne leur avait jamais parlé de mon existence. C’est en fouillant dans la maison qu’ils avaient trouvé des documents qui me concernaient. Interrogée sur mon sujet, ma mère s’était tue tout d’abord, puis avait écarté le sujet en disant que cela ne les regardait pas. C’était le passé et l’on n’en parlait pas. Par la suite, ma sœur réussit à me retrouver avec d’énormes difficultés. C’est ainsi que l’on parvint à cette fameuse rencontre lourde de sens. Mais je n’étais pas encore prêt. En raison de mon passé j’avais encore trop à faire avec moi-même et étais complètement dépassé par cette situation. A cette époque, je ne savais quasiment rien des Lebensborn ; je ne pouvais pas et je ne voulais pas m’y intéresser. Je ne pris pas l’initiative d’autres contacts et me mis en retrait. C’est à partir de 2001 seulement que la situation changea complètement.

Retrouvailles

En septembre 2001, je revis pour la première fois ma mère. Il me fallut de toute évidence attendre d’avoir 57 ans pour faire ce pas. C’est surtout grâce au soutien de ma femme que je pus entreprendre ce voyage vers le passé. Tout d’abord, nous nous rendîmes à l’Etat-Civil où nous apprîmes que ma mère vivait encore. Au service des déclarations domiciliaires nous obtînmes son adresse. Il s’agissait d’une maison de soins pour personnes âgées dans la région. Nous nous y rendîmes le cœur serré. Je m’adressai tout d’abord à une infirmière pour qu’elle me serve d’intermédiaire auprès de ma mère. Elle nous pria d’attendre dans une salle et se rendit auprès de ma mère. A son retour l’infirmière nous indiqua que nous pouvions la voir. Tendus, nous pénétrâmes dans sa chambre. Une femme aux cheveux blancs, aux yeux bien éveillés et scrutateurs était assise devant nous. Nous nous regardâmes silencieusement pendant quelques instants. Sa première phrase fut de dire que je ressemblais exactement à mon père et qu’elle avait d’une manière ou d’une autre toujours attendu ma venue. Je lui répondis alors : « Maman, je ne suis pas venu pour te faire des reproches, mais pour apprendre à te connaître ». (Consciemment j’avais dit « maman » pour libérer la tension qui était en elle). Malgré les questions qui me brûlaient les lèvres nous poursuivîmes la conversation sur des banalités. Aussi, pour ne pas alourdir notre premier contact. Après environ une demi-heure nous nous séparâmes après avoir prévu une excursion pour le lendemain. L’après-midi je vins la chercher et nous nous rendîmes dans café tranquille. Notre conversation avança avec beaucoup de peine. A la question de savoir pourquoi elle avait consenti à mon adoption par le Lebensborn elle répondit seulement qu’à cette époque elle était une jeune mère célibataire avec deux enfants naturels. Son futur mari – ils se sont mariés en mai 1945 – ne voulait pas de moi. De plus, le logement était trop petit et il n’était d’accord que pour un seul enfant. Ensuite, elle confirma qu’après ma naissance je fus conduit avec un transport d’enfants du foyer du Lebensborn vers le foyer de l’ « Association national-socialiste pour le bien-être du peuple » (NSV) de Thale. (Je n’aurais jamais été à l’hôpital de Quedlinburg, contrairement à ce qu’affirmaient mes parents nourriciers.)

Elle s’arrêta à ce moment du récit en disant qu’elle ne pouvait et voulait plus rien raconter. C’était le passé et elle ne voulait plus être confrontée avec lui.

Après ce brusque refus et après avoir pris conscience que la femme assise devant moi était une étrangère (elle est ma mère seulement sur le papier) je changeai de sujet et passai à  mon père. Là aussi, les réponses furent également tout aussi minces. C’était un bel homme, grand aux cheveux blond et aux yeux bleus, de bonne tenue.

Comme policier, il avait servi dans diverses unités tant en Allemagne qu’à l’étranger. Il n’avait jamais raconté en quoi consistaient ses missions, car tout était secret. A ce moment du récit elle s’arrêta définitivement et je sentis vraiment qu’elle se réfugiait derrière un mur de silence. Elle souligna encore qu’elle ne voulait plus entendre parler de ces foyers du Lebensborn et que tout cela était une affaire trop politique pour elle.

Nous échangeâmes encore quelques paroles sans importance et nous repartîmes. Pour moi, il était clair que je n’avais plus rien à attendre d’elle. Je devais entreprendre et réussir seul la recherche de mes racines. Depuis octobre 2001, je poursuis mes recherches.

Les résultats de mes recherches

Mon Père: Le16.04.1918, il s’engagea comme volontaire dans la Wehrmacht ; après 30 mois il rejoignit la police et commença son service à la Préfecture de Police de Rostock. En 1921 ou 1922, il fut muté à Berlin-Spandau. Il se maria à Spandau en 1925 et eut 6 enfants. En 1937, il fut à nouveau muté à Rostock où il fit la connaissance de ma mère qui travaillait également dans la police. Elle avait 20 ans et lui 37 ans. De cette liaison naquirent deux enfants. Le 22.06.1943, il fut envoyé en détachement au Danemark. C’est là-bas qu’il fit le 25.04.1944 la reconnaissance de paternité me concernant. Il a trouvé la mort en 1947.

Je dois encore rechercher quelles furent exactement ses fonctions et ses missions dans la police à Spandau entre les années 1922 et 1930. Il en est de même pour la période 1937-1943 à Rostock. La période allant de mai 1944 jusqu’à la capitulation n’a pas non plus encore été élucidée. Il faudrait aussi mentionner sa surprenante brève adhésion au mouvement NSDAP : De novembre à décembre 1931. En janvier 1932, il le quitte. Son numéro de membre est le 720905.  Son grade le plus élevé dans la police fut celui d’adjudant-chef lorsqu’il était à Berlin-Spandau. Apparemment, il fut dégradé ultérieurement.

Ma Mère: D’après le questionnaire de l’Office Central de la Race et du Peuplement (Rasseund SiedlungsHauptamt) du 04.07.1938 (certifiant qu’elle était de race aryenne) elle travailla de 1933 à 1937 comme employé de bureau au tribunal d’instance de Rostock. A partir de 1930, elle avait rejoint l’organisation des « Jeunes filles », puis automatiquement l’ »Union des Jeunes Filles Allemandes » (BDM). Le 01.09.1937, elle fit sa demande pour entrer au parti NSDAP. Elle resta membre du parti jusqu’à la fin du régime.

De 1937 à mai 1941, elle travailla provisoirement comme auxiliaire de bureau à la Préfecture de Police de Rostock. (Comme je l’ai déjà mentionné, c’est là qu’elle rencontra mon père).

Du 16.09.1939 au 24.05.1941, elle servit volontairement comme auxiliaire des transmissions au sein de la 11ème Compagnie de Réserve des Transmissions Aériennes stationnée à Rostock. Par ailleurs, si l’on en croit sa carte d’identité de service, elle fut chef de bloc aérien du Reich entre 1940 et 1942 à Rostock. (Egalement à titre bénévole ; elle a conservé cette carte d’identité de service). Son numéro de membre du NSDAP est le 4766606.

Pour ses deux grossesses elle s’adressa au centre administratif du Lebensborn à Munich. Après avoir fait la preuve de  son origine aryenne, elle choisit le foyer Lebensborn du Harz.

Un cadeau

J’avais également utilisé l’annuaire téléphonique de l’Allemagne pour poursuivre mes recherches sur les traces de mon père. J’avais relevé toutes les personnes qui portaient le même nom de famille que mon père. J’en avais trouvé 12. J’avais bien les noms et les adresses, mais je ne pouvais pas passer à l’étape suivante. Par peur de me voir opposer une fin de non-recevoir je n’osai pas les appeler.

Une amie m’aida. Grâce à son intervention j’ai pu téléphoner à mon demi-frère du côté paternel pour la première fois le 15.04.2006. Ce fut une conversation agréable, calme et sereine.

Nous nous donnâmes rendez-vous pour le lundi de Pâques chez lui. Deux jours d’attente dans un état de tension extrême. Le rendez-vous était fixé à une sortie d’autoroute, sur le bord d’une route nationale. Nous sortîmes tous les deux de nos voitures et nous nous dirigeâmes l’un vers l’autre. Sa première remarque fut pour dire que ma bouche et mes yeux étaient ressemblants. La voix nouée je le remerciai de son invitation et de sa bonne volonté. J’ajoutai que j’avais enfin trouvé en lui les cinquante pour-cent manquant de mes racines. Main dans la main, nous étions l’un en face de l’autre, nous nous regardions dans les yeux, et puis finalement nous nous serrâmes mutuellement dans les bras. Sur ce, je lui présentai ma femme et nous allâmes chez lui. Son épouse nous attendait déjà avec le café et les gâteaux. Il n’y eut  aucune peur réciproque pour nouer le contact et la conversation se déroula avec intensité dans une ambiance agréable. Plus tard dans la journée, mon frère me raconta qu’il avait côtoyé notre père que jusqu’à l’âge de six ans. A partir de cette date, il avait été continuellement affecté jusqu’à la fin de la guerre à de nouvelles missions, tant en Allemagne qu’à l’étranger. Il n’avait jamais pu savoir où notre père avait été. Il revint à la maison dans les années 1945-1947. Il travailla comme policier dans la région et fut tué en service en mai 1947. Au vu de ces évènements mon frère était incapable de me dire quel homme mon père fut réellement. Ce fut une conversation sérieuse, mais poursuivie avec ménagement. Avant de nous quitter mon frère me fit cadeau d’une photo de notre père en uniforme. Nous nous quittâmes tard le soir en nous promettant de poursuivre et d’intensifier notre relation.

Depuis cette première rencontre nous nous sommes mutuellement rendus visite. A chaque fois cela fut une rencontre agréable animée par des conversations ouvertes et chaleureuses. Nous étions l’un et l’autre sincèrement touchés d’avoir retrouvé un frère. Il me raconta au cours d’une conversation que nos deux frères aînés étaient morts. Le plus âgé avait trouvé la mort dans un accident en 1952 ; le second avait été abattu avec son avion peu avant la fin de la guerre. Il ignorait où cela s’était passé exactement et s’il y avait une tombe. J’ai déjà obtenu les premiers résultats de mes recherches par le « Service de Renseignements de la Wehrmacht» (WASt). S’il existe une tombe nous irons nous recueillir ensemble, tout comme nous l’avons fait aussi sur la tombe de notre père. Ce fut pour moi un moment particulièrement émouvant et bouleversant qui mettait ainsi fin à la recherche de mes racines.

Cette situation particulière gagna en intensité et en valeur grâce à la présence de mon épouse te de ma fille. Je leur suis très reconnaissant pour la force et le soutien qu’elles m’ont apportés Je dois aussi souligner que j’ai ressenti beaucoup plus d’émotions au cours de la rencontre avec mon frère ainsi que lors de notre visite commune au cimetière qu’à l’occasion de ma rencontre avec ma mère. Nous avons été tous les deux saisis par un sentiment d’estime réciproque et de solidarité familiale. Mon frère m’a accepté sans la moindre réserve, ma mère, aujourd’hui comme avant, non.

Les frères et sœurs

Comme dirait un autre enfant du Lebensborn, j’ai moi aussi au cours de ces dernières années « ramasser » les frères et sœurs. Au départ, il y en avait onze : six du côté paternel et cinq du côté maternel. Aujourd’hui, j’ai encore huit frères et sœurs ; avec cinq d’entre eux j’entretiens une bonne et chaleureuse relation. Avec trois de mes sœurs cela n’est malheureusement pas possible pour différentes raisons. Je le regrette beaucoup, mais je dois l’accepter.

La création de l’association, ses objectifs et ses souhaits

Notre association a été créée le 06.11.2005 à Wernigerode au cours de notre troisième rencontre annuelle. Elle porte le nom de « Lebensspuren e.V. ». Nous sommes à la fois un groupe d’intérêts représentant les enfants du « Lebensborn » en Allemagne et une association qui s’engage pour le travail de mémoire historique sur le « Lebensborn ». Son siège est à Wernigerode. Actuellement nous sommes 60 membres ; notre nombre s’accroît légèrement. Nous nous battons aujourd’hui pour acquérir l’ancienne maison des mères, l’un des rares bâtiments originaux du « Lebensborn » en Allemagne. Nous souhaiterions utiliser cette maison comme centre d’information et de consultation. En y intégrant une exposition permanente et nos propres archives, cette maison pourrait aussi servir de lieu de rencontres internationales. La décision est encore en suspens. Nous formons une communauté globale chargée de soutenir les enfants du Lebensborn et leurs proches. L’un des axes principaux de notre travail est l’échange informel d’informations ainsi que le soutien apporté aux membres dans le cadre de leurs recherches. C’est pour cette raison que, parallèlement à nos recherches dans les archives, je travaille sur un nouveau répertoire d’aide. De plus, nous voudrions participer à la création d’un réseau informel avec d’autres associations du même type en Allemagne ou à l’étranger, en particulier avec les associations étrangères d’enfants de la guerre, de la Wehrmacht et du Lebensborn. Dans cet esprit, nous avons déjà noué des contacts avec la Norvège, le Danemark et la France. Nous sommes tous unis  par la recherche commune de nos racines et par l’obligation de contribuer dans le cadre de nos modestes possibilités au travail historique de mémoire sur le régime nazi. Nous, les enfants du Lebensborn, portons dans le cas présent une lourde charge.

Du fait que nos pères furent intégrés en grand nombre dans les unités SS et celles de la police, nous sommes aussi les enfants de coupables et cela fait mal. Nous devons transmettre aussi cette vérité historique aux générations futures pour faire en sorte qu’un tel système inhumain et criminel ne puisse jamais plus s’établir nulle part ailleurs. Mais cela ne pourra être atteint qu’ensemble. C’est pourquoi il est primordial de porter sur les fonds baptismaux le réseau européen des associations et de lui donner vie. Nous avons évoqué la mise en pratique commune de cet objectif fin avril 2007 à l’occasion d’une rencontre informelle. A cette rencontre participaient : Le Service de Renseignements de la Wehrmacht à Berlin (WASt ou Deutsche Dienststelle) qui nous avait reçus, l’association « Fantom e. V. », l’association franco-allemande des enfants de la guerre « Cœurs sans frontières / Herzen ohne Grenzen » et notre association « Lebensspuren e. V. »

Remarque finale

Je voudrais terminer par les paroles d’une Française qui a su formuler avec justesse ce qui touche toute leur vie durant tant les enfants de la guerre, de la Wehrmacht que ceux du Lebensborn.

Je cite :

Le déracinement est de loin la maladie

la plus dangereuse de la société humaine.

Celui qui est déraciné, déracine,

celui qui est enraciné, ne déracine pas.

L’enracinement est peut-être le besoin

le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine.

SIMONE WEIL

(Citation retraduite de l’allemand, non autorisée.)

Merci beaucoup!

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