Gisela HEIDENREICH :

J’ai, avec son accord, obtenu de Gisela que l’édition de ce colloque 2009 soit placée sous son parrainage.

Ton intervention en 2008 avait frappé l’esprit des auditeurs de par la force de ton témoignage d’enfant née dans un Lebensborn ainsi que par la force de l’analyse de la psychologue. Ta pudeur de dire, de développer d’où tu viens, d’où nous venons tu le fais avec retenue mais sans concession. Le mutisme de la salle, lors de ton intervention pour mieux recevoir quasiment religieusement, mieux entendre, nous a profondément bouleversés. Gisela je peux te dire qu’avec toi nous ne sommes pas seuls ! Ton combat continu notre combat continue, nous avons la volonté de lui donner un autre souffle. Pour ce faire nous sommes co-fondateurs avec d’autres pays européens d’un Réseau pour mieux se faire entendre. Ta place est parmi nous, ta place est dans ce Réseau européen que nous construisons pierre après pierre. Puis n’es-tu pas quelque part une Normande ? Ta place est aussi parmi nous dans ce bocage normand.

C’est non seulement l’enfant d’un Lebensborn que j’accueille mais aussi la psychologue, l’écrivain mais par-dessus tout mon amie, l’amie de CSF.

                                                               Au centre : Gisela HEINDENREICH – à droite Dr Georg LILIENTHAL

Dr Georg LILIENTHAL :

Les Lebensborn

 

Je suis très honoré que le Dr Georg Lilienthal est répondu favorablement à mon invitation à deux titres :

  1. Il est l’historien de référence des Lebensborn. En 2007 j’ai eu la prétention de vouloir vulgariser ce sujet qui est une des monstruosités d’Himmler J’ai commencé avec l’association de Lamorlaye qui s’est constituée autour du seul établissement de ce type en France et dont l’existence aura été de courte durée, inauguration en avril 1944, débarquement 6 juin de la même année. J’en profite pour préciser qu’il n’y a eu qu’un  seul Lebensborn sur le sol « dit » français. Certains en revendiquent un second à Colmar il s’agit d’une erreur historique, Colmar étant en Alsace, l’Alsace étant annexée par Hitler nous étions non plus sur le sol dit  français mais allemand. En 2008 j’ai invité 2 « enfants » nés dans des Lebensborn : Gisela Heidenreich qui a développé son témoignage mis en perspective avec le regard de la psychologue et Volker Röder qui nous a délivré un témoignage bouleversant. Cette année il me semblait indispensable que ce fait historique soit remis en perspective par un historien pour compléter les travaux des années précédentes.
  2. Le Dr Lilienthal est également le Directeur du Mémorial Hadamar dans le Land de Hesse. Le Mémorial est dédié aux victimes des crimes  d’euthanasie sous le régime nazi, pendant la période de 1939 à 1945. Pendant cette période environ 200 000 personnes vivant en Allemagne ont été les victimes des crimes d’euthanasie des nazis.

En 1983 les premières salles d’exposition furent ouvertes au public. 1998 création d’une association « Mémorial Hadamar » Le Dr Lilienthal dirige le Mémorial, mais ne dirige pas l’association dont il fait cependant partie.

 

Johannes BORNER :

Endoctrinement de la jeunesse allemande.

C’est avec une grande émotion que je passe la parole à ce Monsieur qui aurait pu être un de nos pères que nous recherchons avec acharnement.

Je salue en vous votre courage, votre honnêteté intellectuelle et morale, de venir témoigner sur un passé qui aura conditionné votre existence. Votre témoignage est pour nous capital. Vous représentez l’autre moitié de nous-mêmes c’est la raison qui m’a poussé à vous demander de bien vouloir venir nous rejoindre aujourd’hui pour témoigner sur un passé qui aura marqué votre adolescence, votre vie. Qui aura très certainement conditionné et bousculé bon nombre de vos actions futures. C’est tout à votre honneur d’avoir accepté cette invitation. Je suis persuadé qu’elle n’a pas dû être facile à prendre cette décision, sachez que nous serons suspendus à vos lèvres car même les rares cas d’enfants de la guerre (3 à Cœurs sans Frontières) qui auront retrouvé leur géniteur n’ont pas pu ou su aborder cette période. Néanmoins combien de questions resteront à tout jamais sans réponse dans nos intellects ? Votre témoignage est d’autant plus précieux qu’il nous apportera des débuts de réponses. Grâce à votre volonté nous pourrons continuer de cheminer sur ce qui devrait devenir le commencement ou la continuation de cette indispensable résilience.

Vous avez avec Gisela 2 points communs, allemand d’origine vous êtes aujourd’hui devenu un « bas normand » et nous sommes fiers de vous accueillir dans ce haut lieu de la Mémoire.

 

 

Stéphane DELOGU

 

« 1933, l’enfant otage politique et militaire du nazisme »

 

Vous n’êtes pas en titre un historien, néanmoins les 2 fois où j’ai eu  le plaisir de vous rencontrer j’ai été frappé par votre passion. Vous êtes un vrai passionné, mais que vaudrait cette passion sans votre connaissance approfondie de cette Seconde Guerre Mondiale? Nous avons abordé bon nombre de sujets concernant cette période, que ce soit politique, militaire. Que ce soit les noms des différents belligérants vous aviez une réponse, la réponse. Je me souviens même vous avoir dit en guise de boutade : « vous êtes une véritable encyclopédie vivante » !

Votre passion, vos connaissances vous avez eu la volonté de vouloir la faire partager aux autres et c’est tout à votre honneur. C’est grâce à votre forum :

« Le monde en guerre » que nous avons pu établir le contact et vous rencontrer. Vous auriez pu vous contenter de l’animation et de l’alimentation de ce forum qui prend déjà beaucoup de temps. Vous avez décidé d’étendre votre diffusion en créant une publication : « Histomag 44 » et rédacteur historique pour   le magazine « Seconde Guerre Mondiale »

Votre forum nous aide beaucoup à résoudre des énigmes qui nous semblent indécodables. Vos réponses nous aident à progresser dans nos recherches et pour tout cela je vous en remercie.

Je tenais particulièrement à faire bénéficier le public de vos connaissances mais aussi à lui donner les références citées ci-dessus qui pourront sans nulle doute les enrichir, voire les aider dans leurs propres recherches.

Gerlinda SWILLEN :         

 

La Belgique libère ses enfants de guerre.

 

Gerlinda est professeur honoraire de l’enseignement de la communauté flamande. Chercheur à l’université libre de Bruxelles qui est totalement indépendante depuis 1968 et a donc son propre nom en néerlandais, correspondant au centre d’Etudes et de Documentation Guerre et sociétés Contemporaines (CEGES).

Nous routes se sont croisées de façon inattendue par un échange épistolaire. Puis  concrètement le  30/10/2009 à Berlin.

Gerlinda se consacre à la création d’une association belge des enfants de la Seconde Guerre Mondiale.

A Berlin elle a rejoint notre Réseau européen dont elle a été élue représentante à différents titres :

  1. En qualité d’enfant de la guerre.
  2. De par sa formation de professeur honoraire.
  3. Elle parle et écrit 4 langues : allemand, français, anglais et italien.
  4. Elle habite Bruxelles et son implantation géographique nous facilitera l’ouverture de portes du Parlement.
  5. Je lui demande de se boucher les oreilles : «  mais aussi pour son charme ».

 

Je suis persuadé que nous avons fait le bon choix tant sur le fond que sur la forme de la fonction qu’elle va devoir occuper.

Je suis ravi de collaborer avec elle au niveau européen, nous avons déjà testé notre niveau de complicité qui semble prêt à affronter les difficultés que nous trouverons sur notre route.

Elle est l’auteur d’un livre, nous devrons attendre sa traduction en français pour y avoir accès. La connaissant un peu je sais qu’elle va rapidement obtenir l’aval de son éditeur pour que la traduction soit faite dans des délais raisonnables.

Je la remercie de nous avoir rejoint entre deux trains car elle devra nous quitter rapidement Bruxelles l’attend.

                                                                                             De gauche à  droite :

                                                                          Monika BENDORF – Jean-Jacques DELORME – Gerlinda  SWILLEN

Monika BENNDORF :

 

Une hollandaise obtient le nom de son père allemand

 

Monika est née 1944 de père allemand aux Pays-Bas et de mère hollandaise. Elle a fait des études universitaires à Utrecht. Elle a réussi à obtenir le nom de famille de son père, ayant appris à 49 ans que celui-ci l’avait reconnue à sa naissance.

Elle habite à Zutphen et collabore au musée de la libération de Groesbeek, petit pendant du Mémorial de Caen. Elle collabore aussi avec le (NIOD) institution à Amsterdam qui étudie la SGM.

Jean MOUCHEL :

 

De l’occupation à l’épuration,  comment l’histoire devient fiction.

 

C’est avec passion que j’ai dévoré les deux livres de M. Jean Mouchel. Hélène « l’héroïne » est tellement crédible, l’histoire est tellement bien narrée, tellement bien décrite, écrite que nous n’évoluons pas dans un monde virtuel. Nous sommes plongés dans cette réalité un peu trop réel pour nous qui l’avons vécu de l’intérieur. Plus j’avançais dans cette lecture passionnante et plus j’étais persuadé que Nicolas (fils d’Hélène) était Jean Mouchel. Dans le pire des cas je me disais que s’il ne l’était pas il avait vécu cette histoire de tellement près qu’il s’en était inspiré. C’est en lui téléphonant que je découvris que c’était totalement faux, il s’agissait bien d’une fiction. La mère Hélène n’était pas sa mère et Nicolas ce n’était pas lui. Une fiction qui ne bascule jamais dans le mélo, le ton est juste, les personnages sont tous crédibles. Le décor, la vie dans ce bocage normand (région de Valognes) j’étais plongé dedans vivant à quelques dizaines de kilomètres de là dans un petit village à proximité de saint LÔ.

Enfants de la Seconde Guerre Mondiale ou pas je vous invite à lire « La robe bleue d’Hélène » puis « le fils d’Hélène » M. Mouchel n’avait pas du tout l’intention d’écrire une suite à la robe bleue, les lecteurs ont tellement aimé, tellement apprécié qu’il a dû reprendre sa plume pour écrire la suite.

Je vous remercie d’avoir à ce point décrit une période et ses acteurs avec autant de fidélité, voire d’affection. Oui vous avez aimé des êtres qui n’existaient que dans votre imaginaire. L’éducation nationale serait bien inspirée de prendre en référence de tels romans pour, non seulement faire des études de textes, mais aborder cette période si douloureuse pour beaucoup des acteurs de l’époque. Les élèves se cultiveraient tout en découvrant une guerre si proche de nous dans le temps et si méconnue des élèves qui passent leur BAC.

Karin TRAPPEL :

 

 

 

 

Etre née de mère autrichienne

et

d’un goumier marocain sous l’occupation française en Autriche.

 

Les parties occupées par la France à partir de 1945 sont le Vorarlberg et le Tyrol.

Je prends la liberté de présenter son témoignage en faisant un parallèle avec nos propres sorts en France vous constaterez très rapidement (hormis le phénomène raciale) que nos sorts sont liés à plusieurs niveaux :

Ø      Née en 1946 elle a été élevée par sa grand-mère.

Ø      Sa mère avait 18 ans.

Ø      Le père était l’occupant, par définition l’ennemi !

Ø      Comme beaucoup d’entre nous elle s’est structurée en ayant comme référents ses grands parents et non ses géniteurs.

Ø      De surcroît d’origine marocaine de par le géniteur, sa vie d’enfant en fut profondément chamboulée son entourage ne se privant pas de lui faire remarquer ou de se moquer de cette peau qui était autre, donc suspecte (…)

Ø      Mariage de la mère, beau-père jaloux avec toutes les conséquences que cela engendre.

Ø      Elle subit le « parianisme » de la famille mais aussi de la société car « enfant historique ». Nous reviendrons sur ce terme et cette définition pour l’intervention de M. Mutombo.

Ø      Vivant en paria de par sa naissance elle avait un « handicap » supplémentaire.  Ce que nous appelons aujourd’hui le délit de faciès. Faciès « typé » dans une société de souche blanche. Ce qui fit d’elle, d’eux des parias à 2 niveaux :

  1. Enfant de l’ennemi.
  2. Enfant de couleur.

Contrairement à nous « enfants de l’occupant allemand » ces parias furent pour un certain nombre le produit de viols. Nous atteignons là un degré insupportable. Furent-ils dénoncés, enregistrés auprès des autorités militaires françaises ? La loi du silence de ces femmes violées fut-elle la plus forte ? Honteuses comme le sont encore certaines victimes qui préfèrent se taire plutôt que de dénoncer leurs agresseurs.

Cette période de l’occupation française en Autriche est mal connue, voire inconnue de la population française. Un nombre très important de « tirailleurs marocains » y stationna. Une chose m’interpelle et me trouble c’est cette connotation raciale. Ces hommes, ces français/marocains se battaient pour l’armée française. Comme si, même dans l’armée qui veut planifier toute hiérarchie sociale, religieuse ou d’appartenance, la hiérarchie raciale était une référence entre le français de souche (blanche) et ceux qui venaient de ses colonies.

Je rends hommage à ces hommes qui ont dû quitter cette douce Autriche pour aller se faire tuer (pour la plupart)  au nom de la France en Indochine.

Clément MUTOMBO :

                                                                                                              A gauche Clément MUTOMBO

 

 

A la recherche du père, l’état des lieux en Autriche

 

  1. Qui est ton père ? La réponse est dans la question !
  2. Je cite M. Mutombo : beaucoup nous ont catalogué « d’enfants de la honte » « d’enfants de la guerre » « d’enfants maudits » voire en ce qui nous concerne nous enfants de mères françaises et de pères allemands « d’enfants de Boches ». Je partage avec lui le rejet de ces différentes terminologies. M. Mutombo a trouvé, ce que nous recherchions nous enfants de la SGM, une définition qui peut nous réunir sans provoquer une réaction épidermique de nos concitoyens, comme l’est la définition «enfants de Boches ». Il résume très bien en  quelques mots notre origine : « des enfants historiques »
  3. Dans son ouvrage un autre mot a retenu particulièrement mon attention. Il y a très peu de différence entre ces enfants nés de l’occupation française en Autriche de père français et de mères autrichiennes. Nos vies sont symétriques. Ce second mot dont je n’ai jamais pris la juste dimension est « PARIA » nos vies prennent forme en une formule « enfants historiques » et les rejets des sociétés en un seul mot : « Parias » L’envie est très forte pour moi de faire ce raccourci nous sommes des : « Parias historiques » La définition de paria est : hors caste, exclus de la société, homme dédaigné, repoussé par les autres hommes. Car nous avions en nous le sang de l’ennemi héréditaire, nous étions la représentativité de la haine. Ennemis du peuple auquel nous étions supposés appartenir nous ne générions que mépris sans avoir les clefs qui nous permettaient d’en prendre la juste dimension.
  4. La situation était encore beaucoup plus complexe, plus raciale pour ces enfants nés de pères français, mais Tirailleurs marocains. Ces soldats combattaient sous le drapeau français, pour des français, comme des français, mais marginalisés par cette connotation raciale « marocains » Le sang qui coulait de leurs veines pour la patrie française restait bien teinté d’une hiérarchie raciale, voire raciste. Leur  sort fut tragique, à savoir que ces combattants sont allés, après la verte et douce Autriche, pour la plupart donner leur vie pour la France en Indochine.
  5. Clément Mutombo est originaire de La République Démocratique du Congo où il a fait une licence en démographie avant de venir étudier la sociologie à l’université de Vienne (maîtrise et doctorat avec mention). Il envisage de passer son habilitation en France pour diriger des recherches.
  6. Clément Mutombo est sociologue universitaire de Vienne. Il a consacré ses travaux aux couples « dominos ». Sa Discipline l’a amené à s’intéresser à ces « enfants historiques » qui avaient dans leurs veines un sang mêlé…
  7. M. Mutombo vient de recevoir des mains de l’ambassadeur de France à Vienne en date du 13 novembre 2009 la « médaille de bronze pour les services rendus à l’association »

Marcel PEIFFER :   

                                                                                                

Jean-Paul Bailliard aurait dû être parmi nous, son âge, son état de santé ne l’ont pas autorisé à faire le voyage Strasbourg Caen aller retour. Il regrettait sincèrement de ne pas être avec nous comprenant l’intérêt du message que je voulais faire transmettre par des contemporains de cette période très douloureuse pour eux. Il m’a mis en rapport avec M. Marcel Peiffer que je remercie de s’être déplacé alors que ce n’était pas très simple pour lui non plus !

Une jeunesse déchirée.

Le terme « malgré-nous » apparaît déjà en 1920 après la Première Guerre mondiale, lorsque d’anciens combattants alsaciens et mosellans de la Grande guerre employèrent cette formule, malgré eux, dans l’armée allemande contre la France.

Quand fut signé l’armistice du 22 juin 1940 le cas de l’Alsace-Lorraine n’était pas évoqué. Ce territoire restait donc juridiquement français, bien qu’il fît partie de la zone militairement occupée par l’Allemagne. Le régime nazi l’annexa de fait en juillet suivant sans en faire la proclamation officielle le gouvernement de Vichy se borna à des protestations secrètes.

Le Gauleiter (chef régional du parti nazi) Robert Wagner, conclut — non sans cynisme — que les jeunes hésitaient à entrer dans l’armée allemande « par peur de leur famille » et qu’ils seraient heureux de s’y voir forcés. Au printemps 1942, à Vinnitsa, il persuada Adolf Hitler, au début fort réticent, d’introduire le service militaire obligatoire en Alsace-Lorraine, ce qui fut fait officiellement le 25 août 1942.

Le service militaire, en temps de guerre, équivalait à être enrôlé et à participer aux combats. La plupart des malgré-nous furent affectés dans la Wehrmacht mais de nombreuses classes furent versées d’autorité dans la Waffen-SS. Au final, 100 000 Alsaciens et 30 000 Mosellans se retrouvèrent principalement sur le front de l’Est, à combattre l’armée de Joseph Staline. Nombre d’entre eux ont cependant vécu les combats en Normandie.

Beaucoup de jeunes gens avaient moins de dix-huit, voire dix-sept ans. Parmi ceux qui ont pu déserter ou se faire faire prisonniers des Alliés occidentaux, un grand nombre se sont enrôlés dans les FFI ou dans l’Armée française de la Libération.

 

 

Gilles PERRAULT :

                                                                              De gauche à droite : Gilles PERRAULT – Jean-Jacques DELORME

La guerre perturbatrice des enfants

Monsieur Perrault parrain/modérateur de la première édition 2007, invité à l’édition 2008  n’a pas pu partager cette journée avec nous pour des raisons personnelles. Je me souviens encore très bien, après en avoir fait l’annonce aux participants, de la réaction unanime du public, puis des murmures. A la pause je fus submergé de questions. Malheureux de votre absence, j’étais heureux de l’engouement que vous suscitiez parmi nos auditeurs et c’est avec une grande joie que je vous accueille pour cette édition 2009. Je ne veux pas trop parler de l’homme car à travers nos entretiens j’ai découvert un homme modeste et je respecte avant tout votre réserve. C’est pourquoi j’ai décidé de m’attarder un peu plus sur votre œuvre.

Vous avez écrit si je ne m’abuse 31 livres de 1961 à 2008. Celui qui a été déterminant pour la suite de votre carrière d’écrivain et pour le grand public a été sans nulle doute « le Pull-over rouge en 1978 » Vous avez refait toute l’enquête et avec votre talent d’avocat, la plaidoirie. J’avoue publiquement que la scène que vous décrivez sur l’exécution de Christain Ranucci m’a laissé dans un état indescriptible. C’est depuis la lecture de cette scène que je suis devenu un militant de l’abolition de la peine de mort.

Un autre livre  a marqué les esprits c’est en 1968 « l’orchestre rouge » pour preuve j’ai tenté de me le procurer en 2007 il était en rupture de stock et je n’ai pu me le procurer que d’occasion (c’est vraiment de l’occasion à un prix supérieur à l’édition originale)

Le dernier 2008 « Checkpoint Charlie », paru chez Fayard est aussi passionnant. Je trouve très réducteur de retenir trois ouvrages sur une bibliographie qui en comporte 31 et je vous prie de bien vouloir m’en excuser.

Quand je vous ai contacté pour la première fois en 2007 votre première réaction a été de me dire : « mais que viendrai-je faire dans ce colloque je ne suis pas historien ! » Non vous ne l’êtes pas. Vous ne pourrez m’empêcher de dire que vous êtes un passionné d’histoire, pour preuve une grande partie de vos ouvrages ont en lien direct avec la guerre, les guerres. J’ose m’exprimer ainsi : Si je devais faire une sélection de vos ouvrages à l’arrivée il n’y aurait que 2 piles :

  1. Une consacrée à l’histoire
  2. Une seconde consacrée à des faits de société.

Ce n’est pas pour ces deux piles que vous êtes parmi nous, mais pour l’ensemble de votre œuvre et permettez-moi de vous dire publiquement que je vous porte une profonde et sincère admiration tant à l’écrivain, qu’à l’homme qui a su mener des combats pour la dignité et le respect de l’humanité.

Dominique WECK-GEOFFRE :

Née d’un couple franco-allemand après la SGM.

 

Dominique m’a spontanément proposé de vous lire un texte dont elle est la rédactrice. Ce texte est une nouvelle très courte, très structurée dont le titre est : « Ich liebe dich »

Histoire d’une jeune fille simple qui partage sa vie entre le commerce de son père et la vie de ses parents. Jusqu’au 15 août fête patronale du village où il y a un bal. Un bal somme toute banal mais comme tous les bals la proximité réserve des surprises…

 

Je trouvais que c’était une belle façon de clôturer cette journée de travaux avant la conclusion de Gisela qui sera le point final de l’édition de la journée du 28 novembre 2009. Fin de la journée ne veut pas dire que nous refermons les portes de l’amphithéâtre jusqu’à l’édition 2010. Nous, nous retrouverons après dîner pour la projection du documentaire  « l’épuration française » d’Emmanuel Hamon, en sa présence à 20 h 45  S’en suivra un débat avec le réalisateur qui je ne doute va susciter des échanges très intéressants entre lui et vous. Ce documentaire m’a apporté bon nombre de réponses et a soulevé après sa projection bon nombre d’interrogations, voire de révoltes. Le documentaire est très bien fait, si bien fait que l’on ne peut le visionner en restant passif.

Emmanuel HAMON :

 

Une épuration française

 

« Un pays qui manque son épuration, manque sa rénovation » Albert camus.

 

Pourquoi a-t-on jugé dans les années 90 des crimes commis pendant la SGM ?

Pourquoi Touvier, Papon, Bousquet n’ont-ils pas été condamnés au cours de la première épuration au sortir de la le SGM ?

Ainsi commence notre documentaire qui souhaite revenir sur ce qu’a été l’épuration pour en comprendre les enjeux et les limites mais aussi le fonctionnement à travers des procès emblématiques.

Images d’archives et témoignages de grands historiens tels que Robert Paxton, Henri Rousso, Anne Simonin, Fabrice Virgili, Olivier Wieviorka et Alice kaplan nous replongent dans cette période tourmentée de l’histoire française.

Voici ce que dit Emmanuel de son documentaire :

C’est cette histoire qui n’en finit pas, cette mémoire qui n’est pas rassasiée que je voulais raconter dans ce film. En plein cœur d’une épuration française, l’idée de mon prochain film m’est apparue à : Maurice Papon ou la trajectoire d’un haut fonctionnaire qui a servi l’Etat sans interruption sous quatre régimes différents de 1930 à 1981.

Une autre manière de traverser à nouveau l’histoire de notre pays de 1930 à nos jours, manière aussi comme me l’a récemment fait remarquer un historien de continuer à parler avec les morts.