Franziska Margot Marlene

Franziska, Margot et Marlene ont assisté à la Conférence scientifique internationale « Les Enfants de L’Occupation en Autriche et en Allemagne » qui s’est tenue à l’académie diplomatique de Vienne le 27 septembre 2012. C’était la première fois qu’une conférence sur ce thème se tenait en Autriche.

Des historiens et autres scientifiques, par exemple des psychosociologues, ont parlé de leurs recherches et ont comblé des lacunes sur ce thème. Ils ont parlé des enfants nés dans les quatre zones d’occupation, américaine, anglaise, russe et française.

Nous avons pu constater que pour tous ces enfants, dans l’ensemble des quatre zones, il est toujours très difficile de trouver leurs pères ou leurs racines. En particulier les enfants de la zone anglaise n’ont pratiquement aucune chance d’obtenir des informations sur les soldats d’Occupation. L’accès aux archives est pratiquement impossible.

Lorsque les premiers enfants de l’occupation, dans les zones américaine et française, sont nés, on ne savait pas comment les “classer”. Pour simplifier, on les a considérés comme Américains ou bien comme Français. Les enfants ont été placés dans des orphelinats, et ensuite, ils ont été adoptés par des familles dans le pays de leur père. Ce qui a eu pour conséquence essentielle que les mères concernées n’ont plus déclaré par la suite le père de leurs enfants, et que de cette façon ces enfants ont pu rester dans leurs familles maternelles.

Le peuple autrichien en revanche a ressenti l’Occupation assez positivement. Cette période a été ainsi perçue parce que les soldats ont été vus comme libérateurs. Ils étaient considérés comme des amis.

La partie de la conférence dédiée à la zone française a naturellement attiré toute notre attention. Prof. Dr. Gries nous a parlé des 550 000 soldats de l’Occupation française, dont 230.000 étaient originaires d’Afrique du Nord. Il nous a également parlé des dossiers des enfants de l’Occupation officiellement enregistrés, dont le nombre varie entre 17.000 et 20.000. Ces dossiers qui étaient autrefois à Colmar sont entreposés aujourd’hui à La Courneuve.

Plus tard, quelques enfants de l’Occupation ont pris la parole et nous ont parlé de leur vie. Parmi eux il y avait Dr. M. Martin, un enfant de l’Occupation française, qui nous a raconté, d’une façon très impressionnante, ses recherches pour trouver son père ou ses racines françaises. Il a également parlé de sa joie lorsqu’il a trouvé sa demi-soeur et a découvert sa “moitié” française.

Prof. Dr. Karner, Directeur de l’Institut Ludwig-Boltzmann en Autriche, a beaucoup regretté le fait que l’accès au plus grand nombre des informations soit bloqué par le “Datenschutz” ( lois sur la protection des données personnelles ) et que ces informations ne puissent pas être transmises aux personnes civiles. ( L’Institut L. Boltzmann s’occupe des recherches sur les conséquences de la guerre).

En résumé, on peut dire que tous les historiens et autres scientifiques s’engagent pour faire mieux connaître, clarifier les conséquences encore trop mal analysées qu’une guerre entraîne et y sensibiliser le public.

Très souvent on a pu entendre des témoignages de cette époque : “ l’Occupation était atroce ou terrible, mais par contre nous avions de bonnes relations individuelles avec les soldats.”

J’ai passé cette journée à Vienne avec deux adhérentes autrichiennes de CSF, et nous avons vécu des heures très intéressantes et enrichissantes. Un grand Merci à tous ceux qui ont participé et qui ont organisé cet événement.

Marlene Märkert

LIEN
Autriche : les «enfants perdus» de l’armée française.

Le programme de la conférence de Vienne

Affiche

 

9H Salutations et ouverture

Dr. Elisabeth Bertagnoli

Directrice adjointe de l’Académie Diplomatique de Vienne

Dr. Barbara Stelzl-Marx

Directrice adjointe de l’Institut Ludwig Boltzmann pour la recherche sur les conséquences de la guerre. Graz – Vienne

Prof. Dr. Silke SatjukoProfesseur d’histoire à l’université de Magdebourg

Prof. Dr. Jan Rydel Réseau Européen Mémoire et solidarité. Varsovie

 

Claudia Lingner

Présidente de la Société Ludwig Boltzmann

 

Prof. Herwig Hösele

Secrétaire général de la Fondation pour l’Avenir de la République d’Autriche

9h30 Conférence Les enfants de l’occupation soviétique

Présidence :Pr. Dr. Lutz Niethammer, Iéna

Dr. Barbara Stelzl-Marx, Graz

Les enfants de l’occupation soviétique en Autriche

Prof. Dr. Silke Satjukow, Magdeburg

Les enfants de l’occupation soviétique en Allemagne

Dr. Philipp Kuwert, Greifswald

Charges psychosociales des enfants de soldats de l’occupation soviétique

Essai de formation d’un concept empirique

Débat

11.00 pause café

11h30 Conférence Les enfants de l’occupation Américaine

Présidence: Pr. Dr. Ingvil C. Mochmann, Cologne

Prof. Dr. Ingrid Bauer, Salzbourg

„Je suis fier d’être un enfant de l‘occupation“: Recherches en histoire contemporaine comme tremplin vers l’estime de soi ?

Prof. Dr. Silke Satjukow, Magdebourg

Les enfants de l’occupation américaine en Allemagne

Dr. Yara-Colette Lemke Muniz de Faria, Berlin

„Comment adopter un enfant de l’occupation allemand ?“ Adoptions transatlantiques d’enfants afro-allemands de l’occupation ( nés d’un père GI noir ) 1946-1960

 

Niko Wahl, Vienne

Enfants oubliés : Adoptions « d’enfants de l’occupation » de couleur en Autriche

Débat

13.00 heure pause déjeuner

14h15 Enfants de l’occupation britannique et française

Présidente: Dr. Sabine Lee, Birmingham

Prof. Dr. Rainer Gries, Vienne – Iéna

Enfants de l’occupation français et britanniques en Allemagne

Prof. Dr. Karin Schmidlechner, Graz

Enfants de l’occupation britanniques en Autriche

Dr. Renate Huber, Bregenz

Enfants de l’occupation français et marocains en Autriche

Phénomène historique et résonance discursive

Dr. Clément Mutombo, Wien

Enfants de l’occupation marocains au Vorarlberg

Débat

15h45 Pause café

16h15 Table ronde avec témoins de l’époque

Président: Prof. Dr. Stefan Karner, Graz

Helmut Köglberger, Altenberg bei Linz

Enfant de l’occupation américaine en Autriche

Ute Baur-Timmerbrink, Berlin

Enfant de l’occupation américaine en Autriche

Lucia Ofner, Judenburg

Enfant de l’occupation britannique en Autriche

Dr. Michael Martin, Landau

Enfant de l’occupation française en Allemagne

Karin Büttner, Weimar

Enfant de l’occupation soviétique en Allemagne

Eleonore Dupuis, Vienne

Enfant de l’occupation soviétique en Autriche

17h30 Conclusion

Prof. Dr. Jan Rydel

Réseau européen Mémoire et solidarité

Prof. Dr. Silke Satjukow

Université de Magdebourg

Dr. Barbara Stelzl-Marx

Institut Ludwig Boltzmann pour la recherche sur les séquelles de la guerre Graz – Vienne

Thème

Après la deuxième guerre mondiale, des « enfants de l’occupation » vinrent au monde suite à des relations sexuelles consenties entre des jeunes femmes indigènes et des occupants, mais aussi suite à des viols. Ils passaient pour des » enfants de l’ennemi », bien que juridiquement leurs pères n’étaient plus des ennemis et subissaient -ainsi que leurs mères – différentes formes de discrimination. Par exemple, les enfants de soldats soviétiques et de soldats français  » de couleur », ou de GIs noirs constituaient par leur existence même un prétexte à l’expression des préjugés raciaux, idéologiques et moraux, ce qui représentait d’une certaine façon une prolongation de la propagande nazie.

Selon la politique de Staline les mariages entre soldats soviétiques et femmes autrichiennes ou allemandes étaient pratiquement exclus. La plupart des soldats étaient aussitôt renvoyés en URSS dès qu’une telle liaison était connue. Des dizaines d’années durant un contact était quasiment impossible. Mais dans les zones d’occupation occidentales aussi, dans lesquelles les mariages entre femmes indigènes et soldats d’occupation furent permis après la levée de l’interdiction de fraterniser, la majorité des enfants de l’occupation grandit comme une génération sans père. Sans allocations beaucoup de ces familles « incomplètes » vivaient dans les pires conditions financières.

Chez un grand nombre d’enfants de l’occupation les conséquences des expériences psychiques et psychosociales négatives se remarquent encore aujourd’hui. La proscription sociale – ou la peur de cette proscription- dans l’entourage proche est parfois encore aujourd’hui sensible comme autrefois. De plus les intéressés sont environnés d’interdictions, de dissimulations et de mensonges. C’est particulièrement douloureux, quand peu, si ce n’est rien n’est connu du père. La quête du père est pour beaucoup de ces personnes un enjeu durant toute leur vie.

Dans le cadre du colloque, une vue d’ensemble de la situation des enfants de l’occupation dans les différentes zones d’occupation d’Autriche et d’Allemagne sera d’abord donnée, ensuite de leur socialisation, de leurs conditions d’existence, et ultérieurement de leurs biographies. Le rôle des sociétés (d’après guerre) est pris en compte, comme celui des (anciennes) puissances occupantes. Cette méticuleuse recherche de traces doit rendre enfin public ce sujet dissimulé jusqu’à aujourd’hui de façon multiple, et se propose de combler une lacune dans la recherche historique contemporaine.