En début de cette journée du 27 juin 2009, par un temps particulièrement estival, s’étaient donné rendez-vous dans un café du Marais, à deux pas de la Maison de l’Europe : Muriel, Françoise, Nafissa, José, Chantal, Jacques, Bruno, Jean, Jean-Louis, Michel et Jean-Jacques. Nous étions dans ce quartier historique pour mieux se connaître, mieux se raconter m ais aussi préparer la fête franco-allemande à laquelle nous étions conviés. Nous allions pouvoir évoluer en parfaite symbiose avec notre origine dans un établissement dédié à l’Europe.

Cette fête est l’investissement de Clemens, un germano-français travaillant et vivant sur le sol français avec sa petite famille. Cet homme cultivé, organisateur, animateur et modérateur de cette manifestation aime profondément ses deux pays l’Allemagne où il est né et cette France dans laquelle il a fondé sa famille et où il vit. Pour avoir échangé avec lui je suis en mesure, sans prendre beaucoup de risques, d’affirmer qu’il n’est pas binational, mais germano-français au sens noble du terme. Il aura su se structurer, se construire et s’enrichir de ses deux nationalités pour devenir un fervent partisan d’une Europe plus grande, plus forte dont les deux piliers sont nos deux nations. L’Europe s’est construite avec la volonté farouche de deux pays qui se sont détestés, déchirés, ruinés par la haine et la soif de revanche perpétrées par les guerres de 1870, 1914/1918 et 1939/1945. Nous avons rejoint cet homme qui milite avec toutes ses forces pour une Europe plurielle. Une Europe plus forte pour affronter les décennies qui l’attendent. Une Europe solidaire. Une Europe économique et sociale. Une Europe culturelle qui reste entièrement à définir en donnant aux artistes des différents états membres les moyens de s’exprimer. La fédération de cette grande Europe se fera avec des manifestations de ce type. Des manifestations citoyennes où le brassage de toutes les cultures l’emportera sur les beaux discours.

J’entends les sempiternels détracteurs tentant de réduire cette manifestation à de la bière et de la choucroute. Oui il y avait de la bière (très bonne) et de la choucroute qui ne l’était pas moins ! Nous aurions pu y trouver de la baguette, du saucisson et du vin rouge… Ce serait ridicule de réduire ce subtil mélange de convivialité et de culture à une préférence culinaire. Cette fête s’est déroulée dans la cour d’un ancien hôtel particulier de la rue des Francs-Bourgeois. Ce n’était pas dans un vase clos ! Les portes grandes ouvertes sur la rue offraient le choix à chaque badaud passant sur le trottoir de venir regarder, écouter, partager ou tout simplement profiter des bons produits qui agrémentaient la fête. C’est un parfait équilibre de culture, de partage, de témoignage et de dégustation alimentaire dans un grand élan de fraternité. Les participants étaient français ou allemands de souche. Il y avait des allemands acteurs de la vie française. Il y avait des français acteurs de la vie allemande. Il y avait des couples franco-allemands. Toutes les générations étaient confondues. De personnes très âgées à de jeunes enfants en passant par les enfants nés de pères allemands et de mères françaises pendant la Seconde Guerre mondiale heureux de pouvoir, sur leur sol de souche, faire la fête. C’était aussi notre fête, nos deux moitiés ont pu s’exprimer, loin de nous cette honte qui aura stigmatisé nos vies. Nous étions ce que nous aurions toujours du être, des enfants de l’amour nés dans un contexte dont l’homme à l’horrible secret. Oubliée cette origine, nous étions nous ! Evoluant entre la langue de Molière et celle de Goethe qui nous a été inaccessible. Si nous, nous décidions de l’apprendre notre seconde langue, ne serait-ce pas le début de la résilience ? Car avec ou sans retrouvailles nous sommes des franco-allemands et fiers d’être des précurseurs de l’Europe. Nos combats auront eu la particularité de nous donner la force de mener notre action jusqu’à la fin de nos existences pour le rapprochement et l’unité des peuples.
Ce 27 juin Clemens nous aura donné la possibilité de franchir une nouvelle étape. Etape européenne mais aussi humaine nous aidant à transcender nos parcours pour mieux entreprendre ce chemin de la résilience pour nous présents, mais surtout pour mettre cet acquis au services des autres, ceux qui n’ont pas eu notre chance. Nous allons devoir entreprendre ce travail de pardon pour achever notre structuration et franchir ensemble une nouvelle étape. Alors aurons-nous encore assez de temps pour tendre la main à tous les enfants de toutes les guerres ! A commencer par celles qui nous sont proches dans le temps et humainement (Voire AFN)

Une si grande fête, une si grande rencontre, avec la complicité de Clémens méritait bien qu’elle se déroule sous un soleil magnifique. Clémens je veux t’écrire simplement que tu étais à la hauteur de l’événement, ce soleil sur nos têtes était aussi dans celles-ci et dans nos cœurs « sans frontières »

Le président.

Jean-Jacques DELORME.

 

Le programme des festivités :

  •  » Corinne Douarre a su, une fois de plus, nous faire ressentir ce qui nous est cher: l’entente avec l’Autre. Elle est une impressionniste de la tonalité humaine et évoque avec beaucoup de sensibilité la complexité entre Français et Allemands, hommes et femmes… Rendez-vous sur son site et achetez ses albums ! (Elle vous fera une dédicace !)
  •  » L’association Cœurs sans frontières nous a fait vibrer à travers des témoignages d’enfants de la guerre: Jean-Jacques Delorme le président a déjà réuni plusieurs dizaines de familles franco-allemandes 60 ans après. Il a, de plus, le talent de capter un public et on aimerait qu’il ne cesse de nous conter les anecdotes de ce travail de détective tout comme les moments de bonheur.
  •  » La compagnie Après nous, le déluge nous a fait d’abord rire et puis enchantés avec un extrait de leur pièce de Frank Wedekind – et adaptée à notre cadre de fête. Allez voir la pièce A la Folie Théâtre (11ème) et avec le mot de passe « bretzel » vous avez même des places à 50%.
  •  » Béatrice Angrand, la nouvelle secrétaire générale de l’office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) nous a encouragés à suivre l’exemple de tant de jeunes français et allemands à participer à des échanges.
  •  » Nous étions tout particulièrement touchés par la visite d’une délégation de la Bayerische Staatskanzlei, réunie autour de Dr. Paul Fischer, dont les membres ont été très sensibles à notre « Biergarten mitten in Paris ».
  •  » Des animations linguistiques ainsi qu’une Bundesländer-Rallye pour les enfants ont été animés par l’OFAJ et petits, jeunes et moins jeunes se sont pris au jeu.