Les enfants franco-allemands de la Seconde Guerre mondiale

Allocution Gwendoline Cicottini, doctorante.
6 mai 2017 – Réunion CSF-HOG à Sasbach

Merci pour l’invitation, je suis très heureuse d’être ici, je pense que certains d’entre vous me connaissent, mais je vais me représenter rapidement : je suis Gwendoline Cicottini, doctorante en histoire, et je travaille sur la thématique des enfants franco-allemands de la Seconde Guerre mondiale, qui sont nés en Allemagne de pères français et de mères allemandes. J’ai commencé ma thèse en octobre dernier, cela va donc encore durer un moment, mais j’ai également écrit mon mémoire de master à ce sujet, c’est pourquoi je suis occupée avec ce sujet depuis déjà quelques années.

Pour l’instant, je travaille avec des archives, principalement en Allemagne dans différentes régions. Les actes que je trouve le plus sont des actes qui concernent des condamnations de femmes allemandes ayant eu des relations avec des prisonniers de guerre, mais aussi des archives du gouvernement lui-même qui décrit la manière dont on doit se comporter avec des étrangers etc… je vais aussi devoir chercher à Paris des archives concernant les français. Ce que j’essaye de faire, c’est d’analyser comment ces relations sont nées, et de manière concrète, comment et où ont-elles eu lieu, où les femmes allemandes et les français se rencontraient, à quelles occasions etc. Cela diffère évidemment selon le contexte : pendant la guerre ou pendant l’occupation française en Allemagne. Si vous avez des questions sur mon travail plus en détail, nous pourrons en discuter après.

Aujourd’hui, je voulais surtout parler de l’importance de vos témoignages. Je trouve que dans les archives on peut trouver beaucoup de documents, surtout concernant les « parents », mais c’est très difficile d’en trouver qui concernent directement les enfants de la guerre, et en fait, les archives ce sont vous, et dans 30 ans ces archives, c’est à dire vos témoignages seront perdus. Donc je trouve très important de sauver cela avant qu’il ne soit trop tard. Vous avez tous des histoires singulières, des cas particuliers, très différents, parfois joyeux, ou parfois tristes, mais en tout cas uniques.

L’histoire ne s’écrit pas seulement avec des dates et des faits, mais se laisse reconstruire avec des événements, bien entendu, mais aussi des témoignages, des souvenirs etc. et avec les archives bien sûr, mais ce qu’on appelle « l’histoire orale » est je pense très importante, c’est pourquoi je suis très contente de travailler sur un tel sujet.

Si vous êtes là, à cette rencontre, c’est que c’est important pour vous d’être dans une association, de pouvoir échanger, raconter votre histoire. L’historien est là pour transmettre cette histoire, ce sujet aujourd’hui est relativement présent dans la recherche, surtout en Allemagne.

J’ai participé en juin 2015 à un colloque à Hanovre, qui parlait des enfants de guerre, en général, donc de différentes disciplines, différentes époques : depuis vous, les enfants de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’aux enfants nés du conflit rwandais, ou encore de la guerre en Bosnie Herzégovine. On voit ici que ce n’est pas seulement quelque chose qui s’est passé il y a 70 ans, mais un phénomène qui s’est produit de nombreuses fois dans le monde entier, et qui malheureusement, peut se reproduire à l’avenir.

Écrire l’Histoire à ce sujet, essayer d’intéresser les gens, est une façon de faire prendre conscience aux prochaines générations de ce qui s’est passé. Je ne dis pas que je vais changer le monde avec mon travail, mais cela permet de montrer une histoire, des événements et de rappeler que les relations franco-allemandes ont aussi d’une certaine façon débuté comme cela.
Merci beaucoup de votre attention.

Gwendoline Cicottini
Sasabach 2017