Léo, Manfred et Huguette

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Léo, Manfred et Huguette

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Un article de Niklas Mönch

paru le 26 novembre 2026

Enfants de la guerre en quête d’identité

En France, entre 1941 et 1945, environ 200 000 enfants seraient nés d’une union entre une Française et un soldat allemand. La recherche de leurs origines, souvent douloureuse, se heurte au silence des familles et au difficile accès aux archives.

Ein Artikel von Niklas Mönch,

erschienen am 26. November 2026

Kriegskinder auf der Suche nach ihrer Identität

In Frankreich wurden zwischen 1941 und 1945 schätzungsweise 200.000 Kinder aus einer Verbindung zwischen einer Französin und einem deutschen Soldaten geboren. Die oft schmerzhafte Suche nach ihren Wurzeln wird durch das Schweigen der Familien und dem schwierigen Zugang zu den Archiven erschwert.

Léo

Ce jour, Léo Bernard l’attendait depuis des années. C’est ici, dans cet hôtel aux briques rouges du centre-ville de Cologne (Allemagne), que s’achève la recherche de toute une vie. Ce 11 mars 2023, l’octogénaire s’apprête à enfin rencontrer, pour la première fois, une personne liée à son histoire familiale en Allemagne.

La pièce manquante d’une histoire longtemps inconnue. Pour l’occasion, l’ancien garagiste a enfilé une veste en tweed. Il est un peu nerveux. Jusque-là, il n’a échangé avec sa cousine par alliance que par écrit. Quand Ursula Van Broek-Schröder entre dans le lobby de l’hôtel, elle lui ouvre grand les bras.  « Au bout de quatre-vingts ans! Je vous reconnais grâce à la photo», se réjouit Léo Bernard. Les deux cousins se tombent dans les bras comme s’ils se connaissaient depuis des années. «Je suis le reste de notre famille », s’exclame-t-elle, souriante. Elle est la nièce de la première femme de son père, un soldat allemand.
Léo

Léo

Léo et sa cousine à Kôln

Léo et sa cousine à Köln Leo und seine Cousine in Köln

Léo

Auf diesen Tag hatte Léo Bernard jahrelang gewartet. Hier, in diesem Hotel aus rotem Backstein im Zentrum von Köln (Deutschland), findet die Suche seines ganzen Lebens ihr Ende.  Am 11. März 2023 trifft der Achtzigjährige endlich zum ersten Mal eine Person, die mit seiner Familiengeschichte in Deutschland verbunden ist.

Das fehlende Puzzlestück einer langen unbekannten Geschichte. Zu diesem Anlass trägt der ehemalige Besitzer einer Autowerkstatt eine Tweedjacke. Er ist sehr nervös. Bis dahin hatte er mit seiner Cousine nur schriftlich Kontakt gehabt. Als Ursula Van Broek-Schröder die Hotellobby betritt, empfängt sie ihn mit offenen Armen. „Nach achtzig Jahren! Ich erkenne Sie auf dem Foto wieder“, freut sich Léo Bernard. Die beiden Cousins umarmen sich, als würden sie sich schon seit Jahren kennen. „Ich bin der Rest unserer Familie“, ruft sie lächelnd. Sie ist die Nichte der ersten Frau seines Vaters, eines deutschen Soldaten.
Léo Bernard est l’un des nombreux enfants nés d’une union entre une Française et un soldat allemand entre 1941 et 1945, souvent appelés « enfants de l’ombre » ou, pire encore, «de la honte». En France, leur nombre est estimé à 200.000. Longtemps, leur histoire a été un tabou, d’abord dans la société, mais aussi dans les familles. Ces enfants représentaient une preuve vivante de la collaboration et donc d’un malaise qu’on préférait taire.
Léo Bernard ist eines von vielen Kindern, die zwischen 1941 und 1945 aus einer Verbindung zwischen einer Französin und einem deutschen Soldaten hervorgegangen sind und die oft als „Schattenkinder” oder, schlimmer noch, als „Kinder der Schande” bezeichnet wurden. In Frankreich wird ihre Zahl auf 200.000 geschätzt. Lange Zeit war ihre Geschichte ein Tabu. Zunächst in der Gesellschaft, aber auch in den Familien. Diese Kinder waren ein lebender Beweis für die Kollaboration und damit für ein Unbehagen, über das man lieber schwieg.
Dans une lettre, Léo Bernard a raconté à Ursula sa quête d’identité. Né en 1943 à Dijon, orphelin dès sa petite enfance, il change de famille d’accueil plusieurs fois et grandit dans des conditions très précaires. Enfermé par la femme qui l’héberge, il ne va pas à l’école. Le jour où il rejoint enfin une autre famille d’accueil, il est scolarisé. Les moqueries ne tardent pas: des camarades de classe lui disent qu’il serait le fils d’un moins que rien. Il s’en souvient encore en détail, plus de six décennies plus tard. «On s’y habitue.» En grandissant, il obtient son certificat d’études, se marie et devient garagiste en région parisienne. Mais les questions demeurent: Qui sont mes parents? Quelles sont mes origines? D’où viens-je?
In einem Brief erzählte Léo Bernard Ursula von der Suche nach seiner Identität. Er wurde 1943 in Dijon geboren, war schon seit frühester Kindheit Waise, wechselte mehrmals die Pflegefamilien und wuchs unter sehr prekären Bedingungen auf. Von der Frau, die ihn aufgenommen hatte, eingesperrt, ging er nicht zur Schule. Als er endlich zu einer anderen Pflegefamilie kam, wurde er eingeschult. Es dauerte nicht lange, bis er verspottet wurde: Klassenkameraden sagten ihm, er sei der Sohn eines Niemands. Auch mehr als sechs Jahrzehnte später erinnert er sich noch genau daran. „Man gewöhnt sich daran.“ Als Erwachsener erlangt er seinen Schulabschluss, heiratet und wird Automechaniker in der Nähe von Paris. Aber die Fragen bleiben: Wer sind meine Eltern? Wo liegen meine Wurzeln? Woher komme ich?

DOSSIER CLASSÉ CONFIDENTIEL .

Pour en avoir le cœur net, Léo Bernard réclame, en 1978, son dossier aux archives de la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass). «On m’a dit: « On ne vous dira rien. Jamais vous ne connaîtrez votre véritable identité. Jamais vous ne saurez ce qu’il s’est passé »», se souvient-il. Son dossier est classé confidentiel et secret par les autorités françaises. Ces dossiers ne deviennent librement consultables qu’au bout de soixante-quinze ans, à compter du dernier document qui y est versé.

VERTRAULICHE AKTE.

Um sich Klarheit zu verschaffen, beantragt Léo Bernard 1978 seine Akte beim Archiv der Departementsdirektion für Gesundheit und Soziales (Ddass). „Man sagte mir: ‚Wir werden Ihnen nichts sagen. Sie werden niemals Ihre wahre Identität erfahren. Sie werden niemals erfahren, was geschehen ist‘“, erinnert er sich. Seine Akte wurde von den französischen Behörden als vertraulich und geheim eingestuft. Diese Akten können erst nach Ablauf von 75 Jahren ab dem Datum des letzten darin enthaltenen Dokuments frei eingesehen werden.

Lorsqu’il renouvelle sa demande, en 2012, il reçoit un appel de l’agence départementale de la Côte-d’Or. « La dame m’a dit qu’elle n’allait pas transmettre le dossier aux archives de la Ddass dans les Yvelines et qu’elle avait envie de me connaître. » Touchée par son histoire, l’agente des services sociaux décide de le laisser accéder à son dossier, malgré l’interdiction. À travers des lettres interceptées par la Ddass, il découvre la vérité: il est le fils d’un soldat allemand et d’une Française.
Als er 2012 seinen Antrag erneut stellte, erhielt er einen Anruf von der Departementsbehörde der Côte-d’Or. „Die Dame sagte mir, dass sie die Akte nicht an das Archiv der Ddass in Yvelines weiterleiten würde und dass sie mich kennenlernen möchte. “ Die Sozialarbeiterin war von seiner Geschichte so bewegt, dass sie ihm trotz des Verbots Zugang zu seiner Akte gewährte. Durch Briefe, die von der Ddass abgefangen worden waren, erfuhr er die Wahrheit: Er war der Sohn eines deutschen Soldaten und einer Französin.
Léo Bernard apprend qu’après la Libération sa mère suit son père en Allemagne. Ses parents le confient alors à une nourrice. Mais l’Assistance publique le replace quelques mois plus tard dans un village, à 80 kilomètres de Dijon, pour que personne ne puisse le retrouver dans cette France d’après-guerre craignant l’hémorragie démographique. «J’espère qu’il est toujours en bonne santé et chez vous. (…) J’attends le jour où je pourrai reprendre mon fils », écrit son père à la nourrice de Léo Bernard, en 1946. Des mots restés sans réponse. Sa mère, elle, est rentrée en France la même année et a cherché à le retrouver, en vain.
Léo Bernard erfährt, dass seine Mutter, nach der Befreiung, seinem Vater nach Deutschland folgte. Seine Eltern geben ihn in die Obhut einer Amme. Doch die Sozialhilfe bringt ihn einige Monate später in ein Dorf, 80 Kilometer von Dijon entfernt, damit ihn im Nachkriegsfrankreich, das einen Bevölkerungsrückgang befürchtet, niemand finden kann. „Ich hoffe, dass es ihm weiterhin gut geht und er bei Ihnen ist. (…) Ich warte auf den Tag, an dem ich meinen Sohn wieder zu mir holen kann”, schreibt sein Vater 1946 an die Amme von Léo Bernard. Diese Worte blieben unbeantwortet. Seine Mutter kehrte im selben Jahr nach Frankreich zurück und suchte vergeblich nach ihm.
Pour retrouver la trace de ses parents et, surtout, de ce qu’il reste de sa famille après quatre-vingts ans, Léo Bernard fait appel, en 2012, à une association des enfants franco-allemands de la guerre, Cœurs sans frontières. Tout ce dont il dispose pour remonter leur piste est une adresse manuscrite, glissée en bas d’une lettre du dossier: « Frau Schmidt [« madame Schmidt »], Cologne, Gladbacher Strasse 8, Deutschland. » Son enquête durera plus de dix ans.
Um seine Eltern und vor allem die übrige Familie nach achtzig Jahren wiederzufinden, wendet sich Léo Bernard 2012 an den deutsch-französischen Kriegskinderverein, „Cœurs sans frontières“. Alles, was er hat, um ihre Spur zu finden, ist eine handschriftliche Adresse, die unten auf einem Brief in der Akte steht: „Frau Schmidt, Köln, Gladbacher Straße 8, Deutschland“. Seine Suche dauert mehr als zehn Jahre
«Des Madame Schmidt à Cologne, il y en a beaucoup à cette époque », reconnaît Frank Wendt, un historien amateur très impliqué dans l’association, que l’on rencontre dans un café à Karlsruhe, en Allemagne. Cet ancien fonctionnaire de la poste allemande a réussi à réunir six familles, dont celle de Léo Bernard, grâce à d’innombrables échanges avec les administrations, archives et municipalités.
„Damals gab es in Köln viele Frau Schmidts“, räumt Frank Wendt ein. Er ist ein Amateurhistoriker, der sich sehr für den Verein engagiert und den wir in einem Café in Karlsruhe treffen. Dem ehemaligen Beamten der Deutschen Post ist es dank unzähliger Kontakte zu Behörden, Archiven und Gemeinden gelungen, sechs Familien zusammenzuführen, darunter auch die von Léo Bernard.
«Une nuit, à 2 h 30 du matin, j’ai franchi le cap. J’ai retrouvé l’identité de Frau Schmidt en comparant les pages jaunes et les actes de décès de l’époque », se souvient-il. Il s’agissait de la première femme du père de Léo Bernard, chez qui lui et sa nouvelle conjointe française avaient trouvé refuge après la guerre. A la suite de cette découverte, Frank Wendt a pu contacter Ursula, la cousine par alliance de Léo.
„Eines Nachts, um 2:30 Uhr morgens, habe ich den Durchbruch geschafft. Ich habe die Identität von Frau Schmidt herausgefunden, indem ich die Gelben Seiten und die Sterbeurkunden aus dieser Zeit verglichen habe“, erinnert er sich. Es handelte sich um die erste Frau des Vaters von Léo Bernard, bei der er und seine neue französische Partnerin nach dem Krieg Zuflucht gefunden hatten.
Aujourd’hui, plusieurs photos de famille reposent sur la commode du salon des Bernard à Hardricourt (Yvelines). Grâce à Ursula, l’octogénaire a tiré le fil : il a pris contact avec la fille de sa demi-sœur allemande, dont il ignorait l’existence. Leur réunion de famille est immortalisée sur plusieurs clichés.
Heute stehen mehrere Familienfotos auf der Kommode im Wohnzimmer der Bernards in Hardricourt (Yvelines). Dank Ursula kam der Achtzigjährige auf eine neue Spur: Er nahm Kontakt zur Tochter seiner deutschen Halbschwester auf, von deren Existenz er nichts gewusst hatte. Ihr Familientreffen wurde auf mehreren Fotos verewigt.
A travers le dossier de sa mère, Léo apprend qu’elle a été mariée avant la guerre, qu’elle eut trois enfants avant lui. Elle est décédée en 1963. En Allemagne, plus personne n’est là pour témoigner de la vie du père de Léo. Lui aussi a été marié avant la guerre, lui aussi a eu trois enfants avant de divorcer. Monika, sa petite-fille, a retrouvé une coupure d’un journal local indiquant qu’il a été ingénieur. En 1978, il est mort à Brême, où il est inhumé. L’histoire de Léo Bernard reste une exception. Selon Frank Wendt, la majorité des recherches n’aboutissent pas. Depuis la création de Cœurs sans frontières, en 2005, seuls 100 pères environ ont pu être identifiés.
Aus den Unterlagen seiner Mutter erfährt Léo, dass sie vor dem Krieg verheiratet war und vor ihm drei Kinder hatte. Sie starb 1963. In Deutschland gibt es niemanden mehr, der über das Leben von Léos Vater berichten könnte. Auch er war vor dem Krieg verheiratet und hatte drei Kinder, bevor er sich scheiden ließ. Seine Enkelin Monika fand einen Zeitungsausschnitt aus einer Lokalzeitung, woraus hervorging, dass er Ingenieur war. Er starb 1978 in Bremen, wo er auch begraben wurde. Die Geschichte von Léo Bernard bleibt eine Ausnahme. Laut Frank Wendt sind die meisten Recherchen erfolglos. Seit der Gründung von „Cœurs sans frontières“ im Jahr 2005 konnten nur etwa 100 Väter identifiziert werden.

Manfred Zisch

Après la guerre, beaucoup de soldats français ont eux aussi laissé derrière eux des enfants dans les zones occupées en Allemagne. Dont le père de Manfred Zisch. Quand ce retraité aux cheveux blancs se balade à Dreis, un petit village proche de la frontière luxembourgeoise, les émotions montent. C’est ici qu’une compagnie de l’armée française avait été stationnée au printemps et à l’été 1945. C’est ici que ses parents se sont rencontrés. Lui aussi est orphelin. Né en 1946, quelques mois après le départ des troupes françaises, il perd sa mère à l’âge de 2 ans. Il grandit ensuite chez ses grands-parents. A l’école, il est souvent harcelé. A 8 ans, un camarade de classe lui lance lors d’une dispute: « Franzosenkind [enfant de Français]. » Mais dans sa famille, l’omerta règne. Seule sa tante lui confie un jour: « Tu imagines un peu le scandale, à l’époque, quand ta mère est tombée enceinte d’un Français ? C’était un vrai drame.»

Manfred Zisch

Nach dem Krieg ließen auch viele französische Soldaten Kinder in den besetzten Gebieten Deutschlands zurück. Darunter auch der Vater von Manfred Zisch. Wenn der weißhaarige Rentner durch Dreis, ein kleines Dorf nahe der luxemburgischen Grenze, spaziert, kommen Emotionen hoch. Hier war im Frühjahr und Sommer 1945 eine Kompanie der französischen Armee stationiert. Hier haben sich seine Eltern kennengelernt. Auch er ist Waise. Er wurde 1946, wenige Monate nach dem Abzug der französischen Truppen, geboren und verlor seine Mutter im Alter von zwei Jahren. Er wuchs bei seinen Großeltern auf. In der Schule wurde er oft schikaniert. Als er acht Jahre alt war, rief ihm ein Klassenkamerad während eines Streits zu: „Franzosenkind“. Aber in seiner Familie herrscht Schweigen. Nur seine Tante vertraut ihm eines Tages an: „Kannst du dir vorstellen, was für ein Skandal es damals war, als deine Mutter von einem Franzosen schwanger wurde? Das war ein echtes Drama.“

En six mois, il remonte sa trace. Mais il est déjà trop tard. Au cimetière de Mondeville (Calvados), une pierre tombale en granit aux reflets mouchetés porte l’inscription: Claude Motin, 1923-2009. «Je fais mes recherches depuis 1970. J’ai fait des demandes auprès de l’Etat français. Mais la France ne donne aucune information », se désole Manfred Zisch. En France, les documents personnels militaires sont accessibles quatre-vingt-dix ans à compter du dernier document versé au dossier ou vingt-cinq ans après le décès; les documents classifiés, après au moins cinquante ans. «Ça me met en colère, expose-t-il. Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas aider quelqu’un qui cherche ses origines.»
Innerhalb von sechs Monaten findet er seine Spur. Aber es ist bereits zu spät. Auf dem Friedhof von Mondeville (Calvados) trägt ein Granitgrabstein mit gesprenkelten Reflexen die Inschrift: Claude Motin, 1923-2009. „Ich recherchiere seit 1970. Ich habe Anfragen an den französischen Staat gestellt. Aber Frankreich gibt keine Informationen heraus”, beklagt Manfred Zisch. In Frankreich sind persönliche Militärunterlagen neunzig Jahre nach der letzten Eintragung in die Akte oder fünfundzwanzig Jahre nach dem Tod zugänglich; geheime Dokumente erst nach mindestens fünfzig Jahren. „Das macht mich wütend”, erklärt er. „Ich verstehe nicht, warum man jemandem, der nach seinen Wurzeln sucht, nicht helfen kann.”
Après avoir travaillé à La Villette, Claude Motin est retourné à Caen, sa ville natale. Il y a ouvert une boucherie, puis a passé les dernières années de sa vie à l’Ehpad. Son fils s’y est rendu avec sa femme, en 2024. Un voyage aussi émouvant qu’éprouvant. Une soignante se souvenait de lui, l’a décrit comme sympathique, mais l’échange s’est arrêté là. Secret professionnel. Manfred Zisch aurait aimé prendre la nationalité française. Mais, contrairement à l’Allemagne, qui, depuis 2009, reconnaît la nationalité des enfants franco-allemands nés pendant la guerre, la France continue de la leur refuser. Las d’une vie vouée à retrouver ses origines, Manfred Zisch a cessé ce combat.
Nachdem er in La Villette gearbeitet hatte, kehrte Claude Motin in seine Heimatstadt Caen zurück. Dort eröffnete er eine Metzgerei und verbrachte die letzten Jahre seines Lebens in einem Pflegeheim. Sein Sohn fuhr 2024 zusammen mit seiner Frau dorthin. Eine ebenso bewegende wie anstrengende Reise. Eine Pflegekraft erinnerte sich an ihn und beschrieb ihn als sympathisch, aber damit war das Gespräch auch schon beendet. Berufliche Schweigepflicht. Manfred Zisch hätte gerne die französische Staatsbürgerschaft angenommen. Aber im Gegensatz zu Deutschland, das seit 2009 die Staatsbürgerschaft von während des Krieges geborenen deutsch-französischen Kindern anerkennt, verweigert Frankreich ihnen diese weiterhin. Manfred Zisch, müde von einem Leben, das der Suche nach seinen Wurzeln gewidmet war, gab diesen Kampf auf.

Français et/ou Allemand

Un enfant devient français par filiation, autrement dit en vertu du droit du sang. Si le père ne reconnaît pas son enfant, ce dernier ou son représentant légal peut intenter une recherche de paternité dans les dix ans après sa majorité. Ce qui rend en pratique impossible pour ces enfants de la guerre de devenir français. En 2008, le ministre des affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner, s’était pourtant montré favorable à leur reconnaissance. Lors d’un déplacement en Allemagne, il déclarait: «Ne serait-il pas dans la logique et l’esprit de l’Europe d’accorder une reconnaissance à ceux dont l’être est partagé entre deux pays? Ne pourraient-ils pas faire de leur identité franco-allemande une réalité positive?» La promesse est restée lettre morte.

Deutsch und/oder Französisch

Ein Kind erhält die französische Staatsangehörigkeit durch Abstammung, also aufgrund des Abstammungsrechts. Wenn der Vater sein Kind nicht anerkennt, kann dieses oder sein gesetzlicher Vertreter innerhalb von zehn Jahren nach Erreichen der Volljährigkeit eine Vaterschaftsklage einreichen. Dies macht es für diese Kinder des Krieges in der Praxis unmöglich, die französische Staatsangehörigkeit zu erhalten. Im Jahr 2008 hatte sich der damalige Außenminister Bernard Kouchner jedoch für ihre Anerkennung ausgesprochen. Bei einem Besuch in Deutschland erklärte er: „Wäre es nicht im Sinne und Geist Europas, diejenigen anzuerkennen, deren Identität zwischen zwei Ländern geteilt ist? Könnten sie ihre deutsch-französische Identität nicht zu einer positiven Realität machen?“ Das Versprechen wurde nur teilweise eingelöst.

Huguette coupée en deux

Si Léo Bernard et Manfred Zisch ont eu la chance de connaître tardivement leurs origines respectives, la plupart des enfants franco-allemands de la guerre cherchent toujours. C’est le cas d’Huguette Meddas, qui a grandi dans un petit village du centre de la France, avec sa mère et ses trois sœurs. Quand elle avait 8 ans, une belle voiture s’était arrêtée dans la cour de sa maison, un couple chic en était descendu. Avec eux, une petite fille. « Elle me ressemblait comme deux gouttes d’eau », assure Huguette Meddas. « Où est ta mère?», a demandé l’homme. « Elle fait sa sieste, il ne faut pas la déranger. » L’histoire s’arrête là. Mais Huguette Meddas est persuadée d’avoir rencontré son père.

Huguette in zwei Teile geteilt

Während Léo Bernard und Manfred Zisch das Glück hatten, ihre jeweiligen Wurzeln spät kennenzulernen, suchen die meisten deutsch-französischen Kriegskinder noch immer. So auch Huguette Meddas, die mit ihrer Mutter und ihren drei Schwestern in einem kleinen Dorf in Zentralfrankreich aufgewachsen ist. Als sie acht Jahre alt war, hielt ein schönes Auto im Hof ihres Hauses und ein elegantes Paar stieg aus. Mit ihnen kam ein kleines Mädchen. „Sie sah mir sehr ähnlich, wie aus dem Gesicht geschnitten“, versichert Huguette Meddas. „Wo ist deine Mutter?“, fragte der Mann. „Sie macht gerade Mittagsschlaf, man darf sie nicht stören. “ Damit endet die Geschichte. Aber Huguette Meddas ist überzeugt, dass sie ihren Vater getroffen hat.

Quelques mois avant sa mort, sa mère lui confirme que son père était un soldat allemand. Un homme cultivé, gradé, professeur dans le nord de l’Allemagne. Depuis, elle s’est toujours sentie « coupée en deux». Ne pas avoir de père est «un manque énorme et constant, une souffrance», dit-elle.
Einige Monate vor ihrem Tod bestätigte ihr ihre Mutter, dass ihr Vater ein deutscher Soldat gewesen war. Ein gebildeter Mann, Offizier, Lehrer in Norddeutschland. Seitdem fühlte sie sich immer „in zwei Hälften geteilt”. Einen Vater nicht zu haben, sei „ein riesiger, ständiger Verlust, ein Leid”, sagt sie.