Journal de guerre de captivité (1939-1945)
René Martin
BGA PERMEZEL PARU LE : 30/01/2007
Ce livre retrace les étapes du parcours d’un jeune provincial, né en 1913, jeté dans l’euphorie de la » drôle de guerre « , acteur de la bataille des Ardennes, témoin de la Débâcle, fait prisonnier à Lille en mai 1940 et transporté en Autriche pour y travailler pendant cinq ans dans deux Kommandos agricoles successifs. On ne trouvera pas dans ces pages un récit de plus sur la guerre de 1939-1945 ou la vie dans les camps.
À la fois acteur et témoin, René Martin sait prendre le recul nécessaire, non seulement pour décrire ce qu’il vit et ce qu’il voit – il possède un art consommé du portrait et de la » chose vue » -, mais pour commenter chaque situation en fonction de ses états d’âme du moment. Nourri de culture classique, partageant les préjugés de son temps, sans illusion sur ses semblables et lucide sur lui-même, amoureux fou de la nature, l’auteur, qui se rêve en » poète laboureur « , n’hésite pas à se mettre à nu: profondément croyant, il exprime à plusieurs reprises les doutes existentiels qui l’assaillent.
L’ouvrage, usant habilement de la chronologie – ouvert sur la Débâcle de l’armée française en 1940, il se clôt sur le repli non moins lamentable de l’armée allemande d’Italie en 1945 – vaut peut-être plus encore par son style élégant, soutenu sans être pédant, fruit d’une réécriture » à froid » peu de temps après le retour de captivité. Ce témoignage sincère, où se mêlent au gré des humeurs tableaux pittoresques, scènes de genre et réflexions personnelles, est digne des modèles dont son auteur se réclame.
Il mérite de sortir du silence auquel la modestie de son auteur l’a contraint pendant plus de soixante ans. Comme il le pressentait, René Martin n’a pu mener la vie dont il rêvait. Après l’arrêt de la féculerie familiale, pourvoyeuse d’amidon pour l’industrie textile, bientôt emportée par la crise qui a frappé toute la région, il s’est trouvé contraint, pour élever sa nombreuse famille, de se livrer au commerce du bois de chauffage.
Très engagé dans la vie associative locale, il vit toujours à Amplepuis dans sa maison natale.
ROMANS ET TEMOIGNAGES
Anonyme, Une femme à Berlin, Journal 20 avril – 22 juin 1945, présentation Hans Magnus ENZENSBERG, Témoins Gallimard, 2006
La jeune berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 – les soviétiques sont aux portes de Berlin – jusqu’au 22 juin, a voulu rester anonyme. A la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi.
C’est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de tous âges et des hommes qui se cachent : vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté, et la faim, scandée par les bombardements d’abord, sous une occupation brutale ensuite. S’ajoutent alors les viols, la honte, la banalisation de l’effroi.
C’est le récit d’une lutte pour la survie dans un Berlin tétanisé par la défaite. L’auteur, anonyme, rend admirablement ce mélange de dignité, de cynisme et d’humour qui lui a permis, sans doute, de survivre.
ASSOULINE Pierrre, Lutecia, Prix maison de la presse 2005, Gallimard
Tapi dans les recoins les plus secrets du Lutecia, un homme voit l’Europe s’enfoncer dans la guerre mondiale. Edouard Kiefer, Alsacien, ancien flic des RG Détective chargé de la sécurité de l’hôtel et de ses clients. Discret et intouchable, nul ne sait ce qu’il pense.
Dans un Paris vaincu, occupé, humilié, aux heures les plus sombres de la collaboration, cet homme est hanté par une question : jusqu’où aller sans trahir sa conscience ? De 1938 à 1945, l’hôtel Lutecia – L’unique palace de la rive gauche – partage le destin de la France. Entre ses murs se succèdent exilés, écrivains et artistes, puis officiers nazis et trafiquants du marché noir, pour laisser place enfin à la cohorte des déportés de retour des camps.
En accordant précision bibliographique et souffle romanesque, Pierre Asssouline redonne vie à la légende perdue du grand hôtel, avec un art du clair-obscur qui convient mieux que tout autre au mythique Lutecia.
ASTER Misha, Sous la baguette du Reich, Editions Héloïse d’Ormesson
Association autogérée, l’Orchestre philharmonique de Berlin est fondé en 1882.
Il se forge vite une réputation internationale. En 1933, confronté à de graves difficultés financières, il est racheté par le Troisième Reich naissant. D’actionnaires indépendants, les musiciens deviennent fonctionnaires et passent sous l’autorité directe du ministère de la Propagande créé par Goebbels. Étendard culturel de l’Allemagne nazie, l’orchestre, devenu Reichsorchester, se produit dans le monde entier ainsi que lors de grandes manifestations du régime, comme l’anniversaire d’Hitler et l’ouverture des jeux Olympiques de 1936.
Sous la baguette du Reich puise à des sources inédites et met en lumière les différents acteurs de cette extraordinaire page d’histoire : les cent musiciens (parmi lesquels de nombreux partisans du régime nazi et une poignée de Juifs), les dignitaires du Reich et les grands chefs, de Furtwängler à Karajan. Cet essai raconte la vie d’une institution culturelle majeure, à la fois emblématique du pouvoir et dissidente.
Né en 1978 au Canada, Misha Aster vit à Berlin.
Après des études de sciences politiques à la London School of Economics, d’histoire à Harvard et de scénographie â Montréal, il enseigne la philosophie et la musicologie. En parallèle, il met en scène des opéras.
ASTRUC Pierre, Un lozérien sur le Danube, DvG, 2006
Un jeune agriculteur lozérien se retrouve prisonnier de guerre dans une ferme autrichienne au bord du Danube.
BACH Alain, Le voyage à Seelow, Edition Atlantica.
BIBLOQUE Jean-Claude, Fils de boche, Masque d’or, 2001
Un univers qui bascule, qui s’effondre devant soi alors que l’on attendait la vie de tout le monde… C’est ce que va connaître Florian, lui qui n’était qu’un homme comme les autres, au hasard de vieilles lettres découvertes dans un vieux sac à main ayant appartenu à sa mère…
Ah ! S’il n’avait pas cette manie de fouiner, il se serait épargné cette révélation : il n’était pas le fils de celui dont il portait le nom !
CAPRON Jean-Pierre, Idrissou, 2015.
Histoire de Jean-Pierre Capron, enfant de la guerre, né au Mans en 1943
….Elle était célibataire et travaillait au mess des officiers à l’hôtel de Paris, Le Mans. Elle habitait chez ses parents, 118 rue du Préau, Le Mans.
Mon père était officier, pilote de la Luftwaffe. C’est dans le cadre de son travail que ma mère a rencontré mon père et le, 24 décembre 1942, ils ont passé le réveillon ensemble, à l’hôtel de Paris.
Le jour de ma naissance, le 24 septembre 1943, ma grand-mère a trouvé des photos de mon père, elle les a brulées. Ma naissance a été désavouée, j’étais trop typé : grosse tête, cheveux blancs, yeux bleus, j’ai été caché et mis en nourrice à Ecommoy.
A la fin de la guerre en 1945, ma mère est partie au Cameroun, avec un homme, dont le prénom était Paul, se faisait appeler « Raymond », car il ne voulait pas que Simone se souvienne de « l’autre Paul », mon père. Violent et jaloux, Raymond lui interdisait de me prendre dans ses bras, de jouer avec moi… allant jusqu’à nous battre, elle et moi…
Disponible auprès de l’auteur : 0680155461
CHAIX Marie, Les lauriers du lac de Constance, chronique d’une collaboration, éditions Points.
En 1936, Jacques Doriot avait appelé les fils de France à rejoindre le PPF, futur parti fasciste français. Albert B, répond parmi les premiers et, durant la guerre, suit la politique de » collaboration « . Un jour il revêt même l’uniforme allemand.
Marie, sa fille, née en 1942, évoque les faits qui ont conduit Albert à cette situation : les rassemblements de foules nazies à Berlin, les meetings du PPF, les dîners allemands dans la maison familiale jusqu’à la débâcle de Mainau (lac de Constance) et l’emprisonnement d’Albert B, à Fresnes. Elle narre aussi sa petite enfance : une mère musicienne et résignée, l’absence d’un père trop pris par la politique, tout un passé qui se fige en une fresque tragique où le romanesque se mêle à l’histoire.
CLOAREC Françoise, De père légalement inconnu, Editons Phébus.
« Elle veut un nom, une photo, une tombe peut-être. »
La guerre d’Indochine approche de son terme scellé par la bataille de Diên Biên Phu,. Dans le port de Saïgon des enfants embarquent sur un paquebot, laissant derrière eux une mère au-delà des larmes, une terre à feu et à sang, une civilisation bafouée, un passé bercé par l’amour maternel et obscurci de secrets. L’un d’eux est une fillette ayant pour prénom Camille.
De père légalement inconnu est l’histoire d’une quête, c’est aussi celle d’une étrange histoire d’amour et d’abandon. Presque une vie durant Camille voudra que l’officier, amant de sa mère, Thi Vien, ait un visage, un cœur et un destin. D’espoir en déceptions, et jusqu’à la révélation finale, la mémoire de Camille ressuscite des mondes flamboyants ou termes, et des odeurs, des parfums, des ombres et des voix.
Françoise Cloarec est psychanalyste et peintre, diplômée des beaux-arts de Paris. En 2008 elle publiechez Phébus Séraphine, ouvrage consacré à Séraphine de Senlis, peintre inclassable, et qui eut un grand succès de même que le film de Martin Provost qui l’a consultée pour le scénario: http://www.francoisecloarec.com/
CROUBOIS Claude, Laurence Lambert, Alan Sutton, 2006
A partir d’archives et d’entretiens auprès de nombreux témoins survivants, Claude CROUBOIS nous livre une passionnante chronique historique et sociale, au cœur de l’occupation, dans le village d’Apremy, en plein Sud- Touraine. Laurence, coupable d’un amour interdit, va payer cher sa faute. Sombre destin d’une femme amoureuse qui, en dépit de tout, agira avec honnêteté et courage.
DAENINCKX Didier, Galadio, Gallimard 2010.
Allemagne années trente. Ulrich est un adolescent de Duisburg comme les autres. A un détail près sa peau est noire.
Son père, un soldat africain, est venu en Allemagne avec les troupes françaises d’occupation chargée de veiller à l’application du traité de Versailles. Il est reparti en 1921, quelques mois avant la naissance de cet enfant, fruit d’un bref amour avec une jeune allemande.
Ils sont des centaines, comme Ulrich, à incarner ce qu’Hitler et les nationalistes ne cesseront de dénoncer, dans l’entre-deux-guerres, comme la « honte noire », symbole de l’avilissement délibéré du sang aryen par les occupants. Leur sort ne sera en général guère plus enviable que celui des juifs.
Ulrich, pour sa part, va connaître un destin inattendu et mouvementé, et découvrir une autre facette de son identité : Galadio.
Comme toujours Didier Deaninckx s’appuie sur une documentation très fouillée pour éclairer un aspect méconnu de l’histoire du vingtième siècle. Il révèle ici le sort terrible des allemands métis dans un pays emporté par le délire nazi. De Duisburg aux studios de cinéma de Babelsberg, jusqu’aux rivages du Sénégal où se déroulent les premiers combats entre pétainistes et gaullistes. Ulrich apprend à connaître les hommes.
D’ESTIENNE D’ORVES Nicolas, Les orphelins du mal, Xo éditions, 2007
1995, en Allemagne. Le même jour, quatre hommes sont découverts, une ampoule de cyanure brisée dans la bouche, nus, la main droite coupée. Une seule certitude : les quatre hommes sont tous nés dans un Lebensborn, l’organisation la plus secrète des nazis, des haras humains où les SS faisaient naître de petits aryens pour réaliser leur rêve dément d’une race pure. Dix ans plus tard, à Paris, une jeune journaliste, Anaïs, enquête sur une mallette contenant quatre mains momifiées, à la demande d’un riche collectionneur norvégien, Vidkun VENNER. Un terrifiant parcours initiatique dont ni Anaïs ni Vidkun ne sortiront indemnes. Un roman passionnant, un thriller saisissant.
DÉNÉCHÉRÉ Yves, Des enfants venus de loin, Armand Colin, 2011
En 2010, plus de 3 500 enfants étrangers sont arrivés en France, dont près de 1 000 venus d’Haïti après le séisme dévastateur qui a touché le pays. Les débats sur la meilleure manière de venir en aide aux enfants et sur les procédures de l’adoption internationale renouvellent des interrogations déjà anciennes autour du désir d’enfant, du sentiment humanitaire et du droit international. Pour les adoptés, les adoptants et tous ceux qui s’intéressent à ce sujet, regarder en arrière est un bon moyen de mieux comprendre les enjeux d’aujourd’hui. Pour la première fois un ouvrage présente une histoire de l’adoption internationale qui permet de replacer dans leur contexte les histoires personnelles toujours particulières des uns et des autres. Des archives consultées et des témoignages recueillis émergent les différents temps de l’adoption internationale, ses évolutions géographiques et sociologiques, les rôles des différents acteurs. Des épisodes méconnus et des perspectives nouvelles enrichissent la connaissance d’un phénomène de société qui ne laisse personne indifférent.
Yves Denéchère est professeur d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers. À partir de sources inédites, il traite ici d’un sujet d’histoire du temps présent situé au croisement des relations internationales et de l’histoire sociale.
DOUGLAS R.M, Les expulsés, Flammarion 2012
L’auteur décrit la déportation des 12 à 14 millions de germanophones qui furent chassés d’Europe centrale et orientale après la défaite des nazis. Au cours de ce nettoyage ethnique, 500.000 Allemands périrent dans des conditions atroces. Cet ouvrage traite de l’organisation de cette émigration forcée et des méthodes employées, y compris l’emprisonnement dans des camps de concentration.
DUJARDIN-REDON Nicole, L’incroyable parcours identitaire d’une enfant de la guerre, JETS D’ENCRE, 2010
Née en 1945, période trouble s’il en est, Nicole a été élevée par sa mère et celui qu’elle croit être son père. Mais qui est-elle vraiment ? Sa mère ne lui fournira jamais la preuve de son identité. Et ci ce fardeau n’était pas assez lourd, la jeune fille doit tout supporter chez elle : les coups, les viols, l’isolement, la maltraitance. Elle fuira dés qu’elle le pourra, mais comment construire une existence décente quand on ne peut signer ni contrat de travail, ni bail faute de papiers ? C’est une vie d’errance qui s’ouvre à elle, elle qui sera toujours rejetée par une mère tyrannique et méchante qui n’aura de cesse de lui rendre la vie difficile, mais qu’elle a aimée malgré tout.
Un témoignage bouleversant qui prend le lecteur aux tripes.
FALLADA Hans, Seul dans Berlin, Folio Gallimard, 2004
A travers les histoires des personnages d’un immeuble de Berlin en 1940, c’est l’histoire de toute l’Allemagne qui défile. Ce livre nous décrit de façon très fine comment le nazisme s’immisce dans la vie quotidienne des gens, dans leurs relations avec leurs proches, leurs voisins, leurs collègues et même jusque dans leurs relations intimes. L’histoire de Kluge illustre ce poids permanent que fait peser le régime de la peur sur la vie quotidienne de gens simples et ordinaires, qui peuvent aussi prendre l’étoffe de héros. Primo LEVI disait qu’il était « l’un des plus beaux livres sur la résistance antinazie ».
FOURIER Claire, Les silences de la guerre, Éditions Dialogues-2012.
Claire Fourier : « L’idée de mon livre est simple : le peuple qui ose aimer est en avance sur les chefs qui dictent la haine, en avance sur les trublions politiques et militaires qui commandent de les suivre dans un abîme de déraison et d’impéritie.
Dans la tourmente de la guerre, des gens « d’en bas », mus par le désir de se dépasser et d’aller en secret plus loin que les gens « d’en haut », portés par une sorte de quête du Graal, ont vécu conformément au Décalogue : « Tu ne tueras point ». Des êtres sublimes au sens fort de sub-limen — qui veut dire : au-dessus de la ligne de démarcation —, des « maquisards de l’amour » ont fonctionné, d’instinct ou de façon réfléchie, dans une optique de vaillance individuelle et dans le refus d’assujettissement au climat de violence.
Ayant appris que 200000 enfants étaient nés de couples franco-allemands et persuadée que beaucoup étaient nés de relations profondes vécues dans le secret, j’ai eu envie d’analyser les problèmes de conscience, les souffrances que supposent les « amours interdites ».
Écartant les préjugés, les stéréotypes, les simplifications réductrices qui stérilisent l’émotion et l’imagination, je me suis penchée sans manichéisme, avec le souci de la nuance, au contraire (ce qui seul fonde la paix) sur une époque traumatisante et j’ai essayé, avec délicatesse, de saisir la complexité humaine et l’ampleur du réel. »
Révélée avec Métro Ciel, récit lumineux d’une rencontre souterraine, Claire Fourier a publié des romans, des haïkus, des essais, un journal, des récits historiques, notamment Route coloniale 4 en Indochine, une vingtaine de livres où elle se plaît à mélanger et à dépasser les genres.
FRANCK Julia, La femme de midi, Flammarion.
1945. Stettin est occupée par l’Armée rouge. Dans une gare allemande parmi une foule de fugitifs se trouvent Alice et son petit garçon de sept ans, Peter. Quelques instants plus tard, Alice abandonne son enfant sur le quai, pour ne plus jamais revenir. Mais que s’est-il vraiment passé ce jour là ? L’auteur de ce roman qui a bouleversé l’Allemagne remonte dans le Berlin des années 20, les clubs de jazz, l’alcool, la drogue et l’amour fou, puis l’irrésistible ascension de l’idéologie nazie, pour tenter de comprendre comment une mère a pu commettre un acte aussi inexplicable que désespéré. Cette fresque romanesque redonne un visage, une identité, une vie à une femme énigmatique qui, un jour, a pris la décision d’abandonner Peter dont l’histoire s’inspire de celle du propre père de Julia Franck.
GOBY Valentine, L’échappée, Gallimard, 2007
L’échappée ou le destin d’une jeune paysanne bretonne, coupable d’avoir aimé un officier allemand. Dans ce livre terrible et fort, Valentine GOBY raconte l’histoire de Madeleine LANEL, 16 ans en 1941, femme de chambre à Rennes qui rencontre Joseph SCHIMMER, pianiste. Elle sera tondue à la Libération et subira un tatouage ignominieux. Anna leur fille, paiera cher le prix de cette passion. Fille de boche, pensez donc… Un livre incandescent, tragique et puissant sur l’identité et la liberté.
GOBY Valentine, Kinderzimmer , Editions Actes Sud
“Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?
– Je ne sais pas.
– Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.
Mila se retourne :
– Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
– La même chose que toi. Une raison de vivre.”
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.
Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.
GRIMBERT Philippe, Un secret, Livre de Poche.
Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents.
Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’holocauste, et des milliers de disparus sur qui s’est abattue une chape de silence. Psychanalyste, Philippe Grimbert avec ce livre couronné en 2004 par le prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle, il démontre avec autant de rigueur que d’émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l’exploration des secrets à l’œuvre dans nos vies.
Un texte splendide qui donne à lire l’indicible.
GRONDEIN Nicole « Histoire de » née en 1945 à Schwerin.
(Deutschland) autobiographie.
Je voudrais dire que je prends toute la responsabilité de mes écrits, de mes dires et qu’ils sont vérifiables par des documents. J’ai écrit le parcours de ma vie sans haine, simplement pour crier au monde entier que l’on ne peut pas vivre, sans amour, sans identité et sans outils pour se battre dans la vie. Je sais que mon histoire peut sembler mensongère, elle est tellement chargée de sujets que l’impensable peut faire douter. Non ! Je n’ai pas menti, je n’ai rien fait pour mériter des doutes.
* Pour être mis en relation avec l’auteur me contacter au 06 85 39 15 45. Merci.
HAFFNER Sebastian, Histoire d’un Allemand, Actes Sud, 2002
Remarquable récit de la montée du Nazisme vécue par un jeune homme de la bourgeoisie juridique berlinoise. Son éducation lui a donné le sens de la justice qui confère à son récit une justesse de ton dénué de pathos. C’est à travers ses yeux que l’on perçoit un aspect peu connu de la vie à Berlin. Ce livre décrit comment une société bascule petit à petit dans l’acceptation du nazisme.
HAMPEL August, J’occupais Royan 1943-1945 , Le Croît Vif 2011 – www.croitvif.com
Traduit de l’allemand et adapté par Brigitte Colle Lindenau et Didier-Michel Colus
Il suffit d’un chapitre pour s’en convaincre : malgré sa qualité de soldat de l’Occupation, August Hampel fait partie des vrais amoureux de Royan. Mais c’est qu’August Hampel n’est pas tout à fait n’importe quel soldat… On découvrira au fil des pages quel humaniste plein d’humour, quel « honnête homme », au sens français du terme, se cachait sous l’anonyme uniforme allemand de la guerre 1939-1945.
Hampel a été royannais de juillet 1943 au jour de l’écrasement de la poche de Royan, le 18 avril 1945. Fait prisonnier en France, il n’a revu son pays qu’en 1946 et a entrepris alors de rédiger ses « mémoires de guerre », tout en limitant son récit aux années royannaises, qui seules lui semblaient apparemment dignes d’être sauvées de l’oubli.
Sous la forme de trois classeurs emplis de feuilles tapées à la machine, il s’agit d’une mise au propre, souvent même d’une mise en forme, des notes qu’il avait prises pendant la guerre, enrichies des souvenirs adjacents qu’il conservait. Ces trois parties étaient primitivement intitulées : « On m’appelait Fernandel », « Destruction d’une jolie ville » et « Les chevaux de Charosson ».
Soucieux de ne pas garder un tel document pour son entourage immédiat, il l’avait adressé à mon père, Jean-Robert Colle, professeur d’histoire, alors conservateur du musée de Royan, lequel en avait tiré un résumé d’une vingtaine de pages, publié en prologue aux manifestations du « Trentenaire de la Libération la poche de Royan, des camps de concentration et des prisons nazies » (Royan, 19 au 27 avril 1975).
Trente ans plus tard, Ellen Bernecker, fille aînée d’August Hampel, qui est décédé en 1972, m’a fait l’amitié de me confier le manuscrit de son père, dans l’espoir qu’il atteindrait le public français.
Tel qu’il nous est parvenu, le texte allemand est en soi un témoignage rare sur une période qui, notamment pour ce qui concerne Royan et sa région, n’est souvent éclairée que du côté français. A ce titre, sa découverte, souvent émouvante, apporte au lecteur un point de vue original, fort enrichissant et même quelquefois déroutant.
C’est pourquoi il m’a paru intéressant d’en proposer une version complète, traduction passionnante, mais qui supposait nombre de remises en forme et d’adaptations. J’ai fait appel à mon ami de toujours, Didier Colus, professeur de lettres et écrivain, ancien élève de mon père, pour m’aider dans l’élaboration de ce travail.
Sans rien trahir de sa pensée ni modifier de ses sentiments et émotions, dans le respect des faits rapportés, nous avons cru rendre hommage à August Hampel en proposant au lecteur français cette adaptation de son œuvre qu’il aurait certainement approuvée, lui qui aimait tant la finesse et l’humour de notre langue.
Brigitte Colle-Lindenau
HEIDENREICH Gisela, Das endlose Jahr, Fischer, 2002
Eine Tochter reist mit ihrer Mutter an den Ort, wo sie 1943 in einem Lebensbornheim geboren wurde. Endlich will sie die „ganze Wahrheit“ über ihre Herkunft und die Verstrickung ihrer Mutter in die Nazipolitik herausfinden. Hinter einem verwirrenden Netz von Lügen, Verdrängung und Verleugnung kommt schlie?lich – beharrlich durch Nachfragen und Erinnern herbeigezwungen – die Wahrheit zutage. Gleichzeitig zeigen die Erinnerungen Gisela Heidenreichs an den spät gesuchten und gefundenen Vater, da? man jemanden schätzen und lieben kann, den man gleichzeitig zutiefst ablehnt.
Une jeune femme se rend, en compagnie de sa mère, sur le lieu où elle est née en 1943, un foyer du Lebensborn ( « puits de vie ») . Elle veut enfin découvrir la vérité sur ses origines et savoir jusqu’où sa mère a adhéré à la politique raciale des nazis. Cette vérité, à force de persévérantes enquêtes et de souvenirs péniblement recueillis, finit par apparaître derrière l’écran troublant des mensonges, refoulements et reniements. Parallèlement, les souvenirs de Gisela HEIDENREICH au sujet de ce père retrouvé tardivement, nous montrent qu’il est, paradoxalement, possible d’estimer et d’aimer un être envers lequel on éprouve en même temps une grande répulsion.
HILSENRATH Edgar, Le nazi et le barbier, éditions Attila.
1933, Max, le fils bâtard de la pute Minna Schulz, s’enrôle dans la SS à l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Affecté au camp d’extermination, où disparaissent son meilleur ami (juif) et toute sa famille, il décide à la fin de la guerre de se faire passer pour juif… et endosse l’identité de son ami assassiné. Max Schulz, devenu Itzig Finkelstein, épouse la cause juive, traverse l’Europe et rejoint la Palestine, où il devient barbier et sioniste fanatique.
Le nazi et le barbier fut, trente ans avant les bienveillantes, le premier roman sur l’Holocauste écrit du point de vue du bourreau. L’humour (noir) en plus.
Avis : ce roman est l’anti-bienveillantes. C’est le livre à ne pas rater. A lire absolument même si certains passages vous plongent dans un certain abîme.
HUGUES Pascale, Marthe et Mathilde, Edition Les Arènes
Mes grand-mères s’appelaient Marthe et Mathilde. Leurs prénoms commençaient par la même lettre. Elles sont nées la même année en 1902, Mathilde le 20 février, Marthe le 20 septembre. Toutes deux sont mortes en 2001., à quelques semaines d’intervalle, tout au début du nouveau siècle, peu avant leur centième anniversaire.
Marthe et Mathilde ont traversé le vingtième siècle côte à côte. Elles étaient amies depuis l’âge de 6 ans. Sur les marches d’un perron, qui au 6 Vogesenwall, dans le quartier Saint Joseph derrière la gare de Colmar conduisait à un jardin minuscule, elles se sont rencontrées pour la première fois.
« Divertissant et amusant » Süddeusche Zeitung
« Un intéressant morceau d’histoire contemporaine » Aachener Zeitung
KRUGER Josiane, Née d’amours interdites…, Perrin, 2006
Josiane KRUGER fut l’un de ces 200 000 enfants qui ont grandi dans l’ostracisme, comme pour expier le « crime » qu’avait commis leur mère : aimer l’occupant allemand pendant la dernière guerre. Passions interdites qui seront lourdement châtiées à la Libération : nombre de ces femmes furent arrêtées, tondues et exhibées en public.
LAPLAZE- ESTORGUES Odette, La recluse, Lucien Souny, 2007.
En arrivant à Montaignan, Marie se passionne pour la vie d’une femme, Estelle BOULAY, tondue à la Libération, et qui vécut recluse pendant quarante ans. Marie veut comprendre et se met en quête de témoignages et de documents à son sujet. Sa curiosité se transforme peu à peu en une identification à son histoire. Elle va connaître elle-même un drame terrible.
Ce roman évoque non seulement une page douloureuse de l’Histoire, mais encore il réveille ce qu’il y a de plus profondément caché en chacun de nous qui, souvent, demeure dans la gorge comme un cri étouffé.
LE CERCLE Jean, La disparue de Spandau, Bénévent, 2007
Jean, en lisant des rubriques nécrologiques, va découvrir qu’il est le fils d’un attaché militaire canadien, Gerhardt, et d’une auxiliaire belge de l’armée anglaise, Renée, qui se sont rencontrés dans le Berlin occupé de l’après guerre, au cours d’une mission commanditée par l’Intelligence Service.
Cette mission consistait à « retourner » le criminel nazi Rudolf HESS, détenteur d’informations sur les réserves d’or stockées par les Nazis et sur un mystérieux groupe, « le cercle de Thulé », survivant des folies du troisième Reich.
Jean va partir sur les traces de ce trésor, de son père et de sa mère, à travers une aventure physique et intérieure très éprouvante. Y survivra-t-il ?
LELIGNY Jean-Michel, 1944 : 30 normands témoignent, éditions Charles Corlet. Préface Stéphane GRIMALDI, Directeur général du Mémorial de Caen.
L’histoire de l’Europe est dominée par une date clé: celle du Débarquement du 6 juin1944. Lancée avant l’aube sur les plages de Normandie, l’opération Overlord annonce la fin prochaine de la barbarie nazie, mais aussi le début de la Bataille de Normandie. Pendant trois mois, les forces alliées seront confrontées à la résistance d’une armée allemande très déterminée, et la population civile, prise entre les lignes de front, vivra cette période terrible dans la terreur des bombardements.
Le 6 juin 1944 a marqué à vie toute une génération de Normands, Mais il a aussi façonné des destins extraordinaire, forgé des valeurs, et parfois, au-delà de la haine, noué des amitiés profondes entre belligérants que tout devait opposer.
Pour préserver cette mémoire précieuse, Jean-Michel Leligny a entrepris de collecter les témoignages de 30 Normands qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale. Ce voyage entre ténèbres et lumière prend corps à travers ce livre intime et captivant, où chaque récit est souligné par un travail de portrait photographique empreint d’une grande humanité. Ce témoignage nous plonge dans les strates de l’Histoire, tout en soulignant, 70 ans après, que la construction de la Paix reste l’enjeu principal de note époque.
LERAY Gérard et Philippe FRÉTIGNÉ, La tondue, 1944-1947, Editions Vendémiaire, sept. 2011
(224 pages, plus un carnet iconographique contenant les photographies de Robert Capa sur les femmes tondues chartraines.)
La photographie de « la tondue de Chartres », prise par Robert Capa le 16 août 1944, est sans doute le document le plus représentatif du phénomène de l’épuration sauvage qui a entaché la Libération de la France au cours de l’été 1944. Or, elle a beau être mondialement connue, avoir été publiée dans un nombre considérable de journaux, magazines, ouvrages historiques et scolaires, avoir suscité émotions et commentaires, rares sont ceux qui connaissent l’histoire véritable de ses protagonistes.
Au fil d’un long travail de recherches au sein des archives judiciaires notamment, il a enfin été possible de reconstituer l’itinéraire familial et politique de cette femme martyrisée qui traverse, son enfant dans les bras, une foule hostile : victime sacrificielle, ou coupable avérée ?
A l’issus de cette enquête, c’est une société provinciale en proie aux déchirements idéologiques, mais aussi aux querelles de voisinage, aux ambitions et aux rancœurs de tous ordres, qui ressurgit devant nous, avec une saisissante précision dans le détail.
Philippe Frétigné et Gérard Leray, professeurs d’histoire-géographie, travaillent depuis des années sur l’histoire de la région et plus particulièrement sur la période de la Libération dans le centre de la France.
MATINGO Lou, Jacques, enfant royannais de la guerre, éditions Yvelin édition.
Ce » sang-mêlé « , comme le définit une ancienne voisine de sa mère (enfant de la guerre de père allemand et de mère française), après une vie d’interrogations finit par connaître la vérité. Une question s’impose est-ce par hasard qu’elle envoie Jacques, son fils, chercher du linge propre dans son armoire pendant son hospitalisation à quelques mois de sa mort ? Elle a alors 86 ans et ne lui aura jamais rien révélé de son origine. En lui donnant la clef de son armoire elle lui donnait la clef de sa propre identité.
Livre témoignage très pudique qui n’est pas, comme bien d’autres, larmoyant.
MERLE Robert, La mort est mon métier, Folio Gallimard, 1976
Les thèses d’Hannah ARENDT sur la banalité du mal sont connues ; ce livre les illustre de façon inoubliable. Robert MERLE retrace la vie de Rudolf HOESS, commandant du camp d’ Auschwitz, de son enfance jusqu’à sa condamnation. On y comprend, dans l’ horreur, comment le nazisme avait organisé de véritables carrières de criminels, au cours desquelles la conscience professionnelle, l’ efficacité, le sens de la responsabilité étaient récompensés par des promotions rapides. A chaque échelon de la hiérarchie, il applique les ordres ou les consignes sans scrupules.
A lire pour essayer de mieux comprendre comment un enfant peut être formaté pour devenir un être totalement déshumanisé.
MONTELLIMARD Alexandre, Prisonnier du grand Reich, 22 juin 1940, 2 juillet 1945, Histoire Vécue, Editions du Poutan.
Juin 1940. La France est vaincue, son armée en déroute. Alexandre Montellimard vient d’avoir vingt ans, soldat au 506e régiment de chars de combat, il est capturé par les Allemands. C’est le début d’un périple de plus de cinq années à travers l’Europe occupée par le Grand Reich : de Besançon à Rawa Ruska aux confins de l’Ukraine, de Berlin à Fiume au bord de l’Adriatique.
Le très jeune homme va subir le froid, la faim et l’épuisement provoqué par le travail forcé dans des conditions de détentions inhumaines. Frôlant la mort à plusieurs reprises, il sera confronté à l’abjection totale : l’extermination des Juifs polonais.
Conservant intactes sa dignité et sa soif de liberté, Alexandre fera mieux que survivre, il entreprendra – risquant le tout pour le tout – deux évasions au long cours qui le conduiront certes aux portes du bonheur retrouvé mais qui aggraveront également la cruauté de ses geôliers.
Le récit qu’il nous livre de ces années de malheur est totalement exempt de haine. Au-delà de la souffrance et de la révolte, des moments de joie juvénile et de fraternité nous sont également donnés en partage par un auteur de 95 ans qui ne dédaigne pas les traits d’humour. L’ensemble est simplement passionnant.
MOUCHEL Jean, la robe bleue d’Hélène, Cheminements 2003.
Hélène, jeune paysanne, poussée par ses parents, fait un mariage de raison. La guerre la prive de son mari qui reviendra après six années d’absence. Seule sur sa ferme, elle raconte sa vie au jour le jour avec franchise et spontanéité. Confrontée à la guerre, à l’Occupation, puis à la libération, elle acquiert, au détriment de l’épanouissement de sa jeunesse, une maturité chèrement payée.
Au travers de son histoire, Hélène nous révèle les mœurs d’une époque. Elle nous fait entrer dans sa psychologie, dans ses drames intérieurs. Elle nous fait revivre ses déchirements, partagée entre un amour illégitime et l’attente de celui à qui elle doit la fidélité. Ecartelée par l’impossibilité de concilier l’inconciliable : un amour scandaleux et l’aide qu’elle se doit d’apporter à son vieil oncle dans ses actions de résistance.
L’attente du retour des prisonniers la remplit d’espoir mais aussi de crainte.
La robe bleue d’Hélène est un roman de terroir à la gloire des femmes dont les mérites n’ont pas toujours été reconnus à leur juste valeur, notamment pendant les conflits mais on sent à chaque page qu’il s’agit surtout du compte-rendu d’une époque.
» Tout est vraisemblable à défaut d’être véridique « , nous dit l’auteur.
MOUCHEL Jean, le fils d’Hélène, Cheminements 2005.
La guerre 39-45 est terminée. Sur le couple Hélène et Nicolas planent de sérieux nuages. Hélène, tandis que son mari était prisonnier, a connu une brève liaison avec Hans, un jeune officier allemand. Charles est né de cet écart de conduite.
Nicolas, malgré les pressions de sa famille, a décidé de pardonner et de reprendre la vie commune. Mais les proches, les gens du village ont la dent dure. Ça jase dans les chaumières, chez les commerçants, à l’occasion des élections municipales et dans la cour d’école.
Dés les premiers jours de sa scolarité, le petit Charles se fait traiter de » fils de Boche « . Comment ses parents peuvent-ils le consoler sans travestir la vérité ? Qui atténuera son chagrin ? Hélène sa mère ? Nicolas son père adoptif ? Son bon oncle Fulgence ?
Des événements inattendus tels la capture du petit faon montrent eux aussi la douleur des séparations. Charles grandit. Il comprend les désarrois de sa mère. Il craint de raviver ses peines en lui confiant ses propres tourments. Seul l’oncle Fulgence peut être son confident. Au lycée, tout ce qui touche à l’histoire de l’Allemagne le passionne. Il en apprend la langue car, au fond de lui-même, Charles est bien décidé à retrouver les traces de son père.
MUTRICY Josy. La vérité est dans la tombe (à compte d’auteur).
Née en Bourgogne à St Florentin, quelque part entre Auxerre et Chablis en 1945 d’une mère française et d’un père allemand.
Pour ma part je ne perdrai jamais espoir même en sachant que mon père ne me serrera jamais dans ses bras. Il est vivant en moi. Il est mon père. Je l’aime sans l’avoir connu et cela jamais personne ne me le prendra. Je suis ta fille, à toi mon papa. Je ne me sens pas une » Boche « , mais la fille d’un soldat allemand.
Voilà comment Josy termine son témoignage. Témoignage que nous aurions pu, nous enfants de la guerre, écrire. Sa douleur est vive et son espoir de le retrouver plutôt vain. Néanmoins ce livre aura le mérite de lui permettre d’évacuer une partie de sa douleur comme une thérapie !
Vous pouvez vous le procurer en téléphonant au : 06 73 99 57 75 et Josy vous le fera parvenir au prix de 15 euros frais de port compris.
ORIVEL Michel, L’horizontale, Cheminements, 2007Au printemps 1944, Margot, brillante lycéenne de modeste souche paysanne, s’éprend d’un soldat allemand. Sciemment, elle transgresse le contexte, tombe enceinte durant l’été, alors que survient la libération de son terroir. La sanction n’attend pas : elle est tondue. Dans un environnement rural où elle se retrouve de moins en moins, Margot assume son destin choisi et affronte les humiliations.
OTT Albert, Un jeune Alsacien dans la tourmente de la guerre
Albert est un tout jeune adolescent vivant au sein d’une famille unie dans l’Alsace rurale d’avant-guerre. Il nous raconte son amour de l’Alsace et de la France, dans sa prime jeunesse à Surbourg et Saverne, puis à Thannenkirch . C’est là que la guerre les surprend avec l’annexion en 1940 de leur province au Reich nazi.
La germanisation forcée cristallise la résistance courageuse du père, qui entraine la transplantation de toute la famille en octobre 1943, à Breslau (Pologne) puis en Allemagne.
Albert et son frère ainé échapperont à l’incorporation dans la Waffen SS, fréquente pour les jeunes Alsaciens. En revanche L’auteur subira le Reicharbeitsdienst, puis l’enrôlement dans la Wehrmacht. En voulant rejoindre son foyer, il frôle la mort en traversant le GrossDeutschland qui s’effrondre, avant la Libération par les troupes françaises en avril 1945.
Le retour en Alsace française après 5 ans de brimades et d’humiliations est marqué par le rattrapage effréné de sa scolarité à 18 ans, avec un fol espoir de paix pour l’Europe.
Le témoignage de cet adolescent Malgré-nous, ponctué des lettres échangées avec son frère ainé tué à 18 ans sur le front russe, touche par sa pudeur. Il est porteur de valeurs de solidarité et de générosité, toujours dénué de haine.
Contact : albert@ott.fr et http://albert.ott.fr
OTT Claude, Je n’étais qu’un enfant
« …la témérité est parfois fruit d’inconscience ! Et pourtant ce tour de force réussit. Jean et moi accompagnons le convoi assis entre les tonneaux. Lors du passage du Rhin par le pont de Kehl, nous nous enfouissons chacun dans un fût : ce n’est pas si simple. L’opération réussit d’autant mieux que nous sommes bien maigres et avons des figures émaciées. Le premier contrôle, se passe sans anicroche. Au deuxième contrôle, à la sortie d’Illkirch-Graffenstaden, la police monte sur la plateforme du camion et tape contre les fûts vides. Heureusement ils n’ont pas l’idée de soulever les couvercles par la bonde ! Ouf à l’époque, ils fusillent facilement… »
Claude OTT
A la Libération, l’auteur reprend le chemin du collège. Il se rend quotidiennement à pied, de Thannenkirch à Ribeauvillé et revient le soir. Par la suite, il poursuit ses études à l’université.
L’enseignement s’offre à lui : il exerce comme professeur, puis proviseur et président de Greta.
La vie publique attise sa curiosité: il est successivement conseiller municipal, adjoint au maire, maire et vice –président de Communauté de Communes.
Diffusion par : Claude OTT, 2 rue Viel Armand, 68840 PULVERSHEIM. Tél. : 03 89 48 26 16
PAIRAULT François, Un amour allemand, Geste éditions, La Crèche – Témoignage – 2011
« Ton père était un soldat allemand ! » C’est ce qu’a appris le jeune Gilbert à l’âge de onze ans, en 1955. Sa mère, Madeleine, qui lui fit cet aveu, était tombée follement amoureuse, à seize ans, de Günther, un beau Feldgendarme de la Wehrmacht. C’était à Thouars, en 1941.
Traumatisé par la révélation de ce secret, le garçon a, dès lors, été hanté chaque jour de sa vie par son identité singulière. Après avoir passé son enfance à Niort, chez ses grands-parents, il n’a eu de cesse de connaître sa famille allemande. Des années de recherches lui ont permis de la retrouver et il a ainsi pu reconstituer l’histoire de son père. Gilbert s’est trouvé plongé au cœur du Troisième Reich puisque Günther, emporté par l’exaltation hitlérienne, a adhéré au parti nazi à dix-huit ans, en 1933, puis est entré dans l’Allgemeine SS en 1939 avant de faire toute la Seconde Guerre mondiale en France où il rencontra une charmante petite Française…
L’histoire de Gilbert est un témoignage entièrement authentique et profondément bouleversant, celui d’un homme atteint d’une blessure inguérissable et qui tente désespérément de réconcilier les deux parties de son être.
Extrait de l’introduction de François Pairault – Peut-on vraiment concevoir qu’aujourd’hui encore, pour certains Français, la guerre de 1939-1945 ne soit pas finie mais toujours là, présente, obsédante et énigmatique ? Ils s’appellent eux-mêmes les «Enfants de la Guerre» et ils vivent parmi nous, les cheveux un peu plus blonds et les yeux un peu plus clairs que la plupart d’entre nous. Ils sont nés d’une mère française et d’un père soldat allemand. Ignorés de leurs concitoyens, ils cachent au plus profond de leur coeur le secret de leur naissance
François Pairault est agrégé de l’Université, docteur ès lettres et maître de conférences honoraire d’histoire contemporaine à l’université de Limoges.
PAYSAN Catherine, L’amour là-bas en Allemagne, Albin Michel, 2006
Avoir 20 ans et aimer un prisonnier allemand, avoir 20 ans et enseigner dans l’Allemagne de 1946 occupée par la France, tel est le thème majeur de ce roman. Au sortir de la guerre, Annie rencontre un jeune prisonnier allemand. Entre eux, c’est le coup de foudre. La jeune Française décide de partir comme enseignante à Spire pour y attendre l’homme aimé. Obstacles, incompréhensions et drames passées auront raison de cet amour au bord du Rhin.
Catherine Paysan donne une vision inédite et remarquable de l’après-guerre avec humour, intelligence, culture et sensibilité.
PERIOUX Gérard, Né à Saint- Malo de père allemand, Les éditions du phare, 2002
L’auteur naît en 1942 à Saint- Malo, porte d’abord le nom de sa mère, est mis en nourrice et change alors d’identité. Il endurera coups, sévices, travail dès l’âge de 6 ans. A 17 ans, il s’engage dans la marine pour fuir la maltraitance. Adulte, il se reconstruit avec l’aide de sa femme et de sa toute première famille d’accueil. Ce n’est qu’à 57 ans, après des recherches, qu’il finit par comprendre que son père venait d’Outre- Rhin.
Un vrai témoignage poignant et terrible.
PICAUT Virginie, La fille du français, Editions Cascogne, 2014.
L’homme qui gouverne a été élu démocratiquement par son peuple le 30 janvier 1933. Une interdiction a été votée dans le cadre de la loi promulguée sous le régime politique du IIIe Reich. Il s’agit d’interdire toute relation entre prisonniers de guerre et femmes allemandes. La sanction encourue la plus grave s’avère être la peine de mort, tout dépend de la nationalité du prisonnier. L’enfant né de l’une de ces « relations » a-t-il le droit d’exister ? S’il survit, qu’advient-il de lui ? C’est l’histoire peu commune d’un amour interdit entre un prisonnier de guerre français du Béarn dans les Basses-Pyrénées et une femme allemande originaire des Sudètes.
Virginie Picaut est animatrice du patrimoine au musée de la Résistance à Sciant-Connan dans les Côtes d’Armor. Elle est spécialisée dans la transmission de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et du patrimoine mémoriel.
POUILLE Armand – Klietz 1945 – Le mal vivre après la guerre
Distribué par l’auteur « Armand Pouille – 16 Rue Roger Maréchal 62320 ACHEVILLE »
mail: armand.pouille@hotmail.fr – téléphone 06 23 00 49 40.
27 €. Expédié par poste (4,00€) AUX FRAIS DE L’AUTEUR
L’on fait valoir sans cesse le devoir de mémoire, mais rappeler un événement ne sert à rien, même pas à éviter qu’il ne se reproduise, si on ne l’explique pas. Il faut comprendre pourquoi les choses arrivent. L’auteur nous fait remonter le temps jusqu’aux origines qui ont pu déclencher le plus grand conflit mondial…L’Histoire, la vraie, exige des raisons et des preuves… Il va ainsi passer en revue sous la forme d’un récit chronologique, les événements qui ont contribué à l’arrivée d’Hitler et de ses acolytes. Ces personnages très complexes qui ne peuvent s’inscrire dans le domaine du raisonnement.
La vision globale de ce conflit lui permettra d’insérer au mieux son histoire et son vécu de fin de guerre et d’après-guerre. Il veut comprendre le lourd fardeau du contexte de sa naissance qu’il a supporté toute sa vie, à cause d’une faute commise par sa mère et par son père adoptif, qui ont travaillé volontairement en Allemagne sous le régime nazi. Il souhaite faire le deuil de ce mal vécu… jusqu’à ce jour. Le seul crime qui lui a toujours été reproché est d’avoir été le fils d’un «sale boche» et d’être né, sous la Shoah, d’un père «Officier de la Wehrmacht».
Il veut témoigner pour tous ces enfants nés au cours de la guerre ou juste après la guerre, et qui eux aussi ont dû vivre à leur manière d’être nés d’un amour interdit de père allemand et d’une mère française ou de mère allemande et d’un père français : situation qui a ainsi contribué à « Ce mal vivre d’après guerre ». La vérité sur sa naissance qu’il va découvrir au fur et à mesure de ses recherches lui apportera enfin, par la découverte de sa véritable identité, la sérénité de ne plus avoir été personne, de ne pas être un bon à rien, ni ce fils de sale boche, pour avoir enfin la fierté d’être citoyen d’Europe et reconnu comme un véritable Français – Allemand.
La dernière partie concernant le parcours de l’auteur, sa recherche, la découverte de ses origines à Klietz, l’accueil du peuple allemand et son ressenti d’enfant de la guerre a été traduite en allemand par son amie Cornelia Zemskeris – Professeur d’allemand à l’Ecole d’Ingénieurs « Agro Tech Paris », afin d’offrir à tous ses amis de (Klietz – Havelberg – Sandau – Tangermünde) cette joie d’être reconnu comme enfant né en Allemagne.
Armand Pouille est titulaire de deux titres universitaires de 3ème cycle, le Diplôme d’Etudes
Supérieures Spécialisées et le Diplôme d’Etudes Approfondies, délivrés par l’Université de Lille I en 1998 et en 1999. Il a notamment publié aux Editions Grancher – Paris, en Octobre 2002, un livre devenu référence dans le domaine «Des Maçons Médiévaux aux Compagnons d’aujourd’hui». Un second livre vient de paraître aux Editions Trédaniel – Véga à Paris « Connaître et Comprendre la Franc-maçonnerie ». Il prépare actuellement une thèse de doctorat sur «L’Esprit et les Valeurs du Compagnonnage» qui sera éditée fin d’année
QUINT Michel, Effroyables jardins, Folio Gallimard, 2004
Le jeune garçon aimerait bien se cacher, disparaître, lorsque son père, instituteur respecté,se déguise en clown amateur. Entre honte et mépris, il assiste à ses numéros. Jusqu’au jour où son oncle Gaston lui révèle le sens de cette étrange vocation en lui dévoilant un épisode tragi–comique de la seconde guerre mondiale…Pudeur, humour et tendresse caractérisent ce récit simple et bouleversant.
Un chef d’œuvre de concision, d’intelligence et d’humanité.
Ravignot de Chavrier – Diptyque apatride sacrifié – Publibook –diffusion www.publibook.com
Préambule indispensable pour la compréhension de l’exode d’Opi. Lui comme d’autres ont pris conscience très rapidement de ce qui les attendrait après l’édification de ce Mur qui symbolisait l’enfermement, la privation des libertés élémentaires, la séparation avec la famille et les êtres chers. Subir ou partir ? Ils ont choisi avant qu’il ne soit trop tard, la fuite. La fuite était plus facilement envisageable quand on était seul. Sa volonté de fuir n’était pas forcément la volonté de la cellule familiale dans laquelle le « fuyard » évoluait. Résistance ou abandon ? Résistance à un régime totalitaire ça c’est une certitude. Abandon de la famille rien ne peut étayer cette thèse. Conflit entre les époux, entre celui qui veut partir et celui qui souhaite rester sur sa terre natale quoiqu’il arrive semble plus conforme aux destins des conjoints. Résister c’est prendre des risques mais c’est vivre, c’est se réaliser en tant qu’être responsable face à une barbarie, à un obstacle. La Résistance à Hitler a été bien réelle et ce dès son arrivée au pouvoir, hélas minoritaire comme l’était la Résistance en France pendant l’Occupation. Les historiens chiffrent cette Résistance française à 2% jusqu’au début de 1944. Ils considèrent que cette estimation se place dans une fourchette haute.
Livre passionnant qui narre le parcours d’une victime collatérale de la Seconde Guerre mondiale. A lire absolument.
REMOND Jean-Daniel, Une mère silencieuse, Seuil, 1999
Une longue lettre, bouleversante, écrite par Jean-Daniel REMOND, né sous X, à sa mère inconnue. Lettre cri pour dire l’insupportable douleur : la rupture brutale d’avec celle qui vous a porté pendant neuf mois. Lettre réquisitoire contre un système qui, avec les meilleures raisons du monde, efface toute trace officielle des parents génétiques. Récit enfin, d’une quête des origines dont l’issue fut terrible pour Jean-Daniel REMOND.
S’il ignore toujours de qui il est né, il sait quand, en 1942, et où, dans un « Lebensborn ». Une de ces maternités très particulières, où les nazis recevaient de jeunes femmes au physique sélectionné, enceintes des œuvres de soldats allemands eux aussi triés sur le volet, pour qu’elles donnent naissance à de beaux bébés blonds, noyaux d’une super- race aryenne destinée à dominer le monde.
Un livre profond, courageux, intelligent et engagé.
SALMI Nadia, Des étoiles sombres dans le ciel, ho ! éditions, 2011
Nadia Salmi, journaliste à France 3 Nord-Pas-de-Calais et Paris-Match Belgique, partage son temps entre Lille et Bruxelles, sa ville natale. Des étoiles sombres dans le ciel est son premier roman.
Que ressent une jeune Française d’aujourd’hui lorsqu’elle apprend que son grand-père portait l’uniforme de la Wehrmacht ?
En imaginant l’histoire de Thérèse, la petite Française, et de Hans, l’officier allemand, ses grands-parents, Nadia Salmi donne la parole à tous ces enfants, considérés comme des enfants de la honte par la société et parfois même aussi par leur propre famille.
En 2007, au décès de sa grand-mère, Nadia Salmi découvre une photo de son grand-père en officier de la Wehrmacht. Comme environ 400 000 enfants, elle est, par sa mère, la petite-fille d’un soldat allemand. Elle tente alors d’en savoir plus sur ce grand-père dont on lui a toute sa vie caché l’existence, par peur du scandale. Par honte.
À partir de la correspondance laissée par sa grand-mère et jusqu’au archives de la Wehrmacht, Nadia dénoue les non-dits de ses origines et se lance, durant quatre ans, sur les traces de ses grands-parents, à la recherche de son identité.
« Que le chemin est long pour arriver jusqu’à toi ! J’espère que tu ne m’en voudras pas d’avancer à ma manière vers l’Allemagne, là où une moitié de moi a le vague à l’âme depuis que j’ai découvert tes mots, ta trace, toi, mon grand-père.
Quel mot étrange…
Grand-père. »
Une enquête passionnante, un récit émouvant.
SCHAAKE Erich : L´extraordinaire histoire de l´officier allemand qui sauva Bordeaux par amour – ce livre actuellement édité en allemand, voir site CSFen langue allemande, sera édité l’an prochain en français aux éditions Lafon.
En avril 1941, Heinz Stahlschmidt, sous-officier allemand, est envoyé rejoindre les troupes d´occupation installées à Bordeaux. Il tombe très vite sous le charme de la ville et de ses habitants qui le baptisent « le petit français au cœur allemand ».Un jour, sur le Port de la lune, il rencontre la jeune Henriette. Ce coup de foudre va changer sa vie et faire de lui un héros. La guerre prend un tour dramatique en 1944. Alors que les Alliés ont déjà débarqué en Normandie, on lui ordonne de faire sauter le port de Bordeaux et, avec lui, une grande partie de la ville et de sa population. C´en est trop pour le soldat amoureux ! Alors, quand la résistance le contacte et s´avoue dépassée par l´ampleur du plan de destruction, il décide de saboter lui-même le dépôt d´armes de la Wehrmacht en y mettant le feu, sauvant ainsi la ville et des milliers de Bordelais. Déserteur aux yeux de la Gestapo, contesté par les résistants, sollicité par les services secrets américains, Heinz Stahlschmidt doit pourtant fuir et se cacher. Une histoire d´amour et d´héroïsme en temps de guerre.
SCHLINK Bernhard, Amours en fuite, Folio Gallimard, 2001
Comment les amours naissent et finissent, quels détours elles empruntent pour s’abuser et se désabuser, se tromper et se détromper, voilà ce qu’éprouvent les sept protagonistes masculins de ces récits, souvent face à des femmes plus lucides et plus courageuses.
Il est impossible de rester insensible aux destins de ces hommes et ces femmes influencés par ce passé qui les poursuit et auxquels ils ne semblent pas pouvoir échapper.
SCHLINK Bernhard, Le liseur, Folio Gallimard, 1999
Ce livre raconte comment un garçon de quinze ans, Michaël, devient l’amant d’une femme de trente cinq ans, Hanna. Ils se voient tous les jours chez elle, où il fait rituellement la lecture à cette femme énigmatique. Un jour, elle disparaît sans laisser de traces. Les années passent. Michaël, étudiant en droit, la reconnaît, accusée dans un procès. Michaël comprend soudain l’insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais. La lecture de ce livre revient à se plonger dans la mémoire et l’histoire d’un pays et d’un peuple, et à découvrir un récit inexorablement lié à cette mémoire.
SCHNEIDER Valentin, Un million de prisonniers allemands en France, Vendémiaire 2011
Un million : c’est le nombre de soldats allemands prisonniers en France, à partir de juin 1944 et jusqu’en décembre 1948. A travers les registres des camps, les archives départementales et celles de la gendarmerie, ainsi que les rapports de la Croix-Rouge et les correspondances privées, c’est ce singulier itinéraire collectif que retrace ici Valentin Schneider. Un parcours qui du déminage aux travaux des champs, en passant par la difficile cohabitation avec la population, a constitué une aventure humaine complexe, où la faim, les mauvais traitements et la mort ont trouvé leur place, mais aussi une étonnante expérience de vie commune, dans une France confrontée aux défis de la reconstruction. En 1948, 20% de ceux qui restaient employés sur le territoire ont choisi d’y demeurer… Leur histoire n’avait pas encore été écrite.
SCHWAB Jean-Luc, BRAZDA Rudolf, Itinéraire d’un Triangle rose, Florent Massot, 2010.
A lire absolument.
De la montée du nazisme en Allemagne à l’invasion de la Tchécoslovaquie, de l’insouciance des années 1930 à l’horreur du camp de Buchenwald…
Rudolf se raconte, se confie à Jean-Luc qui œuvre pour Les » Oublié(e)s » de la Mémoire. Nous sommes en présence d’un livre exceptionnel où le » JE » fait place à l’histoire. Nous sommes loin de ces biographies où le narrateur se livre, avec plus ou moins de zèle, au travail d’écriture, de mise en perspective. Nous sommes à la croisée d’un livre d’histoire et d’une vie qui structure le fond, qui en est la trame, la substance. Jean-Luc met en perspective l’histoire atypique, concernant néanmoins 10 000 déportés, d’un homme de 97 ans qui aura traversé les pires difficultés pour ne pas être dans » la norme « . Cette » norme » aura conditionné toute son existence, toute son action. C’est une petite histoire dans la grande Histoire. Comment arrive-t-on à Buchenwald ? Comment vit-on quand on est homosexuel à Buchenwald ? Jean-Luc nous raconte. Il ne se contente pas de coucher sur le papier, d’enfiler des phrases. Il fait tout un travail d’historien, d’archiviste. Toutes les déclarations de Rudolf sont recoupées. Nous avons accès à l’information à l’état pure. Plongés au cœur de l’horreur nazie nous en ressortons enrichis sur le passé violent de ces êtres qui auront dû surmonter toutes les bassesses d’une idéologie pour survivre.
Rudolf, à l’automne de sa vie, se confie avec beaucoup d’intelligence, sans concession, sans fard sur ce que fut cette vie, sa vie. Non il ne regarde pas dans le rétroviseur, il transforme avec une énergie extraordinaire ce que fut son parcours. Son message est un message d’optimisme où la vie l’a emporté sur la monstruosité, la bassesse. Bravo.
SEEL Pierre, Moi Pierre Seel, déporté homosexuel, Calmann-Lévy, 1994
A la suite d’un dépôt de plainte, en 1939, pour une montre volée dans un quartier de Mulhouse, réputé fréquenté par les homosexuels, Pierre Seel se retrouve, à son insu, inscrit dans le fichier des homosexuels du commissariat. Quelques mois après l’invasion allemande, il est convoqué par la Gestapo. Il est arrêté, interrogé, torturé, violé pendant deux semaines. En mai 1941, il est déporté au camp de concentration de Schirmeck. Comme jeune alsacien, il se retrouve, après sa libération en novembre, enrôlé de force dans l’armée allemande, et envoyé sur le front russe. Après la libération, il lui faudra se reconstruire, mener une existence d’homme marié, à l’homosexualité inavouable. Il attendra d’avoir soixante-dix ans pour témoigner, à visage découvert, des atrocités vécues cinquante ans plus tôt. Bouleversant, atroce, édifiant.
SEITER Vincent, WAGNER Vincent – Un été en enfer – BD – Editions du Signe
Juillet 1942. En ces temps de guerre et de rationnements, faire manger une famille est souvent difficile. C’est pourquoi les parents du jeune Raymond envisagent d’envoyer leur fils en vacances chez sa tante. Quelques jours de vacances pour l’enfant, mais aussi quelques semaines avec une bouche de moins à nourrir pour la famille.
Le problème, c’est que la ferme Idoux se trouve sur le lieu-dit du Struthof. Une zone militaire normalement inaccessible aux civils. Sans trop d’espoir, les parents déposent une demande de séjour à la Kommandantur. La réponse leur parvient quelques jours plus tard. A leur grand étonnement, la demande est acceptée par les autorités allemandes. Raymond s’en réjouit. Il aime bien l’oncle Ernest et la tante Marie et apprécie de passer l’été à la montagne. Son dernier séjour remonte à septembre 1939 et il a hâte d’y retourner.
Mais il va vite déchanter en arrivant sur place. En moins de trois ans, le Struthof a bien changé et le paisible lieu de villégiature ressemble maintenant à l’antichambre de l’enfer …
SIMON-HOSE Véronique. Un, deux, trois… Soleil ! Témoignage, Société des Ecrivains, 2008.
» Fracassée, soumise, inscrite en pointillé dans l’histoire familiale, je danse maintenant sur le fil de ma vie. Mais que le combat fut rude pour en arriver là ! Retrouver le fil enchevêtré dans les méandres des affres familiales et personnelles, réveilla bien des douleurs et fit remonter des sordides oubliettes avec une violence inouïe, terreurs et détresse. Se réapproprier ce passé fut une démarche éprouvante. Détricoter ensuite la cotte de maille dans laquelle j’étais pétrifiée nécessita beaucoup d’énergie mais offrit une prise de conscience extraordinaire. La vérité, miroir de souffrance mais clé de compréhension a jailli et m’a libérée. Plus de carcan, plus de carapace, plus de boulet. Un gigantesque espace de liberté s’est ouvert ainsi que les portes de la connaissance. Je m’y suis engouffrée avec avidité, avec délectation, et tellement de reconnaissance. Comme je me sens apaisée, légère et si sereine. Mon corps s’éveille. Mes sens se réveillent et s’émerveillent. Passer d’une vie empoisonnée à une vie ensoleillée, quelle jubilation ! »
Avis d’un lecteur : C’est un témoignage sans concession qui vous entraîne au plus profond, au plus loin dans l’intimité de Véronique. Rarement j’ai lu un témoignage aussi maîtrisé mais osant aborder sans retenue ce que fut son parcours. Ce qui est extraordinaire c’est qu’elle a su à travers ses lignes nous narrer cette vie, sa vie sans pour autant nous entraîner dans un pathos » dégoulinant » Elle ne se fait pas de concession, elle ne fait pas de concession. Des mots soigneusement choisis pour être au plus près de sa vie, de son vécu. Tout est vrai, tellement vrai que je ne peux que saluer son honnêteté intellectuelle. A lire.
SIZUN Marie, La femme de l’Allemand, Livre de Poche (Grand prix des lectrices ELLE 2008)
Dans le Paris de l’après-guerre, une petite fille, Marion, vit avec sa mère, Fanny qu’elle adore. Peu à peu, pourtant, une dissonance s’installe, faussant leur relation. Des emportements inexplicables, un silence incompréhensible à propos de ce père allemand dont Marion ne sait rien ou presque. Avec le temps, Marion comprend que sa mère est maniaco-dépressive. Les rôles s’inversent alors. L’adolescente endosse cette raison qui, doucement, abandonne Fanny. Mais l’amour ne suffit pas pour terrasser la folie…
Marie Sizun sait dire avec émotion et pudeur l’amour qui rapproche et sépare les êtres.
STICKER Johannes, Moi, Johannes STICKER prisonnier allemand en Bretagne, Astoure, 2005
Histoire bouleversante d’un prisonnier de guerre allemand, incorporé dans le camp de Rennes, après la libération par les Alliés. Le jeune Johannes STICKER connaîtra la faim et l’humiliation dans un contexte de haine du « boche » et de pénurie dans la Bretagne rurale d’après guerre.
STRASSER Todd, La vague, Jean-Claude Gawsewitch, 2008
Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d’histoire aux Etats-Unis dans les années 70, crée un mouvement expérimental au slogan fort : « La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l’Action ». En l’espace de quelques jours, l’atmosphère du paisible lycée californien se transforme en microcosme totalitaire : avec une docilité effrayante, les élèves abandonnent leur libre-arbitre pour répondre aux ordres de leur nouveau leader, lui-même totalement pris par son personnage.
La vague est le récit hallucinant de cette expérience qui rappelle les heures les plus sombres de notre Histoire.
TAYLOR Kressmann, Inconnu à cette adresse, Autrement, 1999
Avec ce roman épistolaire, Kressmann TAYLOR raconte l’histoire de deux amis, Martin SCHULSE, un Allemand et Max EISENSTEIN, un juif américain, associés à San Francisco dans une affaire prospère de commerce de tableaux. Martin décide de retourner au pays. La correspondance entre les deux amis commence le 12 novembre 1932 et s’achèvera le 3 mars 1934.
Incisif, court et au dénouement saisissant, ce livre décrit une tragédie intime et collective, celle de l’Allemagne nazie.
TAYLOR Kressmann, Jour sans retour, Autrement, 2008
C’est le récit de l’ascension du nazisme à partir de l’histoire vraie et exemplaire d’un pasteur allemand qui a fui aux Etats-Unis. Ecrit en 1942, il s’agit d’un ouvrage terrible, étonnamment prémonitoire.
TENOR Arthur, Né maudit, Nathan poche, 12 ans et plus, 2007
Né en mai 1944, François est le fruit de l’amour éphémère d’une jeune française et d’un officier allemand pendant l’occupation. Abandonné par sa mère, il est confié à une famille d’accueil où il reçoit affection et attention. Jusqu’à ce qu’il en soit arraché par une grand-mère aigrie qui l’humilie, le punit pour un rien, lui faisant payer la honte de ses origines… Car François est un fils de « boche », un enfant né maudit, un enfant de la guerre. Un entretien avec Daniel ROUXEL, l’un de ces enfants de la guerre, termine le roman.
THIOLAY Boris, Lebensborn, La fabrique des enfants parfaits, enquête sur les enfants nés dans une maternité SS – Flammarion.
Erwin, Gisèle, Walter, Christiane ont aujourd’hui près de 70 ans. Ces français, marqués à jamais par le sceau de leur étrange origine, sont nés dans une maternité SS. Leur secret renvoie à l’un des projets nazis les plus terrifiants entrepris entre 1935 et 1945 : créer une « race supérieure », future élite du IIIème Reich. Ce livre raconte la création de nurseries spéciales, les Lebensborn, par la SS. Les deux parents étaient sélectionnés selon leur « pureté raciale aryenne » : grands, blonds, les yeux bleus. Les nourrissons y étaient abandonnés, puis adoptés par des familles modèles. Leur véritable identité était alors falsifiée.
Ces enfants, devenus adultes dévoilent pour la première fois leur histoire, depuis leur naissance dans un établissement du Lebensborn jusqu’à la maison-mère de l’organisation, ainsi que leur quête vertigineuse pour retrouver, des décennies plus tard, la trace de leurs parents.
Une enquête inédite qui met une part d’ombre de l’histoire de France.
Boris Thiolay est journaliste d’investigation à l’Express.
VASSILTCHIKOV « Missie », Journal d’une jeune fille russe à Berlin, 1940-1945, Phébus librello, 2007
Marie Vassiltchikov est une charmante russe issue d’une famille émigrée apparentée à tout le gotha européen. Elle mène d’abord une existence insouciante, mais la folie du nazisme va la métamorphoser. Obligée pour survivre de travailler au ministère des Affaires étrangères allemand, elle s’y lie d’amitié avec des opposants qui partagent sa haine du régime et n’ont bientôt qu’un seul but : abattre Hitler.
Son journal décrit, sur le vif, la vie quotidienne dans un Berlin livré au chaos – privations, bombardements, destructions massives, terreur policière, angoisse permanente de l’avenir. L’attentat du 20 juillet 1944 contre le Führer, qui s’achève dans un bain de sang, y est évoqué de façon saisissante.
VIOLLIER Yves, Elle voulait toucher le ciel, Robert Laffont, 2004
Enfant, Renée rêvait d’échapper au sort cruel réservé aux « filles de boches ». Arrivée maintenant à la cinquantaine, elle croit pouvoir se réapproprier sa vie toute entière en restaurant le magnifique logis de Tourtas qui donne à perte de vue sur l’immense ciel de Charente. Mais elle ne se doute pas qu’elle a rendez-vous avec son destin. Elle va réveiller un passé terrible, lourd de secrets douloureux et de haines inexpiables…
WALNER Michael, Avril à Paris, Robert Laffont, 2007
Le jour, Michel ROTH est traducteur pour la Gestapo. La nuit, il endosse des vêtements civils et flâne dans Paris en se faisant passer pour Antoine, un Français comme les autres. Chantal est une jolie Parisienne apparemment discrète et sans histoires. En réalité, elle appartient à un réseau de résistance sur le point de commettre un attentat contre l’armée d’occupation. Michel et Chantal vont s’aimer. Quand le jeune Allemand découvre que le réseau de Chantal est sur le point d’être découvert par ses supérieurs hiérarchiques, son destin bascule.
Cette très belle histoire d’une double vie impossible explore avec une rare sensibilité le déchirement d’un homme écartelé entre son devoir et ses sentiments, entre sa fidélité à son pays et son grand Amour.
WESTPHALEN Marie-Hélène, L’homme qui marche au bord du monde, Albin Michel, 2007
Dans une Bretagne secrète, César, né des amours d’une fille du pays et d’un soldat allemand, porte le poids d’un passé auquel il se sent étranger. Victime de l’opprobre jeté sur sa mère tondue à la Libération, il est depuis sa naissance jugé, mal aimé, rejeté. Jusqu’à ce jour de 1969 où, accusé d’un viol qu’il n’a pas commis, il décide de briser le sort, quitte sa terre natale et la femme qu’il aime. De l’Inde à la mer de Béring, quinze années durant, il va parcourir le monde, se frayer son propre chemin comme on s’invente une seconde existence, malgré la violence et la brutalité des hommes. Intense, envoûtant, ce roman retrace le destin poignant d’un innocent en quête de liberté.
WIAZEMSKY Anna, Mon enfant de Berlin, Gallimard, 2009
En septembre 1944; Claire, ambulancière à la Croix-Rouge française, se trouve à Béziers avec sa section, alors que dans quelques mois elle suivra les armées alliées dans un Berlin en ruine. Elle a vingt-sept ans, c’est une très jolie jeune femme avec de grands yeux sombres et de hautes pommettes slaves. Si on lui en fait compliment, elle feint de l’ignorer. Elle souhaite n’exister que par son travail depuis son entrée à la Croix-Rouge, un an et demi auparavant. Son courage moral et physique, son ardeur font l’admiration de ses chefs. Ses compagnes, parfois issues de milieux sociaux différents du sien ont oublié qu’elle est la fille d’un écrivain célèbre, François Mauriac, et la considèrent comme l’une d’entre elles, rien de plus. Au volant de son ambulance, quand elle transporte des blessés vers les hôpitaux surchargés, elle se sent vivre pour la première fois de sa jeune vie. Mais à travers la guerre, sans même le savoir, c’est l’amour que Claire cherche. Elle va le trouver à Berlin.
ZWEIG Stéphane, Le monde d’hier, livre de poche
Le monde d’hier, c’est la Vienne et l’Europe d’avant 1914, où Stefan Zweig a grandi et connu ses premiers grands succès d’écrivain, passionnément lu, écrit et voyagé, lié amitié avec Freud et Verhaeren, Rilke et Valéry… Un monde de stabilité où, malgré des tensions nationalistes, la liberté de l’esprit conservait toutes ses prérogatives.
Livre nostalgique ? Assurément. Car l’écrivain exilé qui rédige ces « souvenirs d’un Européen » a vu aussi, et nous raconte, le formidable gâchis de 1914, l’écroulement des trônes, le bouleversement des idées, puis l’écrasement d’une civilisation sous l’irrésistible poussée de l’hitlérisme…
Parsemé d’anecdotes, plein de charmes et de couleurs, de drames aussi, ce tableau d’un demi-siècle de l’histoire de l’Europe résume le sens d’une vie, d’un engagement d’écrivain, d’un idéal.
C’est aussi un des livres-témoignages les plus bouleversants et les plus essentiels pour nous aider à comprendre le siècle passé.
ESSAIS
BUISSON Patrick, 1940-1945 : Années érotiques, Vichy ou les infortunes de la vertu, tome 1, Albin Michel, 2008
Travail, Famille, Patrie. Contradiction entre une France vaincue et humiliée et une sexualité de guerre marquée par des débordements en tous genres. Dressant une fresque magistrale qui couvre aussi bien l’histoire politique, littéraire, cinématographique que la chanson, la mode ou les faits divers, le journaliste et politologue Patrick BUISSON, directeur de la chaîne Histoire, révèle la face cachée de l’Occupation, où l’anecdote le dispute à la révélation, et qui justifie une relecture vertigineuse de cette période.
CORNEAU Guy, Père manquant, fils manqué, éditions J’AI LU.
Pourquoi les hommes se coupent-ils de leur sensibilité ? Pourquoi ont-ils si peur de l’intimité ? Pour le comprendre, Guy Corneau, célèbre psychanalyste, nous invite à interroger la relation entre les fils et leur père.
Le silence de la figure paternelle entraîne chez les jeunes garçons une incertitude par rapport à leur masculinité et un manque qui perdure jusque dans l’âge adulte. Devenus grands, les hommes s’empresseront de dissimuler leurs blessures derrière un masque : le séducteur, le bon garçon, l’éternel adolescent, le héros, etc.
Père manquant, fils manqué, un livre majeur, permet aux hommes comme aux femmes de mieux comprendre les enjeux de la masculinité contemporaine et donne des clefs essentielles pour que les hommes reconquièrent leur authenticité… en rompant le silence.
Avis : à lire absolument. Vous y découvrirez, vous enfants de la guerre, des réponses, des clefs que nous ne détenons pas avant sa lecture. Par ailleurs vous pouvez vous le procurer dans cette collection à 6,70 €. Dans l’hypothèse où vous ne le trouveriez pas en librairie vous pouvez vous le procurer sur Internet auprès d’un distributeur bien connu.
CYRULNIK Boris, Autobiographie d’un épouvantail, Odile Jacob, 2008
Boris CYRULNIK poursuit son étude sur la résilience, cette aptitude à rebondir après un traumatisme. De la même manière que Saint Martin coupait son manteau pour le partager avec un nécessiteux, c’est en revêtant le traumatisé d’un « manteau de paroles » qu’on lui permet d’être résilient.
D’un côté, le récit permet de donner un sens à ce qui est arrivé et donc de ne pas sombrer dans l’absurde qui dévaloriserait à tout jamais, aux yeux de ces blessés de la vie, son existence. De l’autre, en étant entendu par les autres, le récit permet au « fracassé » de se reconstruire à partir de son traumatisme, sans devoir l’enfouir, le nier, le cacher, ce qui là encore dévaloriserait son existence. Le récit donne donc à la fois un sens et une valeur, et l’un et l’autre sont indispensables à la résilience.
Ces « épouvantails » ont su faire de leurs fragilités et de leurs blessures une force de vie, ce qui donne un livre d’espoir, d’amour de la vie à nul autre pareil, un livre de courage.
FRANCOIS Dominique, Femmes tondues, la diabolisation de la femme en 1944, préface de Catherine DURAND, psychiatre, postface de Gilles PERRAULT, Cheminements, 2006
Dominique FRANCOIS, infirmier psychiatrique et auteur de plusieurs ouvrages sur la seconde guerre mondiale, utilise dans ce récit, son expérience des relations humaines et de l’analyse des comportements, pour aborder le difficile dossier de l’Epuration et plus particulièrement celui de la « collaboration horizontale ».
Les témoignages et les analyses qu’il propose, permettent de comprendre le sens symbolique du phénomène des tontes. Quant aux paroles de ces femmes, elles nous retranscrivent, avec émotion, l’horreur du châtiment, l’humiliation et la difficile réinsertion, vécues par ces victimes.
GRIVE- SANTINI Catherine, Guide des cimetière en France, Le Cherche Midi, collection Guides, 1999
Ce guide recense les cimetières militaires en France et présente les types de sépulture françaises, américaines, britanniques et allemandes.
Après avoir évoqué l’enterrement du soldat, la mise en place des cimetières définitifs selon la nationalité des combattants, il répertorie, par département, près de 1000 cimetières pour lesquels sont indiqués : la commune, le nombre de tombes et/ou la présence d’ossuaires, les horaires de visite, les personnalités inhumés, les batailles à l’origine de la création du site. Témoignages et anecdotes ponctuent ce guide.
HILLEL Marc, Au nom de la race, Fayard,1975
Avec ce document prodigieux sur « l’élevage humain » de la SS et sur le rapt des enfants de « sang pur » à travers l’Europe, on touche à l’essence même du national-socialisme.
Au cours d’une longue et difficile enquête, Marc HILLEL et Clarissa HENRY ont retrouvé les témoins et les victimes de l’organisation SS Lebensborn. Que de plaies ouvertes !
JÖRG Friedrich, L’incendie. L’Allemagne sous les bombes 1940-1945, De Fallois, 2004
Le bombardement des villes allemandes, durant la Seconde Guerre mondiale, est un fait unique dans l’Histoire. Pendant quatre ans, pratiquant la stratégie de la terreur décidée par les Alliés, les 2000 avions du Bomber Command ont écrasé sous un déluge de feu plus de 1000 villes et villages. Ils tuèrent plus de 600 000 victimes dont 76 000 enfants, détruisant irrémédiablement des cités qui dataient du Moyen- Age.
Avec ce livre est enfin comblée une surprenante lacune de la mémoire du XXe siècle.
MISSIKA Dominique, La guerre sépare ceux qui s’aiment, Grasset, 2001.
L’amour serait-il plus fort que la guerre ? Sous l’occupation, les repères habituels volent en éclats. La guerre bouleverse les relations entre hommes et femmes, favorise l’amour et l’empêche tout à la fois, le libère ou l’interdit : fiançailles rompues, mariages précipités, divorces reportés, liaisons clandestines, amours interdites, séparations interminables.
MORIN Edgar, Culture et barbarie européennes, Bayard, 2005
Cet essai d’Edgar MORIN propose, après une rapide fresque historique, une réflexion sur la coexistence de culture et de barbarie, les ambivalences des idées et leurs conséquences ( la « nation », l’humanisme à double visage, la colonisation et l’émancipation ) et rend évident le fait que l’Europe ne pourra se construire que dans et par la reconnaissance de toutes les barbaries – et non par les repentances – car « penser la barbarie, c’est déjà commencer à lui résister ».
Petit livre de 93 pages, mais immense par la densité de sa réflexion et de sa culture.
RIGOULOT Pierre, Les enfants de l’épuration, Plon, 1993
Il n’est pas toujours facile d’être l’enfant de son père, surtout quand ce dernier s’appelle Raphaël ALIBERT, Marcel BUCCARD, Paul CHACK, Joseph DARNAND, Léon DEGRELLE, Olier MORDREL, Simon SABIANI, Paul TOUVIER et autres personnages qui furent fusillés, emprisonnés, exilés au moment de l’épuration.
Leurs enfants, lestés d’un nom bien lourd, ont aujourd’hui entre cinquante et soixante-dix ans. L’histoire nationale leur a imposé l’image d’un père couvert d’infamie, celle du « collabo », à laquelle est attachée l’horreur du génocide des juifs. Comment l’amour filial pourrait-il s’accommoder, sans trop de souffrance, de la diabolisation d’un père longtemps ou définitivement absent ?
Comment porter le poids d’une certaine mémoire et d’une certaine culpabilité ? Les témoignages d’une quarantaine de ces enfants célèbres ou inconnus, où histoire et psychologie se rencontrent, donnent à réfléchir.
ROMER Knud, Cochon d’Allemand, Les Allusifs, 2007.
Traduit du danois par Elena Balzano
Pour ce livre, Knud Romer a reçu The Danish Booksellers’Golden Lauretls , le pris BG Bank Debutant et le Weekendavisen’s literay Prize.
Avec la distance et l’humour des enfants qui sont plus raisonnables que ceux qui les maltraitent, KNUD ROMER compose l’émouvante histoire de sa famille, rejetée par les danois de Nykobing, à cause des origines allemandes de sa mère. Un enchaînement presque cinématographique de brèves séquences fait défiler les personnages en Allemagne et au Danemark des années trente jusqu’aux années soixante-dix. Le grand-père, un entrepreneur fou et visionnaire dont les projets échouent immanquablement, le père assureur qui ne vit que pour éviter le pire, la grand-mère, beauté défigurée par une explosion, qui a la larme facile et qui fait un goulasch incomparable… Mais surtout la mère, une ancienne résistante, trop fière pour répondre à la bêtise de ses voisins qui la prennent pour une nazie, et qui dissout son chagrin dans l’alcool. Et cet enfant, témoin du mépris permanent dont est frappée sa mère, trop petit pour l’aider, malgré tout son amour.
ROUQUET François, VIRGILI Fabrice, VOLDMAN Danièle ( sous la direction de ), Amours, guerres et sexualité, 1914-1945, Gallimard, BDIC/MUSEE DE L’ARMEE, 2007
Quand la guerre est là, comment continue-t-on d’aimer ? Au combat comme à l’arrière, hommes et femmes sont censés garder toutes leurs forces pour vaincre l’ennemi. Pourtant ni l’amour ni le désir ne peuvent disparaître. De façon ouverte ou cachée, toutes les formes de sentiments et de sexualité s’expriment au milieu des violences, des privations et des occupations. La proximité de la mort comme les situations exceptionnelles renforcent même l’aspiration à la passion, au plaisir, à l’amour, à la transgression.
SEBALD Winfried Georg, De la destruction comme élément de l’histoire naturelle, Actes Sud, 2004
Livre essentiel sur ce que vécurent les populations civiles allemandes lors des bombardements alliés. L’auteur fait un parallèle entre la profondeur du traumatisme vécu et le mutisme qu’il engendra, avec celui des survivants de Hiroshima. Ce qui l’étonne le plus est le manque de débat sur le sujet, après la guerre. Il avance quelques hypothèses, à la fois psychologiques et fatalistes, qui méritent lecture et réflexion.
SERENY Gitta, Albert Speer : son combat avec la vérité, Seuil, 1997
Gitta SERENY, journaliste et écrivain, a travaillé pendant dix ans à la rédaction de cette biographie d’Albert SPEER, architecte et ministre des Armements et Munitions de HITLER, condamné à vingt ans de réclusion.
Le résultat est un livre remarquable avec quelque chose d’une saga familiale. En effet, les personnages du drame – famille et fidèles secrétaires – restent constamment présents. Mais, à aucun moment, le récit ne perd de vue l’objectif qu’il poursuit, à savoir sa détermination à résoudre l’énigme SPEER : ses faux-fuyants, son angoisse personnelle, son obsession de l’assassinat des Juifs.
SICHROVSKY Peter, Naître coupable, naître victime, préface de Gilles PERRAULT, Maren Sell, 1988
Vingt-huit interviews croisées d’enfants de bourreaux ou enfants de victimes ( autrichiens ), nés de parents nazis ou nés de parents juifs, adolescents de quinze ans ou adultes de quarante-cinq ans, vivant en Allemagne ou en Autriche. Ils racontent leur vie, témoignent des séquelles de l’Holocauste dans leur famille, dans leur pays, dans leur vie quotidienne, hier et aujourd’hui, ici et ailleurs. Loin des études historiques, des essais théoriques, des discours édifiants, ces interviews constituent une véritable approche vécue.
TRONEL Jacky, les tondues de 1944, l’épuration et les femmes en Dordogne, ( 1944-1951 ), revue Arkheia, n° 17-18
Volonté de justice ou fureur de punir ? La répression des femmes déclarées coupables d’avoir collaboré avec l’ennemi pendant l’occupation, s’est exprimée sous deux formes, « sauvage » d’abord, légale ensuite. Tant dans l’inconscient collectif que dans l’imagerie populaire, la femme tondue incarne le symbole de l’épuration.
VIRGILI Fabrice, La France « virile », Des femmes tondues à la libération, Payot et rivages, 2000
« La France sera virile ou morte », a-t-on dit en 1944. Virile, elle le fut et les tontes des femmes accusées de collaboration en témoignent. Sur cet épisode de notre histoire qui, aujourd’hui encore, continue de susciter un malaise, on croyait tout savoir : ayant couché avec l’ennemi, des femmes avaient été violemment punies, dans un très court laps de temps, par des foules vengeresses et des résistants de la dernière heure.
Fruit d’une longue recherche, ce livre révèle que la moitié seulement de ces femmes avaient eu des relations sexuelles avec des Allemands ; que les tontes n’eurent rien d’éphémère, puisqu’elles s’étalèrent de 1943 à 1946 – deux dates qui impliquent parmi les tondeurs, la présence de résistants et la couverture de cette pratique par les autorités, après la Libération. 20 000 personnes environ furent touchées, de tous âges et de toutes professions, dans la France entière.
Pourquoi des femmes ? Quel sens donner à cet évènement ?
VIRGILI Fabrice, Naître ennemi, les enfants de couples franco-allemands nés pendant la Seconde guerre mondiale, Payot, 2009
Entre 1941 et 1949, des dizaines de milliers d’enfants sont nés, en France, de père allemand soldat puis prisonnier de guerre, ou en Allemagne, de père français prisonnier puis soldat de la zone française d’occupation. Des enfants nés ennemis. Dire l’histoire de ces pères, de ces mères et de ces enfants, lui donner un sens général, suivre leur parcours depuis l’invasion allemande jusqu’à aujourd’hui, tel est l’objet de ce livre qui a nécessité presque dix ans de recherches.
Histoire de l’intime, il s’attache aux filles mères et aux « enfants de boches », à la reconnaissance et à l’abandon, à l’amour et à la maltraitance. Histoire politique, il montre l’enjeu que ces enfants ont représenté dans ce qui fut une guerre démographique entre la France et l’Allemagne. Histoire de la filiation, il suit ces enfants entre rejet, secret et quête des origines à la recherche d’une réconciliation aussi bien politique que familiale.
Livre de référence pour tous ceux qui sont en quête de leurs origines, par la richesse des notes, de la bibliographie et des informations données sur les archives aussi bien allemandes que françaises.
FILMS ( par ordre chronologique )
HEMERY Cathelyne, Fils de boches, TF1,1994
Le premier enfant de la guerre qui prit l’initiative de sortir de l’isolement, s’appelle Daniel ROUXEL. En 1994, après avoir regardé un reportage, sur TF1, consacré aux Harkis, Daniel ROUXEL écrivit à la direction : « Madame, Monsieur, je n’ai jamais eu connaissance d’une émission télévisée sur les enfants issus, pendant la guerre, de mère française et de père allemand, dont je fais partie. Je serais vivement intéressé. Dans l’espoir, veuillez agréer… »
Alertés par ce sujet ignoré des grands médias, les producteurs de l’émission Reportages lui répondirent immédiatement et l’invitèrent à témoigner devant les caméras. Par la suite, Daniel ROUXEL fut contacté par des Françaises et des Français qui partageaient son sort. Etre compris et écouté, pouvoir échanger sur leur douleur, telles étaient les priorités de ces enfants de l’occupant auxquels on avait refusé, la plupart du temps, l’amour dû à tout être humain, quelle que soit sa naissance.
WEBER Christophe, Enfants de boches, WEBER Christophe et TRUC Olivier avec EICHHOFF Sarah et VIRGILI Fabrice, documentaire de 52 minutes, France3, 2003
Janvier 1945. La France respire, épure et choisit d’oublier immédiatement certains aspects essentiels de son Histoire. Notamment le fait que, selon des études récentes, 10 à 12% des naissances pendant les années d’Occupation, seraient constituées d’enfants très souvent non reconnus, abandonnés, dissimulés…
Ils symbolisent une forme de honte, aujourd’hui encore, parce que leur père était l’ennemi. Tout, ou presque, a été révélé et raconté sur la France pendant l’Occupation. Depuis 30 ans, en effet, les vilenies et autres horreurs de la Collaboration, exhumées douloureusement, rompent avec une certaine histoire officielle.
Une page de notre Histoire reste pourtant à écrire : une page immense où s’afficheraient des dizaines de milliers de visages et d’histoires individuelles : femmes françaises, soldats allemands, et les enfants nés d’une relation d’une nuit, de quelques jours, mois ou années.
Témoignage d’un de ces enfants de la guerre
Une photo en noir et blanc dans le Télérama n° 2773, et le sol se dérobe .Cette photo représente toute une vie de haine. Au premier plan, une femme qui marche, vêtue d’une blouse. Reposant sur son avant-bras, un nourrisson et tenant dans l’autre main un baluchon. Autour d’elle, d’autres femmes marquées du sceau de l’infamie. Nous sommes en pleine période de l’Epuration. La détresse se lit sur ces têtes tondues.
Ce qui suit, c’est un documentaire d’une grande pudeur. Le réalisateur n’est pas tombé dans la facilité. Il a filmé avec délicatesse ces enfants de boches, devenus des adultes, qui témoignent. Le rejet, la haine, la honte et le mensonge furent nos compagnons d’infortune. En regardant ces images, nous prenions conscience que nous étions, rien que pour la France, 200 000.
Nous approchions de la soixantaine et ce documentaire nous sortait de l’isolement. Jean BELOT, auteur de la critique de ce documentaire, termine son article en écrivant : « A la vue de ces images, plus d’un de ces réprouvés connaîtra sans doute un sentiment de soulagement en constatant qu’il n’est pas seul, claquemuré dans son secret ». Ces 52 minutes résument les vies gâchées de deux générations, voire pour certains, de trois, celle des petits-enfants.
CARLON Jean-Pierre, Tondues en 1944, documentaire de 52 minutes, productions du Lagon, France3, 2007
La Libération de la France est une période complexe où se mêlèrent joie et enthousiasme pour certains, mais aussi crainte et tristesse pour d’autres. Pour cimenter cette joie collective, un exutoire commun permet d’exprimer ces retrouvailles : s’en prendre aux collaborateurs, aux prisonniers allemands, à tous ceux qui ont eu des comportements jugés indignes.
Parmi ceux-là, les femmes qui ont eu des relations affectives avec des soldats allemands, seront tondues. Dans la France occupée, de jeunes femmes, par insouciance ou inconscience, franchissent les interdits et commettent l’impensable : le délit d’adultère avec l’ennemi de la Nation.
Fabrice VIRGILI, historien, auteur de La France virile, pose une véritable réflexion sur la symbolique de la tonte. Des corps qui sont alors perçus comme les derniers symboles de l’Occupation.
Cette façon de faire du corps des femmes un enjeu, car il représente à lui seul le conflit tout entier, ce n’est pas une nouveauté de l’Histoire. Et pourtant le comportement des hommes n’est pas exempt de comportements identiques, comme les prisonniers français en Allemagne vivant des histoires amoureuses avec des allemandes. A leur retour en France, rien ne leur sera reproché et leur chevelure restera intacte.
Un excellent documentaire qui revient sur cette période trouble, en alliant rigueur historique et émotion.