Itinéraire d’un Triangle rose

SCHWAB Jean-Luc, BRAZDA Rudolf

De la montée du nazisme en Allemagne à l’invasion de la Tchécoslovaquie, de l’insouciance des années 1930 à l’horreur du camp de Buchenwald…

Rudolf se raconte, se confie à Jean-Luc qui œuvre pour Les  » Oublié(e)s  » de la Mémoire. Nous sommes en présence d’un livre exceptionnel où le  » JE  » fait place à l’histoire. Nous sommes loin de ces biographies où le narrateur se livre, avec plus ou moins de zèle, au travail d’écriture, de mise en perspective. Nous sommes à la croisée d’un livre d’histoire et d’une vie qui structure le fond, qui en est la trame, la substance. Jean-Luc met en perspective l’histoire atypique, concernant néanmoins 10 000 déportés, d’un homme de 97 ans qui aura traversé les pires difficultés pour ne pas être dans  » la norme « . Cette  » norme  » aura conditionné toute son existence, toute son action. C’est une petite histoire dans la grande Histoire. Comment arrive-t-on à Buchenwald ? Comment vit-on quand on est homosexuel à Buchenwald ? Jean-Luc nous raconte. Il ne se contente pas de coucher sur le papier, d’enfiler des phrases. Il fait tout un travail d’historien, d’archiviste. Toutes les déclarations de Rudolf sont recoupées. Nous avons accès à l’information à l’état pure. Plongés au cœur de l’horreur nazie nous en ressortons enrichis sur le passé violent de ces êtres qui auront dû surmonter toutes les bassesses d’une idéologie pour survivre.
Rudolf, à l’automne de sa vie, se confie avec beaucoup d’intelligence, sans concession, sans fard sur ce que fut cette vie, sa vie. Non il ne regarde pas dans le rétroviseur, il transforme avec une énergie extraordinaire ce que fut son parcours. Son message est un message d’optimisme où la vie l’a emporté sur la monstruosité, la bassesse. Bravo.

SCHWAB Jean-Luc, BRAZDA Rudolf
Florent Massot
2010