La remise de la Bundesverdienstkreuz à notre association a été une opportunité de remettre le dossier des enfants de la guerre sous les feux de l’actualité. Nous remercions Madame Bérangère LEPETIT et son journal Le Parisien pour ce très bel article. En quelques exemples Madame Bérangère LEPETIT a réussi à mettre en évidence l’actualité des problèmes que nous rencontrons encore.
Die Verleihung des Bundesverdienstkreuzes an unseren Verein war eine Gelegenheit, das Thema Kriegskinder wieder in den Fokus der Öffentlichkeit zu rücken. Wir danken Frau Bérangère LEPETIT und ihrer Zeitung Le Parisien für diesen sehr schönen Artikel. In einigen Beispielen ist es Frau Bérangère LEPETIT gelungen, die Aktualität der Probleme, mit denen wir immer noch konfrontiert sind, hervorzuheben.

Texte de l’article de

Mme Bérangère LEPETIT

​Dans ses rêves les plus secrets, elle s’imaginait venir « des île s » ou encore « d’Espagne ». Née sous X en 1945 à Vichy (Allier), puis adoptée par un couple français en Saône-et-Loire, Bernadette Heumez avait pris espagnol comme langue vivante au lycée. « J’étais persuadée que je venais du Sud », lâche dans un petit sourire la femme aux lunettes fumées et à l’élégant manteau beige que nous rencontrons à Paris. Bernadette a cherché en vain, pendant près de quarante ans, ses origines.

Un test ADN (test révélant les origines généalogiques d’une personne, illégal en France) réalisé en 2018 a détruit ses fantasmes en même temps qu’il a bouleversé le cours de son existence, jusqu’à son identité la plus profonde. À 74 ans, Bernadette a appris qu’elle était une « enfant de la honte », comme on surnommait ces petits nés dans les méandres de la Seconde Guerre mondiale. Son père s’appelait Paul Franz Wilczek, un Allemand d’origine polonaise dont le bataillon a stationné près de Vichy à la fin de la guerre. Sa mère, qui l’a abandonnée à la naissance, répondait au nom de MarieRose Serre, une Française de la région du Cantal.

À la suite de cette révélation, et en vertu d’un accord franco-allemand de 2009, la retraitée de 80 ans vient d’obtenir la nationalité allemande. « J’attends ma nouvelle carte d’identité par la Poste d’un jour à l’autre.» Étonnant, le cas de Bernadette n’est pas isolé.

Text des Artikels von

Frau Bérangère LEPETIT

Automatische Übersetzung mit Deepl erstellt

 In ihren geheimsten Träumen stellte sie sich vor, „von den Inseln“ oder „aus Spanien“ zu kommen. Bernadette Heumez wurde 1945 in Vichy (Allier) unter Zwang geboren und später von einem französischen Ehepaar in der Region Saône-et-Loire adoptiert. „Ich war überzeugt, dass ich aus dem Süden komme“, sagt die Frau mit der rauchfarbenen Brille und dem eleganten beigen Mantel, die wir in Paris treffen, mit einem kleinen Lächeln. Bernadette hatte fast vierzig Jahre lang vergeblich nach ihrer Herkunft gesucht.

Ein 2018 durchgeführter DNA-Test (ein in Frankreich illegaler Test, der die genealogischen Ursprünge einer Person offenbart) zerstörte ihre Fantasien, während er gleichzeitig den Verlauf ihrer Existenz bis hin zu ihrer tiefsten Identität umkrempelte. Im Alter von 74 Jahren erfuhr Bernadette, dass sie ein „Kind der Schande“ war, wie man die Kleinen nannte, die in den Wirren des Zweiten Weltkriegs geboren wurden. Ihr Vater hieß Paul Franz Wilczek, ein Deutscher polnischer Abstammung, dessen Bataillon gegen Ende des Krieges in der Nähe von Vichy stationiert war. Ihre Mutter, die sie bei der Geburt verlassen hatte, hörte auf den Namen MarieRose Serre, eine Französin aus der Region Cantal.

Aufgrund dieser Enthüllung und eines deutsch-französischen Abkommens aus dem Jahr 2009 hat die 80-jährige Rentnerin nun die deutsche Staatsangehörigkeit erhalten. „Ich erwarte jeden Tag meinen neuen Personalausweis per Post.“ Erstaunlich: Bernadettes Fall ist kein Einzelfall.

« Il faut pouvoir s’armer de patience »

Très investie sur le sujet, l’ambassade d’Allemagne en France a rendu une cérémonie émouvante début novembre en remettant à l’association de Bernadette, Cœurs sans frontières, les insignes de chevalier de l’ordre du Mérite. D’après l’ambassade, si les « enfants de Boche » sont estimés aux alentours de 200 000 dans notre pays, ils ne seraient qu’une poignée à avoir obtenu la double nationalité depuis 2009.

Dès 2010, Daniel Rouxel a ouvert la voie. Né en 1943 de l’union d’une Française et d’un soldat allemand, il est le premier « enfant de la guerre », alors âgé de 66 ans, à s’être vu accorder la double nationalité par Berlin. Il a même depuis changé de nom, accolant à son patronyme français celui de son père allemand, Amon. En 2017, c’est Jean Willemin, fruit des amours interdites d’une jeune fille française et d’un militaire allemand, né en avril 1944 qui est devenu allemand. Ces derniers mois, Thierry Soudan, 81 ans, habitant de l’île d’Oléron (Charente-Maritime) et Bernadette Heumez ont rejoint ce cercle restreint de binationaux ayant cette lourde histoire en commun.

La longue procédure, soumise à de nombreuses conditions, nécessite l’extrait d’acte de naissance du père allemand. « Ce n’est pas un petit truc de rien du tout. Il faut pouvoir s’armer de patience », note Marlène Maerkert, membre allemande de l’association. Bernadette a ainsi attendu deux ans. Pour décrocher le graal, il faut rassembler un nombre incalculable de documents administratifs, pouvoir prouver qu’on est bien fils ou fille d’un soldat allemand de la Wehrmacht, l’armée du IIIe Reich pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce titre ne concerne pas les descendants. « Je ne pourrai pas, par exemple, transmettre ma nationalité allemande à ma fille », précise Bernadette.

„Man muss sich in Geduld üben können“

Die deutsche Botschaft in Frankreich, die sich sehr für dieses Thema einsetzt, hat Anfang November eine bewegende Zeremonie abgehalten und Bernadettes Verein „Herzen ohne Grenzen“ die Insignien eines Ritters des Verdienstordens verliehen. Nach Angaben der Botschaft wird die Zahl der „Kinder von Boche“ in unserem Land auf etwa 200.000 geschätzt, doch nur eine Handvoll von ihnen hat seit 2009 die doppelte Staatsbürgerschaft erhalten.

Bereits 2010 hat Daniel Rouxel den Weg geebnet. Er wurde 1943 als Sohn einer Französin und eines deutschen Soldaten geboren und war das erste „Kriegskind“, dem Berlin im Alter von 66 Jahren die doppelte Staatsbürgerschaft verliehen hat. Seitdem hat er sogar seinen Namen geändert und an seinen französischen Nachnamen den seines deutschen Vaters, Amon, angehängt. 2017 wurde der im April 1944 geborene Jean Willemin, das Ergebnis der verbotenen Liebe eines französischen Mädchens und eines deutschen Soldaten, zum Deutschen. In den letzten Monaten sind Thierry Soudan (81), der auf der Insel Oléron (Charente-Maritime) lebt, und Bernadette Heumez zu diesem engen Kreis von Doppelstaatlern mit dieser schweren gemeinsamen Geschichte hinzugekommen.

Für das langwierige Verfahren, das an zahlreiche Bedingungen geknüpft ist, wird die Geburtsurkunde des deutschen Vaters benötigt. „Das ist keine Kleinigkeit. Man muss sich mit Geduld wappnen können“, stellt Marlène Maerkert, ein deutsches Mitglied des Vereins, fest. Bernadette hat zwei Jahre gewartet. Um den Titel zu erhalten, muss man unzählige Verwaltungsdokumente zusammenstellen und nachweisen, dass man Sohn oder Tochter eines deutschen Soldaten der Wehrmacht, der Armee des Dritten Reichs im Zweiten Weltkrieg, ist. Dieser Titel gilt nicht für die Nachkommen. „Ich kann zum Beispiel meine deutsche Staatsangehörigkeit nicht an meine Tochter weitergeben“, erklärt Bernadette.

Une forme de réparation

Mais pour elle, comme pour les autres, ce titre est avant tout une manière de réparer des maltraitances, des parcours parfois chaotiques d’adoption, des vies brisées par la guerre. « Ils deviennent allemands sans avoir jamais habité en Allemagne et sans parler la langue, c’est un geste fort », salue Chantal Le Quentrec, présidente de l’association Cœurs sans frontières. « C’est symbolique et honorifique. Une manière de réconcilier nos deux identités », reconnaît Bernadette qui s’est découvert ces derniers temps un amour de la musique allemande et une certaine « rigueur intellectuelle », dit-elle. Elle évoque longuement sa quête effrénée pour tenter de comprendre d’où elle venait, jusqu’à se former pour devenir détective privée.

Thierry Soudan, lui, a attendu d’avoir 76 ans, en 2019, pour découvrir qu’il avait un demi-frère et une demi-sœur en Allemagne. Quant à Jean Willemin, son récit est une exception. Sa mère, « une fille-mère extrêmement mal vue par la société », dit cet homme né en 1944 dans le Jura, ne lui a rien caché de ses origines dans son enfance, mais, en raison de la construction du mur de Berlin, en 1961, il n’a jamais pu se rendre à l’Est rencontrer son père. « Un an après la chute du mur, j’ai pu voir sa tombe », lâche l’homme à la barbe blanche qui porte sur le revers de sa veste un pin’s représentant, unis, le drapeau de la France et celui de l’Allemagne.

Daniel Rouxel n’a, pour sa part, commencé à parler ouvertement de son histoire que dans les années 1990. De tous, c’est sans doute lui qui a connu l’enfance la plus tourmentée. « Quand il était petit, sa mère a fui la honte et a déménagé à Paris, le laissant seul à sa grand-mère, qui l’appelait le fils de Boche. Elle l’a élevé dans un village de la campagne bretonne et l’enfermait tous les jours dans le poulailler pour le punir », raconte Philippe Rouxel, son fils.

Eine Form der Wiedergutmachung

Aber für sie, wie auch für die anderen, ist dieser Titel vor allem eine Möglichkeit, Misshandlungen, manchmal chaotische Adoptionswege und durch den Krieg zerstörte Leben wiedergutzumachen. „Sie werden Deutsche, ohne jemals in Deutschland gelebt zu haben und ohne die Sprache zu sprechen, das ist eine starke Geste“, begrüßt Chantal Le Quentrec, Vorsitzende des Vereins Herzen ohne Grenzen, den Titel. „Es ist symbolisch und ehrenhaft. Eine Art, unsere beiden Identitäten zu versöhnen“, räumt Bernadette ein, die in letzter Zeit ihre Liebe zur deutschen Musik und eine gewisse ‚intellektuelle Strenge‘ entdeckt hat, wie sie sagt. Sie erzählt lange von ihrer zügellosen Suche nach ihrer Herkunft, bis sie sich zur Privatdetektivin ausbilden ließ.

Thierry Sudan hingegen wartete bis zu seinem 76. Geburtstag im Jahr 2019, um herauszufinden, dass er einen Halbbruder und eine Halbschwester in Deutschland hatte. Was Jean Willemin betrifft, so ist seine Erzählung eine Ausnahme. Seine Mutter, „eine von der Gesellschaft extrem schlecht angesehene Tochtermutter“, so der 1944 im Jura geborene Mann, habe ihm in seiner Kindheit nichts über seine Herkunft verschwiegen, aber aufgrund des Baus der Berliner Mauer 1961 habe er nie in den Osten reisen können, um seinen Vater zu treffen. „Ein Jahr nach dem Fall der Mauer konnte ich sein Grab sehen“, sagt der Mann mit dem weißen Bart, der am Revers seiner Jacke eine Anstecknadel trägt, auf der die Flagge Frankreichs und die Flagge Deutschlands vereint sind.
Daniel Rouxel begann erst in den 1990er Jahren, offen über seine Geschichte zu sprechen. Von allen hatte er wahrscheinlich die gequälteste Kindheit. „Als er klein war, floh seine Mutter vor der Schande und zog nach Paris, sodass er allein bei seiner Großmutter blieb, die ihn den Sohn von Boche nannte. Sie zog ihn in einem Dorf auf dem bretonischen Land auf und sperrte ihn zur Strafe jeden Tag in den Hühnerstall“, erzählt ihr Sohn Philippe Rouxel.

« Une bonne centaine de pères » retrouvés

C’est lui, Daniel Rouxel, cet homme au douloureux passé, récemment victime d’un AVC et croisé à l’ambassade d’Allemagne, qui a créé, en 2005, l’association franco-allemande Cœurs sans frontières. Depuis près de vingt ans, cette structure d’environ 160 adhérents aide les enfants de la guerre des deux côtés de la frontière à retrouver l’identité de leur père, la trace éventuelle de descendants, à rassembler les racines éparpillées. « Dans chaque région, nous disposons de délégués qui font un travail de fourmi, prennent contact les uns avec les autres, lancent des appels à témoignage », explique Jean Willemin. Les résultats sont au rendez-vous. « Nous sommes partis de rien. En 2005, nous étions une bande de gens délabrés. Aujourd’hui, nous avons retrouvé une bonne centaine de pères », se réjouit son actuelle présidente, Chantal Le Quentrec.

En 2007, la jeune association avait été reçue au ministère des Affaires étrangères qui avait proposé de faire avancer le dossier de la double nationalité. Quelques mois plus tard, en avril 2008, le ministre Bernard Kouchner relançait l’idée dans un discours à Berlin, regrettant que la France et l’Allemagne restent « sourdes à la détresse […] des victimes à retardement de la violence de nos peuples ». Un an plus tard, la double nationalité était accordée côté allemand.

« L’Allemagne nous a ouvert largement ses archives. Elle a accepté de se déclarer coupable, de porter le poids de son histoire, et la nouvelle génération essaye désormais de sortir de cette culpabilité. La France est beaucoup plus frileuse sur le sujet », estime Chantal Le Quentrec qui a l’intention de solliciter, dans les mois qui viennent, des députés français. Un sujet lui tient particulièrement à cœur : celui de la légalisation par la France des tests ADN, ces tests généalogiques par correspondance qui permettent de retrouver des membres de sa famille et interdits dans notre pays, cas rare en Europe avec la Pologne (l’achat d’un test sur Internet par des personnes résidant en France est passible de 3 750 € d’amende). Ces dernières années, cette interdiction a freiné le travail de Cœurs sans frontières.

« Je m’occupe d’aider les Allemands qui recherchent leur père français. Ils rencontrent beaucoup de difficultés, car les Français sont peu nombreux à réaliser ces tests », poursuit Chantal Le Quentrec.

Le temps presse pour ces octogénaires en mal de racines. Certains cherchent depuis des décennies à lever le mystère de leurs origines et quittent ce monde sans avoir trouvé. « Depuis quelques années, nous sommes confrontés à de nombreux décès. Il arrive que des petits enfants prennent le relais mais eux-mêmes vieillissent. C’est dur. Il en faut, de l’énergie, pour retrouver sa famille. »

„Gut hundert Väter“ gefunden

Er, Daniel Rouxel, dieser Mann mit einer schmerzhaften Vergangenheit, der vor kurzem einen Schlaganfall erlitten hat und in der deutschen Botschaft auf ihn traf, war es, der 2005 den deutsch-französischen Verein Herzen ohne Grenzen gründete. Seit fast zwanzig Jahren hilft diese Struktur mit rund 160 Mitgliedern Kriegskindern auf beiden Seiten der Grenze, die Identität ihres Vaters und die eventuelle Spur von Nachkommen zu finden und die verstreuten Wurzeln zusammenzuführen. „In jeder Region haben wir Delegierte, die eine Menge Arbeit leisten, Kontakt zueinander aufnehmen und Zeugenaufrufe veröffentlichen“, erklärt Jean Willemin. Die Ergebnisse können sich sehen lassen. „Wir haben aus dem Nichts angefangen. Im Jahr 2005 waren wir ein Haufen heruntergekommener Leute. Heute haben wir gut 100 Väter wiedergefunden“, freut sich die derzeitige Vorsitzende Chantal Le Quentrec.

Im Jahr 2007 war die junge Vereinigung im Außenministerium empfangen worden, das vorschlug, die Frage der doppelten Staatsbürgerschaft voranzutreiben. Einige Monate später, im April 2008, brachte Minister Bernard Kouchner die Idee in einer Rede in Berlin wieder auf und bedauerte, dass Frankreich und Deutschland „taub bleiben für die Not […] der verzögerten Opfer der Gewalt unserer Völker“. Ein Jahr später wurde die doppelte Staatsbürgerschaft auf deutscher Seite gewährt.
„Deutschland hat uns seine Archive weit geöffnet. Es hat akzeptiert, sich schuldig zu erklären, die Last seiner Geschichte zu tragen, und die neue Generation versucht nun, aus dieser Schuld herauszukommen. Frankreich ist bei diesem Thema viel zurückhaltender“, meint Chantal Le Quentrec, die in den kommenden Monaten französische Abgeordnete um Hilfe bitten will. Ein Thema liegt ihr besonders am Herzen: die Legalisierung von DNA-Tests in Frankreich. Dabei handelt es sich um genealogische Tests per Post, mit denen man Familienmitglieder ausfindig machen kann und die in unserem Land verboten sind – ein seltener Fall in Europa mit Polen (der Kauf eines Tests im Internet durch in Frankreich ansässige Personen kann mit einer Geldstrafe von 3750 € geahndet werden). In den letzten Jahren hat dieses Verbot die Arbeit von Hearts Without Borders behindert.
„Ich helfe Deutschen, die nach ihren französischen Vätern suchen. Sie stoßen auf große Schwierigkeiten, da nur wenige Franzosen diese Tests durchführen“, fährt Chantal Le Quentrec fort.

Die Zeit drängt für diese 80-Jährigen, die sich nach ihren Wurzeln sehnen. Manche versuchen seit Jahrzehnten, das Geheimnis ihrer Herkunft zu lüften, und verlassen diese Welt, ohne fündig geworden zu sein. „Seit einigen Jahren sind wir mit zahlreichen Todesfällen konfrontiert. Es kommt vor, dass Enkelkinder den Staffelstab übernehmen, aber sie selbst werden immer älter. Das ist hart. Es braucht viel Energie, um seine Familie wiederzufinden“.

Allemagne : La difficile quête des « petits Français »

ENFANT, Meggie n’était jamais invitée aux anniversaires de ses camarades. « C’est une petite Française », entendait-elle parfois dans les rues de Münsingen, une ville de 14 000 habitants. « Je ne comprenais rien, je n’ai appris qu’à 14 ans qui était mon père. » Avec sa peau mate, ses cheveux noirs, Meggie était perçue comme différente dans cette région du sud de l’Allemagne connue pour avoir h é b e r g é u n c a m p d e manœuvre des Forces françaises en Allemagne pendant la guerre froide.

Selon l’ambassade d’Allemagne, ces « enfants de Français » seraient environ 20 000, nés pendant la Seconde Guerre mondiale et dans son sillage, de mère allemande et de père français, soldats ou travailleurs réquisitionnés du STO (service du travail obligatoire). Meggie, 77 ans, est née d’une relation illégitime entre un gendarme de 47 ans, déjà père et marié en France, et d’une veuve allemande de guerre de 40 ans élevant seule une fillette de 9 ans. « Je n’étais pas prévue, mais pour ma mère, je suis restée la préférée. Elle m’adorait », relate Meggie dont le père, reparti en France en 1949, n’a plus donné de nouvelles.

De ces histoires nouées dans les usines ou les fermes, l’historienne française Gwendoline Cicottini a écrit une thèse puis un livre passionnant (« Relations interdites », Éd. de la Maison des sciences de l’homme). « Le rejet de ces enfants n’était pas aussi fort qu’en France avec les enfants nés de père allemand. Si on pouvait parfois entendre l’expression sale Français, cette stigmatisation était surtout liée au fait qu’ils étaient pour la plupart illégitimes, non reconnus par leur père. À l’époque, c’était très mal perçu. Nombreux ont été ceux placés à l’adoption. »

Deutschland : Die schwierige Recherche der „kleinen Franzosen“.

Meggie wurde nie zu den Geburtstagen ihrer Mitschüler eingeladen. „Sie ist eine kleine Französin“, hörte sie manchmal in den Straßen von Münsingen, einer Stadt mit 14.000 Einwohnern. „Ich habe nichts verstanden, ich habe erst mit 14 Jahren erfahren, wer mein Vater ist.“ Mit ihrer dunklen Haut und ihrem schwarzen Haar wurde Meggie in dieser süddeutschen Region, die dafür bekannt ist, dass sie während des Kalten Krieges ein Manöverzentrum der französischen Streitkräfte in Deutschland beherbergte, als anders wahrgenommen.

Nach Angaben der deutschen Botschaft handelt es sich bei diesen „Kindern von Franzosen“ um etwa 20.000, die während des Zweiten Weltkriegs und in dessen Gefolge geboren wurden und eine deutsche Mutter und einen französischen Vater haben, die Soldaten oder requirierte Arbeiter des STO (Service du travail obligatoire) waren. Die 77-jährige Meggie wurde aus einer unehelichen Beziehung zwischen einem 47-jährigen Gendarmen, der bereits Vater und in Frankreich verheiratet war, und einer 40-jährigen deutschen Kriegswitwe geboren, die allein ein neunjähriges Mädchen großzog. „Ich war nicht vorgesehen, aber für meine Mutter blieb ich der Liebling. Sie liebte mich“, berichtet Meggie, deren Vater 1949 nach Frankreich zurückkehrte und sich nicht mehr meldete.
Die französische Historikerin Gwendoline Cicottini hat über diese Geschichten, die in den Fabriken oder auf den Bauernhöfen geknüpft wurden, eine Dissertation und anschließend ein spannendes Buch geschrieben („Relations interdites“, Éd. de la Maison des sciences de l’homme). „Die Ablehnung dieser Kinder war nicht so stark wie in Frankreich bei Kindern, die von deutschen Vätern geboren wurden. Zwar konnte man manchmal den Ausdruck sale Français hören, aber diese Stigmatisierung hing vor allem damit zusammen, dass die meisten von ihnen unehelich waren und von ihren Vätern nicht anerkannt wurden. Zu dieser Zeit wurde dies sehr schlecht angesehen. Viele von ihnen wurden zur Adoption freigegeben“.

« Père inconnu »

Meggie, dont l’acte de naissance spécifie « père inconnu », n’a jamais pu revoir son géniteur comme la plupart de ces petits aux destins tortueux, en quête perpétuelle de leurs racines. « Mon passeport est allemand mais mon cœur bat pour la France. Toute ma vie, j’ai passé mes vacances en France », confie celle qui, grâce à une enquête menée avec l’association Cœurs sans frontiè- res, a pu renouer avec son passé. Et, à 70 ans, retracer la vie de son père, vigneron en Bourgogne. Toute sa vie, ses origines ont été entourées d’un pesant secret.

Ce n’est pas le cas de Marlène Märkert, originaire de la Forêt-Noire, qui a toujours su qu’elle était née de père français. Elle n’a jamais connu cet homme, arrivé en 1945 en Allemagne et reparti en France en février 1946, atteint d’une pneumonie après un « coup de foudre » selon Marlène, pour une Allemande, tombée enceinte. « Ma mère n’a jamais voulu que je prenne contact avec lui. Elle me disait : Tu vas mettre le désordre dans sa vie. » Si Marlène a pu rencontrer sa demi-sœur et ses demi-frères français. Meggie, elle, a tenté en vain de nouer u n l i e n avec sa demi-sœur française, âgée de 92 ans. Et contrairement aux « enfants d’Allemands », elle n’a pas pu obtenir la nationalité française. « Cela aurait pourtant été mon grand rêve. »

„Unbekannter Vater“

Meggie, in deren Geburtsurkunde „Vater unbekannt“ vermerkt ist, hat ihren Erzeuger nie wiedersehen können, wie die meisten dieser kleinen Kinder mit verschlungenen Schicksalen, die ständig auf der Suche nach ihren Wurzeln sind. „Mein Pass ist deutsch, aber mein Herz schlägt für Frankreich. Mein ganzes Leben lang habe ich meine Ferien in Frankreich verbracht“, sagt sie, die dank einer Untersuchung mit der Organisation ‚Coeurs sans frontières‘ (Herzen ohne Grenzen) an ihre Vergangenheit anknüpfen konnte. Mit 70 Jahren konnte sie das Leben ihres Vaters, eines Winzers in Burgund, nachvollziehen. Ihr ganzes Leben lang war ihre Herkunft von einem schweren Geheimnis umgeben.

Nicht so Marlène Märkert aus dem Schwarzwald, die immer wusste, dass sie als Tochter eines französischen Vaters geboren wurde. Sie hat den Mann nie kennengelernt, der 1945 nach Deutschland kam und im Februar 1946 nach Frankreich zurückkehrte, wo er an einer Lungenentzündung erkrankte, nachdem er sich laut Marlène „auf den ersten Blick“ in eine Deutsche verliebt hatte und schwanger wurde. „Meine Mutter wollte nie, dass ich Kontakt zu ihm aufnahm. Sie sagte mir: Du bringst sein Leben durcheinander.“ Zwar konnte Marlène ihre französische Halbschwester und ihre Halbbrüder kennenlernen. Meggie hingegen versuchte vergeblich, eine Beziehung zu ihrer 92-jährigen französischen Halbschwester aufzubauen. Und im Gegensatz zu den „Kindern von Deutschen“ konnte sie die französische Staatsbürgerschaft nicht erwerben. „Das wäre mein großer Traum gewesen.