Ce 24 octobre 2024, Bernadette Heumez recevait à Marseille la confirmation de sa nationalité allemande des mains du consul d’Allemagne.
Si c’est l’aboutissement d’une longue recherche, ce n’est pas pour Bernadette la fin de son combat : celui qu’elle mène pour l’ouverture des tests ADN à tous dans le cadre d’un nouvel environnement législatif. C’est ce que nous raconte l’article de de madame Mathilde Duchatelle dans le journal LA MONTAGNE.
Am 24. Oktober 2024 erhielt Bernadette Heumez in Marseille aus den Händen des deutschen Konsuls die Bestätigung ihrer deutschen Staatsangehörigkeit.
Dies ist zwar das Ergebnis einer langen Recherche, doch für Bernadette ist es nicht das Ende ihres Kampfes, den sie für die Öffnung von DNA-Tests für alle im Rahmen eines neuen gesetzlichen Umfelds führt. Dies erzählt uns der Artikel von Frau Mathilde Duchatelle in der Zeitung LA MONTAGNE.
Texte de l’article de
Mme Mathilde Duchatelle
Née „sous X“ dans l’Allier en 1945,
elle milite pour changer le droit
Bernadette Heumez Letienne, née dans l’Allier « sous X » en 1945, sait désormais qui sont ses parents biologiques. Après des années de recherche et de « coups de bol ». Ça ne l’empêche pas de poursuivre le combat, pour les autres qui cherchent toujours, pour les enfants à naître. Au sein du collectif les Nés sous X d’ici et d’ailleurs, créé il y a quelques mois et qui réunit près de 1.300 membres en France, il s’agit désormais de militer « pour la légalité des tests ADN » et proposer un texte de loi « d’accouchement dans la discrétion ».
Il en a fallu du temps, presque toute une vie d’investigations, mais ça valait la peine.
Le petit bébé Bernadette, Marie, Michelle, née sous X le 29 janvier 1945, à 16 h 45, au 54, boulevard de l’hôpital, à Vichy, laissée aux bons soins de la fondation d’Heucqueville, puis adoptée en Saône-et-Loire, a bien grandi : en taille, en âge, en compétences et surtout en connaissances sur elle.
Ce n’était pas du luxe, car il n’y avait « presque rien » sur la copie intégrale de son acte de naissance.
En cette fin 2024, Bernadette Heumez Letienne est désormais une dame ravie de compter une grande et nouvelle famille éparpillée de l’Allemagne à la Californie, en passant par l’Allier : « La famille s’est élargie d’un coup ! J’ai découvert plein de petits-neveux et petites-nièces ». Elle rit : « Je me sens… bien adoptée ! »
Text des Artikels von
Frau Mathilde Duchatelle
Automatische Übersetzung mit Deepl erstellt
1945 im Departement Allier „unter X“ geboren,
setzt sie sich für Rechtsänderungen ein.
Bernadette Heumez Letienne, die 1945 im Département Allier „sous X“ geboren wurde, weiß nun, wer ihre biologischen Eltern sind. Nach jahrelanger Suche und vielen „Glücksfällen“. Das hindert sie nicht daran, den Kampf fortzusetzen, für andere, die immer noch suchen, für die ungeborenen Kinder. Innerhalb des Kollektivs les Nés sous X d’ici et d’ailleurs, das vor einigen Monaten gegründet wurde und in Frankreich fast 1.300 Mitglieder hat, geht es nun darum, „für die Legalität von DNA-Tests“ zu kämpfen und einen Gesetzestext „zur Entbindung in der Diskretion“ vorzuschlagen.
Es hat lange gedauert, fast ein ganzes Leben voller Nachforschungen, aber es hat sich gelohnt. Das kleine Baby Bernadette, Marie, Michelle, das am 29. Januar 1945 um 16.45 Uhr in Vichy, 54, boulevard de l’hôpital, unter X geboren wurde, in der Obhut der Fondation d’Heucqueville zurückgelassen und später in Saône-et-Loire adoptiert wurde, ist gut gewachsen: an Größe, Alter, Fähigkeiten und vor allem an Wissen über sie. Das war kein Luxus, denn auf der vollständigen Kopie ihrer Geburtsurkunde stand „fast nichts“.
Ende 2024 ist Bernadette Heumez Letienne nun eine überglückliche Dame mit einer großen, neuen Familie, die von Deutschland über das Allier bis nach Kalifornien verstreut ist: „Die Familie ist auf einmal größer geworden! Ich habe viele Großneffen und Großnichten entdeckt“. Sie lacht: „Ich fühle mich … gut adoptiert!“.
« Enfant de la guerre »
La petite Vichyssoise abandonnée sait d’où elle vient et d’où elle tient son patrimoine génétique. Elle est un « enfant de la guerre ». Paul Franz, un papa allemand d’origine polonaise ; Marie-Rose, une maman cantalienne. Les deux se sont (sans doute fugacement) rencontrés à Cusset, à côté de Vichy, alors que le bataillon de son père, soldat de la Wehrmacht, y stationnait pendant quelques mois au cours de l’année 1944.
Côté maternel, elle se découvre un grand demi-frère né en 1942, qu’elle s’est empressée d’aller voir à Dunkerque, y compris pour des moments douloureux : c’est ça, la famille. Côté paternel, deux demi-sœurs et un demi-frère. « Ils sont décédés tous les trois. Mon père, né en 1911, décédé en 1985 et marié en 1934, les a eus bien avant moi. Ils n’ont pas eu d’enfants. » Grâce à l’association canadienne Carrefour ADN, elle contacte une cousine (puis une autre), ainsi qu’un cousin, très enclin à l’aider à retrouver des photos et le dossier de son père à elle ; son oncle à lui.
Des informations, dont elle dispose depuis l’année 2021 et qui l’ont autorisée à contacter l’administration allemande.
„Kriegskind“
Die kleine verlassene Vichyssoise weiß, woher sie kommt und woher sie ihr genetisches Erbe hat. Sie ist ein „Kriegskind“. Paul Franz, ein deutscher Vater polnischer Herkunft; Marie-Rose, eine Mutter aus dem Cantal. Die beiden trafen sich (wahrscheinlich flüchtig) in Cusset in der Nähe von Vichy, als das Bataillon ihres Vaters, eines Wehrmachtssoldaten, im Laufe des Jahres 1944 für einige Monate dort stationiert war.
Mütterlicherseits entdeckt sie einen großen Halbbruder, der 1942 geboren wurde und den sie eilig in Dünkirchen besucht, auch in schmerzhaften Momenten: Das ist Familie. Auf der väterlichen Seite gibt es zwei Halbschwestern und einen Halbbruder. „Alle drei sind verstorben. Mein Vater, der 1911 geboren wurde, 1985 verstarb und 1934 heiratete, hatte sie lange vor mir bekommen. Sie hatten keine Kinder.“ Über die kanadische Organisation Carrefour ADN kontaktierte sie eine Cousine (und später noch eine weitere) sowie einen Cousin, der ihr sehr bereitwillig dabei hilft, Fotos und die Akte ihres Vaters und seines Onkels zu finden. Informationen, über die sie seit dem Jahr 2021 verfügte und die ihr erlaubten, die deutsche Verwaltung zu kontaktieren.
Certificat de naturalisation
C’est désormais tangible (et tout frais), après deux ans d’instruction outre-rhin : « J’ai reçu jeudi 24 octobre mon certificat de naturalisation allemande des mains du consul général d’Allemagne à Marseille ! », s’exclame Bernadette, toute heureuse. « C’était très convivial, pas du tout guindé. On a passé une heure autour d’une table avec du café et des petits gâteaux. Le consul m’a offert un livre magnifique. C’était un très beau moment que j’ai pu vivre avec mon mari et un couple d’amis ».
Bernadette envisage de se « remettre à l’anglais » et d’aller poursuivre son enquête au cimetière de Bremen, où serait enterré son père.
Dans la foulée, elle a demandé sa carte d’identité allemande. « C’est symbolique. C’est honorifique, car l’identité ne peut pas être transmise à ma fille et la carte n’est valable qu’en Allemagne ».Bernadette Heumez, avec son mari et à gauche sur la photo, Fried NIELSEN, Consul Général de la République Fédérale d’Allemagne à Marseille.
Rien que pour ce dossier, c’est du boulot : « J’ai dû donner les empreintes de presque tous mes doigts. Et puis tous les actes, tous les papiers dont je disposais. J’ai fait traduire le jugement d’adoption [du 19 novembre 1945 par jugement du tribunal de Chavroches en Saône-et-Loire], les actes de naissance de mes parents adoptifs, de mes parents biologiques, mes feuilles d’impôts, un extrait de casier judiciaire, des courriers de mes [nouvelles] cousines, les résultats des tests ADN… Ils ont tout ! »
Un aboutissement à une quête qui ne la « lâchait pas ». Même si elle ne cesse de dire que ça ne l’a « pas traumatisée », car elle n’a découvert le « pot aux roses » qu’après la mort de ses deux parents adoptifs Antoine et Claudia. Elle avait alors 24 ans.
C’est tellement mieux de « savoir ». L’inconnu est inconfortable. Il peut même être insupportable.
Eine Form der Wiedergutmachung
Das ist nun nach zweijähriger Untersuchung auf der anderen Seite des Rheins greifbar (und ganz neu): „Ich habe am Donnerstag, den 24. Oktober, meine deutsche Einbürgerungsurkunde vom deutschen Generalkonsul in Marseille erhalten“, sagte Bernadette glücklich. „Es war sehr gesellig, überhaupt nicht spießig. Wir saßen eine Stunde lang an einem Tisch mit Kaffee und kleinen Kuchen. Der Konsul hat mir ein wunderschönes Buch geschenkt. Es war ein sehr schöner Moment, den ich mit meinem Mann und einem befreundeten Paar erleben konnte“.
Bernadette plant, „wieder Englisch zu lernen“ und ihre Nachforschungen auf dem Bremer Friedhof fortzusetzen, wo ihr Vater angeblich begraben liegt. In der Folge beantragte sie ihren deutschen Personalausweis. „Das ist symbolisch. Es ist ehrenhaft, weil die Identität nicht an meine Tochter weitergegeben werden kann und der Ausweis nur in Deutschland gültig ist“. Bernadette Heumez mit ihrem Mann und links auf dem Foto Fried NIELSEN, Generalkonsul der Bundesrepublik Deutschland in Marseille.
Allein dieser Fall ist eine Menge Arbeit: „Ich musste die Abdrücke von fast allen meinen Fingern abgeben. Und dann alle Urkunden, alle Papiere, die mir zur Verfügung standen. Ich habe das Adoptionsurteil [vom 19. November 1945 durch Urteil des Gerichts von Chavroches in Saône-et-Loire] übersetzen lassen, die Geburtsurkunden meiner Adoptiveltern, meiner biologischen Eltern, meine Steuerunterlagen, einen Strafregisterauszug, Briefe von meinen [neuen] Cousinen, die Ergebnisse der DNA-Tests … Sie haben alles!“.
Ein Ergebnis einer Suche, die sie „nicht losgelassen“ hat. Auch wenn sie immer wieder betont, dass sie „nicht traumatisiert“ wurde, da sie erst nach dem Tod ihrer beiden Adoptiveltern Antoine und Claudia auf den „rosaroten Topf“ gestoßen ist. Damals war sie 24 Jahre alt. Es ist so viel besser, „es zu wissen“. Das Unbekannte ist unbequem. Es kann sogar unerträglich sein.
« Il me manquait un bout »
« Je persévérais car c’était un besoin, il me “manquait un bout”. J’ai tenté de retrouver mon dossier, sans succès ». À l’époque, pas d’Internet. Elle ne compte pas les courriers restés sans réponse. Elle devient à force aussi calée qu’une détective privée et aide d’autres personnes en recherche au sein de l’association Droit à leur origine dont elle fut présidente une dizaine d’années.
Et en 2018, elle tente un test ADN, en même temps que son mari, lui aussi né sous X. « Ça matche ! » La lumière au bout du tunnel. « Des coups de chance. Il faut le dire, l’ADN, c’est souvent la seule possibilité d’avancer, mais ça ne marche pas toujours. Et il faut interpréter et entreprendre d’autres recherches, dans les fichiers, les lignées ».
„Es fehlte mir ein Stück“
„Ich blieb hartnäckig, weil es ein Bedürfnis war, mir „fehlte ein Stück“. Ich habe versucht, meine Akte zu finden, aber ohne Erfolg“. Damals gab es noch kein Internet. Sie zählt die unbeantworteten Briefe nicht. Sie wurde mit der Zeit so versiert wie eine Privatdetektivin und half anderen Menschen bei der Suche im Verein Droit à leur origine, dessen Vorsitzende sie zehn Jahre lang war.
Und 2018 versucht sie es mit einem DNA-Test, zusammen mit ihrem Mann, der ebenfalls unter X geboren wurde. „Es passt!“ Das Licht am Ende des Tunnels. „Glückstreffer. Man muss sagen, dass die DNA oft die einzige Möglichkeit ist, um weiterzukommen, aber es funktioniert nicht immer. Und man muss interpretieren und weitere Nachforschungen anstellen, in den Dateien, in den Linien“.
« Cœurs sans frontières »
Aujourd’hui, Bernadette milite au sein de deux structures : le conseil d’administration de l’association franco-allemande Cœurs sans frontières et le collectif français des Nés sous X d’ici et d’ailleurs. Son premier combat : les tests ADN, non autorisés en France.
« Depuis début 2023, les Français ne peuvent plus recevoir de kits ADN et ont également des problèmes pour les renvoyer de la France. Il n’est donc plus possible de faire une commande sur les différents sites, comme MyHeritage, 23andme et, bien évidemment, Ancestry qui n’envoyait déjà pas de kits en France. Il y a certes des solutions aléatoires, comme faire venir les kits ADN à l’étranger… [via des personnes relais]. Cela a des conséquences aussi sur nos voisins. Par exemple, si les Allemands peuvent recevoir des kits ADN, ils sont privés des correspondants français qui pourraient faire partie de leur famille ».
Mathilde Duchatelle
„Herzen ohne Grenzen“
Heute ist Bernadette in zwei Strukturen aktiv: im Vorstand des deutsch-französischen Vereins „Herzen ohne Grenzen“ und im französischen Kollektiv „Nés sous X d’ici et d’ailleurs“. Ihr erster Kampf: DNA-Tests, die in Frankreich nicht erlaubt sind.
„Seit Anfang 2023 können Franzosen keine DNA-Kits mehr erhalten und haben auch Probleme, diese aus Frankreich zurückzuschicken. Es ist daher nicht mehr möglich, eine Bestellung auf den verschiedenen Seiten wie MyHeritage, 23andme und natürlich Ancestry, das schon vorher keine Kits nach Frankreich verschickt hat, aufzugeben. Es gibt zwar zufällige Lösungen, wie zum Beispiel die DNA-Kits ins Ausland bringen zu lassen … [über Relaispersonen]. Dies hat auch Auswirkungen auf unsere Nachbarn. Wenn beispielsweise die Deutschen DNA-Kits erhalten können, werden ihnen die französischen Korrespondenten, die zu ihren Familien gehören könnten, vorenthalten“.
Mathilde Duchatelle