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C’est un témoignage d’encouragement pour tous ces enfants de la guerre qui sont en recherche. L’espoir le plus fou est accessible. A 13 ans j’ai su que l’homme dont je portais le nom n’était pas mon père, mon géniteur. En ce qui le concerne tout devenait limpide, le reste fut beaucoup plus violent. Il m’aura fallu encore 10 ans pour briser la chape de plomb qui recouvrait ce secret de famille. Je me suis fait violence, je leur ai fait violence et sans cette bonne grand’mère qui n’aura pas respecté la volonté de cette fille condamnée à un an d’emprisonnement pour „collaboration horizontale“ je serai toujours dans l’ignorance. Avant son arrestation par de „vaillants“ résistants après son accouchement en octobre 44, ma mère avait remis des photos à ma grand’mère en lui demandant de les détruire. Comme quoi il faut aussi savoir désobéir, elle n’en fit rien en se disant: „si un jour le petit veut savoir elles lui reviennent“.  Après cette grosse colère familiale, cette adorable grand’mère me remit ces photos. En ouvrant cette enveloppe jaunie je découvris un homme portant l’uniforme allemand, je compris sans surprise que mon père appartenait à cette armée qui m’avait valu d’être élevé dans la haine de ces „barbares“ J’emploie le mot barbare pour ne pas employer de mots plus violents. Je compris pourquoi moi-même j’étais traité de la sorte. Je compris pourquoi j’étais considéré comme un pestiféré. J’avais dans les mains ce qui m’aura donné la force de trouver, avec en prime un prénom et un nom. Mais aussi des mensonges que j’ai découverts bien tard, de ma mère mais aussi de celle qui a joué un rôle important dans cette vie de recherches. Seulement en mai 2006, j’ai appris la vérité. Non, je n’étais pas qui je croyais être, mais j’étais bien le fils de cet allemand. Sans cet ami qui s’est lancé à fond dans cette recherche je serai encore pratiquement à la case départ. De mai à fin octobre 2006 nous avons ouvert des centaines de portes, nous sommes partis de l’Alsace pour nous promener dans tout le territoire allemand, nous avons fait un tour en Autriche… Un voyage à Berlin, une fiche du IIIème Reich qui collait mais comportait des incohérences, je décidais de foncer. Je téléphonais à cet ami qui prit rendez-vous à l’état civil de Mayence, mais oui bien sûr nous avions le bon et comprirent que j’aurais pu encore passer à côté à cause d’une secrétaire de mairie „paresseuse“ qui n’aura pas retranscrit l’intégralité de l’acte de naissance de ce père, de mon père. Les choses s’emballèrent, lettre à un fils qui habitait toujours cette adresse. Silence, puis entre en action cette soeur qui décide d’établir le contact. Le billet d’avion est en poche, ils m’attendent le 19 janvier, je reste avec eux jusqu’au 30. Cette histoire est merveilleuse et vertigineuse. Ils sont mes frère et soeur, neveux et nièces, formidables. Ils m’ont chaleureusement accueilli, adopté, reconnu au point de vouloir que je porte le nom de PAPA .

Ce qui m’arrive est arrivé à d’autres, il faut que vous ayez la motivation, la volonté de retrouver et vous déplacer quand un obstacle se présente. Si je n’étais pas allé à Berlin, où en serions-nous aujourd’hui?

Jean-Jacques DELORME.