Une femme à Berlin, Journal 20 avril – 22 juin 1945

Autobiographie d’un épouvantail

Boris CYRULNIK poursuit son étude sur la résilience, cette aptitude à rebondir après un traumatisme. De la même manière que Saint Martin coupait son manteau pour le partager avec un nécessiteux, c’est en revêtant le traumatisé d’un « manteau de paroles » qu’on lui permet d’être résilient.

D’un côté, le récit permet de donner un sens à ce qui est arrivé et donc de ne pas sombrer dans l’absurde qui dévaloriserait à tout jamais, aux yeux de ces blessés de la vie, son existence. De l’autre, en étant entendu par les autres, le récit permet au « fracassé » de se reconstruire à partir de son traumatisme, sans devoir l’enfouir, le nier, le cacher, ce qui là encore dévaloriserait son existence. Le récit donne donc à la fois un sens et une valeur, et l’un et l’autre sont indispensables à la résilience.

Ces « épouvantails » ont su faire de leurs fragilités et de leurs blessures une force de vie, ce qui donne un livre d’espoir, d’amour de la vie à nul autre pareil, un livre de courage.

CYRULNIK Boris
Odile Jacob, 2008