Catherine GOULLETQUER

Psycho généalogiste certifiée

Association Internationale de Psycho généalogie

 

Quand j’ai dit à une amie que je préparais cette conférence sur le Secret, elle m’a répondu.

« Oh, le thème du Secret est un grand classique dont on nous rebat les oreilles depuis des d’années ! » Et bien j’ai le sentiment, moi, que le sujet est loin d’être épuisé et surtout que les moyens thérapeutiques pour aider les personnes ayant grandi ou vivant sous l’emprise de Secrets ne sont pas toujours suffisamment bien connus ou maîtrisés, en France, pour leur permettre d’en dépasser les effets.

La première raison pour laquelle j’ai tenu à être parmi vous aujourd’hui est que votre histoire est un peu la mienne. J’ai découvert, il y a sept ans seulement, que j’avais un père biologique et qu’au-delà de cette révélation, j’avais porté en moi, sans en avoir le moindre soupçon, le destin tragique de sa mère.

Cette femme, avec qui je suis liée par le sang, a été aux premières loges sous l’Occupation allemande. Son métier de maquignonne l’a amenée à fournir des bestiaux à l’armée allemande, en particulier en 1944 où les dernières poches de résistance sur la côte atlantique ont fait de l’approvisionnement en viande un enjeu vital. D’après ce que j’ai su, elle se serait engagée dans une relation avec un représentant de l’armée allemande, au départ, pour protéger quelqu’un.

De cette relation est né un enfant dont le père avait promis de pourvoir à l’éducation. Hélas, il est mort au combat pendant la bataille de Royan. Son identité reste à jamais perdue. Cette femme, elle, a été tondue puis internée ; elle en est morte, détruite, deux jours après l’armistice.

Pour avoir été moi même partie prenante d’un secret de filiation, je connais les affres qui m’ont habitée jusqu’à sa révélation. Mais l’enquête que j’ai menée, ces dernières années, à la découverte de mes origines biologiques, m’a permis de prendre conscience que l’épreuve pouvait être plus douloureuse encore pour les enfants nés d’une relation avec l’ennemi pendant la guerre. La violence faite à ces mères à la Libération – le rituel immémorial de la tonte devenant le symbole de la frustration de tout un peuple, le viol ou la torture dans les camps d’internement, la condamnation, parfois, à l’indignité nationale – a pu amener à sceller en soi une honte sociale encore plus lourde à porter.

S’attaquer à un tel Secret, pour en dépasser les conséquences psychiques pour soi même et pour ses proches, relève donc d’une gageure que les personnes concernées craignent parfois de ne pas avoir la force d’affronter. Plus qu’une gageure, je dirais un parcours initiatique qu’il faut avoir le courage de traverser pour voir, enfin, la lumière poindre à l’horizon.

La lumière, c’est d’abord l’apaisement pour soi, la réconciliation avec soi même et avec les autres. C’est aussi la rupture d’avec la culture du Secret et la possibilité de restaurer une communication authentique au sein de la famille.

Mais revenons tout d’abord sur le Secret, sa nature, son économie.

I. L’économie du Secret

Comme le décrit si bien Serge Tisseron dans son ouvrage « Secret de famille mode d’emploi » – qui est devenu un livre de référence dans notre milieu professionnel- le Secret, est, d’une manière générale, fondateur de notre vie psychique individuelle et de notre lien aux autres. Nous avons tous besoin de secrets pour exister. Mais, parmi les secrets, il y a les « doux secrets », qui protègent notre intimité et participent à la construction de notre personnalité, les « secrets essentiels » qui structurent nos relations aux autres, et puis il y a les secrets destructeurs.

En fait, le secret ne devient un fait pathologique que lorsqu’on en devient prisonnier.

Les secrets qui ont des conséquences pathogènes peuvent être classés en trois catégories :

1) Les événements que l’on garde pour soi parce qu’on a enfreint la loi sociale et qu’on a peur de se faire prendre. Ce peut être le cas d’un vol, d’une infraction dans le territoire d’autrui.

2) Les événements cachés en raison de la honte qui les accompagne. C’est d’ailleurs cette honte qui va être à l’origine de la formation du Secret.

3) Les événements vécus par un parent qui ne peut en parler du fait de la trop grande angoisse qu’ils suscitent en lui.

Les secrets à caractère toxique sont ceux qui ont trait à la sexualité (enfant naturel, adultérin, inceste, viol, adoption ou fécondation in vitro), à la disparition ou à la mort (disparu en mer, mort sans sépulture, sans domicile fixe exclu de la famille, premier mariage caché, suicide), à des traumatismes de guerre (scènes effroyables, tueries, etc.), à des crimes ou des emprisonnements, à des mésalliances, des conflits d’héritage, une honte sociale (faillite, escroquerie, spoliation, etc.), ou encore à des préjugés liés au sexe ou à des maladies…

II. Les effets du Secret

Nous allons voir maintenant quels peuvent être les effets d’un secret pathogène mais encore convient-il, au préalable, de distinguer le porteur du secret de celui qui en est partie prenante et, au delà, le reste de la famille. Le porteur du secret est celui qui va taire un événement pénible qui lui est arrivé pour éviter d’affronter une douleur insupportable. Le secret prend forme simplement par le silence qu’il va garder sur l’événement vécu par peur d’être confronté à l’effroi, à la colère, à la tristesse ou à l’angoisse qui ont accompagné son expérience. A partir du moment où le silence tombe sur l’événement traumatisant, la personnalité du porteur va être coupée en deux. Sa douleur cachée va constituer une zone d’ombre dans sa personnalité. Certaines émotions, certains sujets seront tus. On dit que la personne est « clivée ». L’événement gardé secret va conduire cette personne à des paroles ou des comportements qui vont paraître étranges, contradictoires ou paradoxaux à son entourage familial, en particulier à l’enfant qui est partie prenante du secret. Au bout du compte, c’est toute la famille qui va être coupée en deux.

L’enfant qui est pris dans le Secret, quant à lui, ne peut évoquer ce qui est interdit d’expression chez son ou ses parents, au risque de les déshonorer ou de passer pour fou.

Comme il se doit d’être loyal à la parole du porteur du secret, il va retenir les émotions qu’il ressent par rapport à ce clivage ; ce qui peut le conduire à un blocage de son affectivité qui n’a rien à voir avec le Secret initial. A l’adolescence, par exemple, une jeune fille née d’un adultère caché peut être terrorisée par une simple tentative de flirt d’un garçon.

D’autres fois, cette retenue des émotions peut provoquer des explosions de colère ou, au contraire des comportements de soumission excessifs, quand ce n’est pas un interdit à être soi-même. Chez un adolescent, encore une fois, cela pourra se traduire par une violente crise ou au contraire une dépression, liée à son incapacité à sortir de la fusion d’avec la mère.

Le Secret est toujours une déchirure pour celui qui le porte et une violence faite à l’enfant qui en est partie prenante.

L’enfant, qui sent bien la souffrance de son parent, va s’efforcer, dès son plus jeune âge, de résoudre l’énigme par lui-même. Cela va le conduire à développer certains aspects de sa personnalité comme, par exemple, une curiosité extraordinaire. C’est ainsi que l’on retrouvera ultérieurement bon nombre d’enfants du secret dans les métiers qui ont trait aux origines (paléontologue, anthropologue, biologiste, psychologue, médecin, chercheur…) ou qui permettent de comprendre le fonctionnement des mécanismes (mécanicien, réparateur de machine, etc.)

Dès qu’il est en mesure de lire, l’enfant curieux de la vérité, va chercher à la découvrir à travers ses lectures. C’est pourquoi on retrouvera aussi beaucoup de ces enfants dans les métiers de journaliste ou d’écrivain.

Ce qui n’est pas dit est imaginé. L’enfant, qui perçoit des discordances entre les attitudes et les explications de son parent, va adapter son comportement et son psychisme dès les premières années de sa vie à ce qu’il imagine comprendre. Au moment où il accède à la maîtrise du langage, il oublie qu’il a su ou ne va retenir que quelques bribes qui suinteront ensuite, ici et là.

Quand un événement nous arrive, nous devons lui trouver un équivalent symbolique. Ce processus de symbolisation repose sur trois registres distincts : celui du langage, le registre sensori-affectivo-moteur ou encore celui de l’imaginaire. Lorsqu’un événement est symbolisé sous un seul de ces trois registres, il y a formation d’un « clivage » qui peut entraîner des perturbations psychiques ou physiques chez la personne qui est partie prenante du secret ou chez un ou plusieurs de ses descendants. Parmi les personnes souffrant de scléroses en plaque, par exemple, on retrouve souvent des ascendants ayant combattu pendant la guerre.

C’est comme si, en s’immobilisant avec la maladie, le corps essayait d’empêcher a posteriori le départ de l’aïeul qui a créé un grand manque affectif et bouleversé l’ordre familial.

Si l’acquisition d’une curiosité ou d’un imaginaire exceptionnels peut devenir synonyme de qualités chez l’enfant, le Secret peut aussi fortement entraver le développement de sa personnalité. L’enfant qui s’interroge sur la cause de la souffrance de son parent peut aller jusqu’à faire passer ses propres choix d’existence au second plan derrière le Secret qu’il pressent chez son parent. Il fera alors des choix par rapport à une situation imaginée qui peut être loin de la vérité.

De façon plus gênante, l’enfant peut essayer de prendre sur lui-même la responsabilité de la fonction de son parent en souffrance pour tenter de l’en soulager. Ce qui peut induire chez lui un étrange mélange de pouvoir, d’anxiété, d’oppression, de honte et de peur et l’empêcher de faire ses propres choix affectifs, professionnels ou créatifs ou tout simplement d’avancer dans sa vie.

Le problème, avec le secret, est que ses effets ne s’arrêtent pas à la première génération et qu’il va continuer d’avoir un impact sur les descendants.

L’événement « indicible » du porteur de secret devient « innommable » pour celui qui en est partie prenante. La symbolisation partielle du secret, que des théoriciens comme Abraham et Törok ont associée à la formation d’une « crypte dotée d’un effet ventriloque », est transmise directement d’inconscient à inconscient à la génération suivante. Cette crypte va s’exprimer parfois par une simple intonation, un geste, un mot inusité, qui vont condenser en eux-mêmes une ou plusieurs facettes du secret. Une personne va exprimer le Secret en boitant, une autre par un accent…

L’enfant soumis au secret va donc se trouver confronté à des situations où il ressent une profonde émotion sans pouvoir en appréhender le sens. Cela va être le cas toutes les fois où le secret va suinter. Lorsqu’une information symbolique n’est pas transmise, il y a de fortes chances pour qu’un descendant revive métaphoriquement l’événement marquant de la vie de son ancêtre, non seulement pour « faire parler » le secret de ce dernier, mais pour achever ce qu’il n’a pas pu faire, dire ou résoudre en son temps, parce que la situation était taboue ou que les connaissances médicales ou scientifiques n’existaient pas.

Cette répétition se fait à l’insu du descendant, car une personne soumise à un secret n’a pas les moyens psychiques de mettre en place ses propres défenses individuelles. Comme le dit Serge Tisseron, « dans les situations verrouillées par un secret, les défenses mises en place sont soustraites à toute influence car elles sont clivées ». Ce qui peut amener un descendant à revivre les mêmes sentiments de honte et de culpabilité que son aïeul(e) et à créer son propre secret.

Au niveau des petits-enfants, à la troisième génération, les effets du secret deviennent diffus, les descendants n’ont pas la clé pour en comprendre le sens, mais le secret peut encore fortement les perturber. A ce stade, nous rencontrons souvent beaucoup de phobies, toc et autres obsessions. Dans les cas les plus critiques, les troubles développés à cette génération peuvent aller jusqu’à la psychose ou la schizophrénie.

III. Comment dépasser ces effets du Secret ?

Si telle est la perspective, comment, allez-vous me dire, sortir de cet engrenage

transgénérationnel du Secret et de ses effets ?

Tout d’abord, il faut savoir que le dévoilement d’un secret, lorsqu’il n’est pas accompagné d’un travail sur soi pour prendre conscience de ses effets psychiques ou de l’écoute et du soutien bienveillants de l’environnement familial, peut être plus blessant et déstabilisant qu’autre chose.

Au départ, il est tout à fait possible qu’une personne entreprenne un travail sur elle-même parce qu’elle ne se sent pas bien ou qu’elle déprime sans avoir conscience qu’elle est soumise à un secret. A un moment donné, ce travail sur soi va lui permettre d’effleurer intuitivement le Secret. Cela ne signifie pas pour autant que la personne, si elle a grandi sous l’interdit, va franchir le cap de sa révélation, par peur inconsciente de ce qui pourrait se produire ensuite.

Car c’est véritablement une nouvelle étape qui s’ouvre alors.

La révélation d’un secret est une situation délicate à laquelle la personne qui porte un secret devrait se préparer, quand son entourage familial demande la vérité. L’expérience peut être dangereuse si ses défenses psychiques n’ont pas été suffisamment consolidées au préalable ou si la situation n’est pas maîtrisée. On ne dira jamais assez combien la formation d’un secret peut constituer une bombe à retardement, même plusieurs générations plus tard.

Travailler à la révélation d’un secret est un acte libérateur pour soi même mais aussi pour ses descendants.

Pour celui qui était soumis au Secret, la vérité peut être vraiment source de guérison. Cela a été mon cas. La révélation de mes origines grâce à un test ADN a représenté pour moi la fin d’une longue « maladie ». Le processus s’est réalisé en deux temps. Il s’est concrétisé, tout d’abord, par un ressenti corporel, au niveau du ventre. Lorsque j’ai appris que j’étais lauréate d’un prix littéraire, il y a de ça 10 ans, j’ai éprouvé un véritable tourbillon viscéral. Quelque chose s’est mis définitivement en place. Le prix était délivré par les élus de mon département. Il est venu combler un besoin de reconnaissance dont je vois bien, maintenant, avec le recul, qu’il a mis des années à monter en moi. Etre reconnue à ma juste valeur par les hommes qui détenaient le pouvoir local a été la première étape vers ma guérison.

Un prix qui, d’une certaine manière, a contribué à réhabiliter en moi, par transfert inconscient, cette grand-mère de sang détruite à la fin de la seconde guerre mondiale.

La deuxième étape, qui a scellé définitivement ma « guérison », a eu lieu à la lecture du test ADN qui a confirmé mon origine biologique. Un déclic physico-chimique s’est immédiatement produit dans mon cerveau.

Pour la première fois de ma vie, j’ai eu le sentiment de disposer de mon identité toute entière, d’être bien ancrée dans mes trois racines.

J’ai su que cette vérité essentielle sur mon identité me libérait définitivement de la dépression.

Pour cette raison, je suis favorable à la révélation de la vérité dans presque toutes les circonstances. Priver un enfant d’une partie de son histoire originaire revient pour moi à une amputation de son identité. C’est une injustice intolérable car ce manque d’information ne lui permet pas de vivre sa vie normalement.

Avec l’émergence de la vérité débute, comme je le disais, une autre étape. Dans le cas d’un secret de filiation, nous avons tout d’abord besoin de connaître notre histoire originaire.

A savoir de quel couple biologique nous sommes issus, dans quelles conditions nous avons été conçu(e), ce qui s’est passé dans notre famille pendant notre gestation, au plan affectif, social, historique, comment s’est déroulée notre naissance… Car tout ce qui est vécu psychologiquement par nos parents à cette période nous est transmis biologiquement.

Le contexte singulier dans lequel nous nous sommes incarnés est la base même de notre identité.

Si nous ne sommes pas déjà parvenus à cette connaissance au cours d’un travail thérapeutique préalable, nous allons alors nous tourner vers notre mère ou notre entourage familial pour obtenir le plus d’informations possibles sur les circonstances dans lesquelles nous avons vu le jour.

Une telle démarche ne va pas toujours de soi. Nous pouvons nous heurter aux résistances psychiques de notre entourage qui se refuse toujours à être confronté aux émotions négatives à l’origine même de la formation du secret par peur de ne pas pouvoir y faire face. D’où la nécessité d’être accompagné(e) par un thérapeute pour anticiper au mieux les réactions possibles de l’entourage.

Au-delà de notre histoire originaire, il est important de pouvoir nous relier à notre lignée biologique d’origine. Selon Willy Barral, un disciple de Françoise Dolto, lorsqu’un enfant est conçu, il commence par dupliquer l’inconscient archaïque de ses deux parents biologiques.

En psycho généalogie, nous savons bien qu’il peut y avoir des effets dévastateurs sur les descendants lorsque le nom du géniteur n’est pas transmis.

Didier Dumas, dans son ouvrage

« La Bible et ses Fantômes » a très bien décrit les conséquences psychiques de ce deuil impossible à faire.

Le travail sur notre histoire transgénérationnelle a aussi ceci de bon qu’il nous permet de comprendre pourquoi nos parents en sont arrivés là : s’ils se sont trouvés en échec ou dans une impasse, c’est parce qu’eux aussi étaient souvent prisonniers de leur passé familial.

Une prise de conscience qui aide à accepter leurs choix malencontreux. Si on ne peut changer le passé, on peut changer la perception qu’on en a, afin qu’il ne soit plus un poids pour nous mais au contraire une source nourrissante.

Une fois que ce travail sur nos origines a été accompli, il conviendrait encore de pouvoir mener un travail thérapeutique familial associant à la fois le porteur de secret, celui ou celle qui en fait partie intégrante, et les autres membres de la famille. Car, comme je l’ai dit plus haut, quand il y a un Secret, c’est toute la famille qui est clivée.

 Dans bien des cas, cependant, ce travail familial reste inachevé en France. L’idéal serait de pouvoir partager les effets que le Secret a pu avoir sur chacun des membres de la famille et, de temps à autre, quand le besoin s’en fait sentir, de rediscuter en famille de l’événement gardé initialement secret, jusqu’à ce qu’il soit définitivement intégré à l’histoire familiale et que la communication entre les membres de la famille retrouve une certaine fluidité. La difficulté pour restaurer la communication à l’intérieur de la famille dépend, bien entendu, de l’âge auquel intervient la révélation. Si vous apprenez la vérité à 50 ans, il peut être trop tard pour pouvoir transformer vos relations avec votre famille d’origine.

Le dernier aspect à prendre en compte vis-à-vis du secret, ce sont ses effets perturbateurs sur notre vie psychique propre. Une personne qui a été sous l’interdit de dire, de se dire, n’a pas pu accéder à son autonomie psychique, se différencier de ses parents à l’adolescence, devenir adulte.

Elle a besoin de remodeler ses relations aux autres pour « reprendre forme » en elle même. Apprendre à dire non. Construire ses propres défenses individuelles. Se défaire de la honte. Prendre confiance en soi. Croire en sa valeur. Affirmer sa créativité. Faire ses propres choix de vie… Voilà le travail qui peut être mené, au plan individuel et familial, avec une personne qui a été soumise au secret, non seulement pour donner du sens à sa vie mais pour panser les effets destructeurs du secret sur la construction de sa personnalité.

Je voudrais terminer sur une note d’espoir. Dans certaines traditions de pensée spirituelle, il est dit que l’enfant choisit le couple dans lequel il vient au monde. Le contexte familial dans lequel il naît constitue en quelque sorte sa mission à accomplir dans ce monde visible. Et si votre rôle à vous, enfants de la guerre, enfants de l’amour, était précisément d’accéder à la paix en vous-même pour devenir le socle imprenable d’une amitié durable entre ces deux peuples autrefois ennemis ?

Mémorial de Caen, le 20 novembre 2010

Journée d’études de l’Association « Coeurs sans Frontières », « Herzen ohne Grenzen ».

Bibliographie :

Willy Barral, Le corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents, Payot, 1999

Boris Cyrulnik, Mourir de dire la Honte, Editions Odile Jacob, 2010

Didier Dumas, La Bible et ses Fantômes, Editions Desclée de Brouwer, 2001

Evan Imber-Black, Le poids des secrets de famille, Editions Robert Laffont, 1998

Serge Tisseron, Secret de famille Mode d’emploi, Editions Ramsay, Archimbaud, 1996

©Goulletquer 2010