Bernadette Heumez a fini par tout savoir,
quarante-huit ans après,
grâce à ses recherches… et à l’ADN

Bernadette Heumez weiß
nu 48 Jahren endlich alles –
dank ihrer Recherchen … und der DNA

LA MONTAGNE

Mathilde Duchatelle, une journaliste du journal « LA MONTAGNE » a pu interviewer Bernadette Heumez. Son article est paru dans l’édition du 31 décembre 2022. Bernadette nous a longuement parlé des recherches ADN en 2021 lors de notre réunion annuelle à Valpré (Lyon) et est également intervenue à Colmar en 2022. Ici c’est son histoire personnelle qu’elle nous raconte et comment celle-ci est étroitement liée à sa découverte de l’analyse ADN comme technique de recherche.

Mathilde Duchatelle, eine Journalistin der Zeitung « LA MONTAGNE », hatte die Möglichkeit, Bernadette Heumez zu interviewen. Ihr Artikel erschien in der Ausgabe vom 31. Dezember 2022. Bernadette hat 2021 bei unserem Jahrestreffen in Valpré (Lyon) ausführlich über die DNA-Analyse gesprochen und war auch 2022 in Colmar zu Gast. Hier ist es ihre persönliche Geschichte, die sie uns erzählt und wie eng diese mit ihrer Entdeckung der DNA-Analyse als Suchtechnik verbunden ist.

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Elle est née « sous X »à Vichy en 1945

Née « sous X» à Vichy en 1945, elle dissipe le mystère de ses origines après quarante-huit ans de recherches. Sa mère vient du Cantal et son père était un officier allemand. L’ADN l’a beaucoup aidée.

Bernadette, Marie, Michelle est un « enfant naturel non reconnu », dit son acte de naissance.Née sous X, elle a été abandonnée à la naissance, le 29 janvier 1945, à 16h45, au 54 boulevard de l’hôpital à Vichy. On est à la fin de la Seconde Guerre mondiale et les temps sont troublés. Le bébé est recueilli par la fondation d’Heucqueville. Antoine et Claudia, alors quadragénaires, adoptent le bébé le 19 novembre 1945 par jugement du tribunal de Chavroches, en Saône-et-Loire.

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Sie wurde 1945 in Vichy « unter X » geboren.

Sie wurde 1945 in Vichy « unter X » geboren und lüftet nach achtundvierzigjähriger Suche das Geheimnis ihrer Herkunft lûften. Ihre Mutter stammt aus dem « Cantal » und ihr Vater war ein deutscher Offizier. Eine DNA-Analyse hat ihr sehr geholfen.

Bernadette, Marie, Michelle ist ein « uneheliches » Kind, wie es in ihrer Geburtsurkunde heißt. Sie wurde unter Zwang geboren und bei der Geburt am 29. Januar 1945 um 16.45 Uhr in Vichy, 54 Boulevard de l’Hôpital, verlassen.. Es ist das Ende des Zweiten Weltkriegs und die Zeiten sind unruhig. Das Baby wird von der Stiftung „Heucqueville“ aufgenommen. Antoine und Claudia, damals in ihren vierziger Jahren,  adoptieren das Baby am 19. November 1945 was vom Gericht in Chavroches, Saône-et-Loire bestätigt wurde.

Bernadette, 77 ans aujourd’hui, ne sait rien de ses origines, jusqu’à ce que sa mère décède de maladie, puis son père, « de chagrin ». Elle avait 24 ans. « La famille m’a… tourné le dos. Je me suis demandé e qui se passait. J’ai eu un doute, alors j’y suis allée au culot. Un cousin est tombé dans le panneau et m’a confirmé que j’avais été adoptée. C’était un secret bien gardé. Mais j’ai vécu sans savoir et je n’ai donc pas été aussi marquée que certains ».

Hasard ou signe de la vie, Bernadette, épouse Heumez, découvre le pot aux roses en même temps que son mari, lui aussi né sous X.

« J’ai entamé mes recherches avec juste la copie intégrale de mon acte de naissance qui m’indiquait la ville où j’étais née, Vichy, la rue, trois prénoms dont le troisième faisait fonction de patronyme, Bernadette, Marie, Michelle, ainsi que le nom de l’œuvre d’adoption ». Ses recherches restent alors vaines : «J’ai tenté de retrouver mon dossier, sans succès. À l’époque, Internet n’existait pas. J’ai ramé pour avoir des petits morceaux. J’en ai envoyé des courriers restés sans réponse, pour moi, pour mon mari. Je n’étais pas traumatisée, mais je persévérais car c’était un besoin. Il fallait que je sache. Quand j’abandonnais, il y avait toujours quelque chose pour me le rappeler ».

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Bernadette, die heute 77 Jahre alt ist, wusste nichts über ihre Herkunft, bis ihre Mutter an einer Krankheit und ihr Vater « aus Kummer » starb. Da war sie 24 Jahre alt. « Die Familie hat sich dann von mir abgewandt. Ich habe mich gefragt, was los ist und hatte einen Verdacht; also habe ich mich einfach getraut….. Ein Cousin fiel auf den Trick herein und bestätigte mir, dass ich adoptiert wurde. Es war ein gut gehütetes Geheimnis. Aber ich lebte ohne es zu wissen, und war daher nicht so belastet wie manch andere « .

Zufall oder Schicksal, Bernadette heiratet Hr. Heumez und entdeckte das Geheimnis zur gleichen Zeit wie ihr Mann, der ebenfalls „unter X“ geboren wurde.

« Ich begann meine Nachforschungen nur mit der vollständigen Kopie meiner Geburtsurkunde, meiner Geburtsstadt Vichy, der Straße, drei Vornamen, von denen der dritte als Familienname fungierte, Bernadette Marie, Michelle, sowie den Namen der Stiftung die meine Adoption betreute. Ihre Suche bleibt erfolglos: « Ich habe versucht, meine Akte zu finden, ebenfalls ohne Erfolg. Damals gab es noch kein Internet. Meine Bemühungen brachten nur Bruchstücke. Ich schickte Briefe, die unbeantwortet blieben, für mich und für meinen Mann. Ich war nicht traumatisiert, aber ich blieb hartnäckig, weil es einfach ein Bedürfnis war; ich musste es einfach wissen. Wenn ich aufgab, gab es immer etwas, das mich daran erinnerte

Pugnace, elle va même jusqu’à apprendre les techniques d’investigations des détectives privés et devenir agent privé de recherches. « J’ai aussi pu aider les adhérents de l’Association Droit à leur origine que j’ai présidée une dizaine d’années au décès de sa fondatrice, Annette Blain. Sur les 300 dossiers que j’ai traités, un certain nombre seulement a abouti vu la complexité des recherches et des investigations ».

En 2018, elle tente un test ADN (voir ci-contre), en même temps que son mari. La révélation ! Et un drôle d’enchaînement de tests, de «centimorgans qui matchent », de hasards, d’intuitions et de temps passé à éplucher fiches de recensement et sites de généalogie… pour arriver au résultat tant attendu :«Mon père s’appelait Paul Franz Wilczek, allemand d’origine polonaise. Ma mère était Marie Rose Serre, française de la région du Cantal. Ils se sont connus à Cusset alors que le bataillon de mon père biologique y stationnait. Pour lui, je suis rentrée dans une association franco-allemande et j’ai pu tout avoir, acte de naissance, de mariage, livret militaire… en jouant cartes sur table auprès de l’administration allemande, en remplissant un formulaire et surtout en disant la vérité ».

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La mère de Bernadette avec un demi-frère.

Bernadettes Mutter mit Halbbruder.

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Sie lernte sogar die Ermittlungstechniken von Privatdetektiven und wurde private Ermittlungsbeamtin. « Ich konnte auch den Mitgliedern des Vereins « Droit à leur origine » (« Das Recht ihrer Herkunft ») helfen, dem ich zehn Jahre lang vorstand, nachdem die Gründerin Annette Blain gestorben war. Von den 300 Fällen, die ich bearbeitet habe, wurden aufgrund der Komplexität der Nachforschungen und Ermittlungen nur einige erfolgreich abgeschlossen.

22018 wagt sie sich zusammen mit ihrem Mann an einen DNA-Test (siehe rechts). Die Offenbarung! Und eine seltsame Verkettung von Tests, « übereinstimmender Centimorgans“,  Zufälle, Intuitionen und viel Zeit, die sie damit verbrachte, Volkszählungsregister und Genealogie-Websites zu durchforsten, bis sie schließlich das ersehnte Ergebnis erhielt: « Mein Vater hieß Paul Franz Wilczek, ein Deutscher polnischer Herkunft. Meine Mutter war Marie Rose Serre, eine Französin aus der Region „Cantal“. Sie lernten sich in Cusset kennen, wo das Bataillon meines leiblichen Vaters stationiert war. Für ihn trat ich  einem deutsch-französischen Verein bei und konnte alles bekommen, Geburtsurkunde, Heiratsurkunde, Wehrpass…, indem ich bei der deutschen Verwaltung meine Karten offenlegte, ein Formular ausfüllte und vor allem die Wahrheit sagte ».

Pour sa maman, elle se plonge dans les fiches de recensement: «Je cherchais une jeune femme de 15 ans en 1945. Alors qu’elle était plus âgée quand elle m’a eue. Je découvre qu’elle a eu un fils avant moi et qu’elle a failli l’abandonner aussi, mais s’est rétractée deux mois après. Il s’avère que la sage-femme qui l’avait accouchée était la même que moi, alors qu’on m’avait dit qu’elle n’était que de passage quand j’avais voulu la joindre ». Les mystères et les mensonges jalonnent le parcours, mais il ne faut pas lâcher, même si au bout du chemin, elle découvre :«Ma mère est décédée depuis 10 ans et mon père mort depuis plus longtemps encore ».

Für ihre Mutter durchforstet sie die Register der Volkszählung: « Ich suchte eine junge Frau, die 1945, ca. 15 Jahre alt war. Sie war jedoch älter, als sie mich bekam. Ich fand heraus, dass sie vor mir einen Sohn hatte und dass sie auch ihn fast verlassen hätte. Aber nach zwei Monaten hat sie ihre Entscheidung widerrufen. Es stellte sich heraus, dass die Hebamme, die sie entbunden hatte, dieselbe war wie bei mir, obwohl man mir gesagt hatte, diese sei nur auf der Durchreise gewesen, als ich sie erreichen wollte ». Der Weg war voller Geheimnisse und Lügen, aber sie gibt nicht auf, auch wenn sie am Ende des Weges feststellte: « Meine Mutter ist seit zehn Jahren tot und mein Vater noch länger ».

Mais de nombreux membres de la famille, des deux côtés, sont bien vivants et assez enthousiastes à l’idée de découvrir une petite nouvelle. «J’ai retrouvé mon frère sur Facebook, c’était facile, avec son nom. Je suis allée le voir en septembre 2021 et on a fêté ses 8 0 ans en mars dernier ».

Ou encore cette cousine éloignée qui venait elle aussi de faire un test. « J’avais eu un “match moyen ”. Elle habitait à 7 km de chez moi. Elle est venue le surlendemain. On partage des arrière – grands-parents. Je lui ai appris que son grand-père n’était pas fils unique ».

Grâce à l’association canadienne Carrefour ADN, elle déniche aussi une cousine paternelle en Allemagne et un cousin près de Bremen (Brême). Ainsi qu’une grande famille en Californie. Et ce, grâce à un pif extraordinaire de  son guide canadien : « Il n’habite pas loin des États-Unis et a lu l’annonce d’un mariage dans un journal. L’un des noms lui a dit quelque chose. Il a appelé, est tombé sur une de mes cousines qui l’a très bien accueilli. C’était bien un membre de ma famille aux USA ! Une partie de ma famille allemande qui était allée s’exiler en 1943-44 ».

Le père de Bernadette.

Bernadettes Vater.

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Aber viele Familienmitglieder auf beiden Seiten sind noch am Leben und ziemlich begeistert von der Idee, eine kleine Neuigkeit zu entdecken. « Ich habe meinen Bruder über Facebook gefunden, was mit seinem Namen ganz einfach war. Ich habe ihn im September 2021 besucht und wir haben im März dieses Jahres seinen 80. Geburtstag gefeiert ».
Oder eine entfernte Cousine, die ebenfalls einen Test gemacht hatte. « Wir hatten eine relative Übereinstimmung».. Sie wohnte 7 km von meinem Haus entfernt. Sie kam am übernächsten Tag. Wir haben gemeinsame Urgroßeltern. Ich habe ihr mitteilen, dass ihr Großvater kein Einzelkind war.
Über die kanadische Organisation Carrefour ADN fand sie auch eine Cousine väterlicherseits in Deutschland und einen Cousin in der Nähe von Bremen. Außerdem gibt es eine Großfamilie in Kalifornien. Und das alles dank des außergewöhnlichen Spürsinns ihres kanadischen Helfers: « Er wohnt nicht weit von den USA entfernt und hat in einer Zeitung eine Heiratsanzeige gelesen. Einer der Namen kam ihm bekannt vor. Er rief an und traf auf eine meiner Cousinen, die sehr freundlich war. Sie war tatsächlich ein Mitglied meiner Familie in den USA! Ein Teil meiner deutschen Familie, die 1943/44 ausgewandert war ».

Bernadette Heumez aka Wilczek Serre est en train de faire les démarche s pour avoir la double nationalité franco-allemande. Son histoire est complète.

Mais elle n’en oublie pas moins « tous les abandonnés “sous X” qui souhaitent faire évoluer la loi en supprimant le décret de la loi pétainiste du 2 septembre 1941, promulguée sous le régime de Vichy, qui empêche tant d’abandon nés à accéder à la connaissance de leurs origines. 600 enfants naissent encore “sous X” chaque année en France ! »

Elle propose:« En conclusion, il faut que la loi sur l’accouchement dans l’anonymat évolue vers un accouchement dans la discrétion. De ce fait, celui qui a été abandonné à la naissance pourrait, à sa majorité et s’il le souhaite, connaître l’identité de sa mère biologique, recueillie à la maternité de l’hôpital ou de la clinique, comme c’est le cas en Grande-Bretagne ».

Bernadette Heumez aka Wilczek Serre ist gerade dabei, die doppelte deutsch-französische Staatsbürgerschaft zu beantragen. Ihre Geschichte ist vollständig.
Aber sie vergisst auch nicht all jene „ unter X“ Geborenen, die das Gesetz ändern wollen und die Aufhebung des Dekrets das unter dem Vichy-Regime erlassenen Gesetz vom 2. September 1941 anstreben. Welches so viele „unter X“ Geborenen daran hindert, ihre Herkunft zu erfahren. 600 Kinder werden jedes Jahr in Frankreich noch immer „unterX“ geboren.
Sie schlägt vor: « Abschließend muss das Gesetz über die anonyme Geburt in Richtung einer diskreten Geburt weiterentwickelt werden. Dies würde bedeuten, dass ein Kind, das bei der Geburt verlassen wurde, bei Erreichen der Volljährigkeit und auf Wunsch die Identität seiner leiblichen Mutter erfahren könnte, die in der Entbindungsstation des Krankenhauses oder der Klinik aufgenommen wurde. So wie es in Großbritannien der Fall ist ».

TESTS ADN
INTERDITS EN FRANCE

Quand Bernadette a commandé son premier test, ils en étaient aux balbutiements et bénéficiaient alors de l’attrait de la nouveauté, bien que la France ne les autorise pas :«Je ne savais même pas que c’était illégal à l’époque ! ». Le Code pénal sanctionne d’une amende de 3.750 euros l’examen des caractéristiques génétiques hors autorisation d’un juge ou prescription à des fins médicales. Ce qui a incité Bernadette Heumez à cosigner une tribune de l’association Origines dans le journal Libération, en 2020 : « À l’heure d’Internet, cette interdiction a montré toutes ses limites alors que ces tests sont autorisés dans tous les pays voisins. Les détracteurs de ces tests invoquent les prétendus risques liés à la révélation d’éventuelles filiations illégitimes. En quoi la France serait-elle une exception ? Peut-on continuer à s’opposer au droit de millions de personnes en quête de leurs origines ? Refuser d’encadrer cette pratique en pleine explosion, c’est refuser d’entendre nos concitoyens en quête de vérité, en leur offrant comme seule alternative de contourner la loi. C’est surtout laisser des pays étrangers développer des banques de données génétiques sans avoir le moindre contrôle sur cette activité ».

DNA-TESTS
SIND IN FRANKREICH VERBOTEN

Als Bernadette ihren ersten Test in Auftrag gab, steckten diese Tests noch in den Kinderschuhen und genossen den Reiz des Neuen, obwohl sie in Frankreich nicht erlaubt sind: « Ich wusste damals nicht einmal, dass es illegal war! ». Das Strafgesetzbuch bestraft die Untersuchung der genetischen Merkmale ohne richterliche Genehmigung oder medizinische Verschreibung mit einer Geldstrafe von 3.750 Euro. Dies veranlasste Bernadette Heumez, 2020 einen Aufruf der Vereinigung „Origines“ in der Zeitung Libération zu unterstützen: « Im Zeitalter des Internets hat dieses Verbot alle seine Grenzen aufgezeigt, während diese Tests in allen Nachbarländern erlaubt sind. Die Kritiker dieser Tests berufen sich auf die angeblichen Risiken, die mit der Enthüllung möglicher illegitimer Abstammungen verbunden sind. Warum ist Frankreich eine Ausnahme? Kann man sich weiterhin dem Recht von Millionen von Menschen, die auf der Suche nach ihrer Herkunft sind, widersetzen? Wenn man sich weigert, dieser explosionsartig zunehmenden Praxis einen Rahmen zu geben, weigert man sich, unsere nach Wahrheit suchenden Mitbürger anzuhören, und bietet ihnen als einzige Alternative an, das Gesetz zu umgehen. Es bedeutet vor allem, dass man es zulässt, dass andere Länder genetische Datenbanken entwickeln, ohne die geringste Kontrolle über diese Aktivität zu haben ».