Marie-Elisabeth, Jean et Chantal à Colmar

Dernières Nouvelles d’Alsace

Un journaliste du journal « Les Dernières Nouvelles d’Alsace » a pu interviewer Marie Elisabeth, Jean et Chantal. Son article est paru dans la semaine qui a suivi notre réunion à Colmar. Inspiré par cet article et l’histoire de ces deux membres de CSF-HOG, un élève journaliste les a ensuite rencontré pour faire une courte interview radio.

Ein Journalist der Zeitung « Les Dernières Nouvelles d’Alsace » konnte Marie Elisabeth, Jean und Chantal interviewen. Sein Artikel erschien in der Woche nach unserem Treffen in Colmar. Angeregt durch diesen Artikel und die Geschichte dieser beiden CSF-HOG-Mitglieder traf sich anschließend ein Journalistenschüler mit ihnen, um ein kurzes Radiointerview zu führen.

Un écho sonore des voix de Marie Elisabeth et de Jean. Hier geben wir Marie Elisabeth und Jean eine Stimme.

Nés sous l’Occupation, ils cherchent la trace de leur père allemand

Ils sont nés pendant la guerre, d’une jeune Française et d’un soldat allemand. À l’image de Marie Élisabeth et de Jean, membres de Cœurs sans frontières, association qui aide ses membres dans leurs recherches identitaires.

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 Sie sind während der Besatzungszeit geboren und suchen nach der Spur ihres deutschen Vaters.

Sie wurden während des Krieges als Kinder einer jungen Französin und eines deutschen Soldaten geboren. Marie Elisabeth und Jean sind Mitglieder des Vereins “ Coeurs sans frontières/Herzen ohne Grenzen” (CSF/HOG), der seinen Mitgliedern bei der Identitätssuche hilft.

Marie-Élisabeth
Marie-Élisabeth n’a pas de ressentiment lorsqu’elle évoque les sévices que sa mère lui a fait subir durant des années. Tant de questions demeurent en revanche sans réponse. Cette Strasbourgeoise, au regard bleu azur, est née en 1941à Strasbourg. Celle qui l’a mise au monde n’avait que 16 ans quand elle a eu une aventure avec un soldat allemand, peut-être un SS selon le témoignage de sa « sœur de cœur », celle qui a longtemps partagé sa vie durant les années qu’elle a passées en famille d’accueil.

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Marie-Élisabeth
Marie-Elisabeth hegt keinen Groll, wenn sie über die Misshandlungen spricht, die ihre Mutter ihr jahrelang angetan hat. Viele Fragen bleiben jedoch unbeantwortet. Die Straßburgerin mit den azurblauen Augen wurde 1941 in Straßburg geboren. Ihre Mutter war erst 16 Jahre alt, als sie eine Affäre mit einem deutschen Soldaten hatte, der wahrscheinlich bei der SS war. Das vermutete jedenfalls ihre « Herzensschwester», mit der sie viele Jahre in einer Pflegefamilie verbrachte und dort mit ihr das Leben teilte.

Car après sa naissance, Marie-Élisabeth a été placée à Ostwald où elle a vécu de belles années. « Mais quand j’ai eu 12 ans, ma mère est venue me chercher. Je ne la connaissais pas vraiment. On est parti sur une péniche en vacances. Et ça s’est très mal passé ».

Une lente reconstruction
Marie-Élisabeth ne comprend pas ces premières violences. Encore aujourd’hui, elle cherche un sens à ce déferlement de haine. Au départ, c’était des coups. Puis ce furent de vraies tortures qui ont failli lui coûter un bras. Elle retourne en famille d’accueil pendant deux ans. Un répit avant de connaître l’enfer. À 14 ans, elle repart sur les canaux de France avec sa mère qui a pour compagnon un marinier. La jeune fille joue la bonne à tout faire. Et puis elle encaisse. « J’ai été tabassée jusqu’à perdre mes dents, mes cheveux. J’ai eu un bras fracturé, mes oreilles ont été martyrisées… » À 18 ans, elle s’échappa, de nuit, dans la forêt. La péniche est à quai, sur le canal du Rhône au Rhin. Elle rejoint Ostwald. Sa famille d’accueil ne la reconnaît pas. « J’étais tellement amochée. » « Trois semaines après, ma mère a pris contact et puis elle est venue. Ça a chauffé mais elle ne m’a pas reprise. » Marie Élisabeth se construit, difficilement. Elle travaille en usine, suit des cours du soir pour devenir dessinatrice industrielle, rencontre un homme qui deviendra son mari. Ils ont trois enfants. « Je ne les ai jamais battus », se justifie-t-elle. À 50 ans, elle a revu sa mère. « Je lui ai dit que j’étais en âge de comprendre, de savoir qui était mon père. Elle a essayé de me gifler. » Jamais elle n’a parlé de cette enfance martyre à ses enfants. D’ailleurs, elle avait enfoui tout cela jusqu’en 2019, année où elle a subi une lourde opération qui va faire l’effet d’un vrai électrochoc. « Tout est remonté à la surface. » Peu de temps après, elle se rapproche de Cœurs sans frontières (CSF), une association nationale qui regroupe des enfants nés durant la guerre et généralement séparés d’un de leurs parents en raison du conflit mondial.

Denn nach ihrer Geburt wurde Marie-Elisabeth in Ostwald untergebracht, wo sie viele schöne Jahre verbrachte. « Aber als ich zwölf Jahre alt war, holte mich meine Mutter ab. Ich kannte sie nicht wirklich. Wir sind auf einem Schleppkahn  in den Urlaub gefahren und da ging es mir sehr schlecht ».

Das langsame Erwachen zu einem neuen Leben.
Marie-Elisabeth versteht diese ersten Gewalttaten nicht. Noch heute sucht sie nach einem Sinn in diesem Ausbruch von Hass. Am Anfang waren es nur Schläge. Dann wurden es richtige Folterungen, die ihr fast einen Arm kosteten. Sie kehrt für zwei Jahre in ihre Pflegefamilie zurück. Eine Atempause, bevor sie die Hölle erlebt. Mit 14 Jahren fährt sie erneut mit ihrer Mutter, die einen Schiffer als Lebensgefährten hat, auf den Kanälen Frankreichs. Sie war Dienst- und Mädchen für alles und musste vieles ertragen. « Ich wurde verprügelt, bis ich meine Zähne und meine Haare verlor. Ich hatte einen gebrochenen Arm, meine Ohren waren Folterungen ausgesetzt… ». Mit 18 Jahren flüchtete sie nachts in den Wald. Der Kahn liegt am Kai des Rhein-Rhône-Kanals. Sie erreicht Ostwald. Ihre Pflegefamilie erkennt sie nicht wieder. » Ich war so verunstaltet. » « Drei Wochen später hat meine Mutter Kontakt aufgenommen und dann kam sie. Es wurde sehr hitzig, aber sie hat mich nicht zurückgenommen. » Marie Élisabeth erholt sich mühsam. Sie arbeitet in einer Fabrik, besucht Abendkurse, um Industriezeichnerin zu werden, lernt einen Mann kennen, der ihr Ehemann wird. Sie haben drei Kinder. « Ich habe sie nie geschlagen », beteuert sie. Mit 50 Jahren trifft sie ihre Mutter wieder. « Ich sagte ihr, dass ich alt genug sei, um zu verstehen und zu wissen, wer mein Vater ist. Sie hat versucht, mich zu ohrfeigen. » Nie erzählte sie ihren Kindern vom Martyrium ihrer Kindheit. Außerdem hatte sie all das bis 2019 verdrängt, bis sich eine schwere Operation wie eine Art Elektroschock auswirken sollte. « Alles kam wieder an die Oberfläche ». Kurz darauf kontaktierte sie “Coeurs sans frontières – Herzen ohne Grenzen (CSF-HOG), ein Verein, der Kinder zusammenbringt, die während des Krieges geboren wurden und die in der Regel, aufgrund des weltweiten Konflikts, von einem Elternteil getrennt wurden.

« On nous a cachés, on nous a niés »
Le père est soldat allemand, prisonnier de guerre français ou travailleur requis via le STO (Service du travail obligatoire). Ces enfants, dont l’âge flirte désormais avec les 80 ans, sont Français ou Allemands mais partagent la même souffrance. « On nous a cachés, on nous a niés mais nous avons le droit de connaître nos origines », relève la présidente de l’association, Chantal Le Quentrec, qui a récemment organisé son colloque annuel à Colmar. Comme un exutoire, ces rencontres permettent à certain(e)s de se livrer. « Ça fait du bien de parler », lâche Marie-Élisabeth. Si cette dernière n’a quasiment aucune chance de retrouver la trace de son père, Jean fut plus heureux dans sa quête.

logo CSF

« Man hat uns versteckt, man hat uns verleugnet ».
Der Vater ist ein deutscher Soldat, ein französischer Kriegsgefangener oder ein Zwangsarbeiter. Diese Kinder, deren Alter mittlerweile an die 80 Jahre heranreicht, sind Franzosen oder Deutsche, teilen aber das gleiche Schicksal. « Man hat uns versteckt, man hat uns verleugnet, aber wir haben das Recht, unsere Herkunft zu erfahren », sagt die Vorsitzende des Vereins, Chantal Le Quentrec, die vor kurzem ihr jährliches Kolloquium in Colmar veranstaltet hat. Diese Treffen sind für viele ein Ventil, um sich auszutauschen. « Es tut gut, zu reden », sagt Marie-Élisabeth. Während sie kaum eine Chance hatte, die Spur ihres Vaters zu finden, hatte Jean mehr Glück bei seiner Suche.

Jean, une histoire d’amour 
Ce Jurassien de naissance est installé à Colmar depuis quelques années. « Ma mère avait 20 ans, elle était assez bohème. Elle a rencontré un soldat allemand à Dijon. Ils ont été heureux pendant deux, trois mois avant que le militaire ne la quitte, sûrement pour retourner au front. » Jean voit le jour en avril 1944 à Dole. À cette époque, les filles-mères ne sont pas bien vues et leurs gamins sont rejetés. « J’étais traité d’enfant de boche. À l’école, on rigolait de moi car je n’avais pas de père. J’avais l’impression que j’étais anormal. » Sa mère ne lui a jamais caché les origines de son père. « Elle assumait ses actes et leurs conséquences ».

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Jean, eine Liebesgeschichte
Der gebürtige Jurassier lebt seit einigen Jahren in Colmar. « Meine Mutter war 20 Jahre alt und lebenslustig. Sie lernte in Dijon einen deutschen Soldaten kennen. Sie waren zwei, drei Monate lang glücklich, bevor der Soldat sie verließ, wahrscheinlich, um wieder an die Front zu gehen. » Jean erblickte im April 1944 in Dole das Licht der Welt. Zu dieser Zeit waren ledige Mütter nicht gut angesehen und ihre Kinder wurden abgelehnt. Ich wurde als « enfant de boche » bezeichnet. In der Schule lachten sie über mich, weil ich keinen Vater hatte. Ich hatte das Gefühl nicht normal zu sein. » Seine Mutter hat ihm die Herkunft seines Vaters nie verheimlicht. « Sie übernahm die Verantwortung für ihre Handlungen und deren Folgen.

D’ailleurs, elle avait constitué un dossier avec les photos de ce premier amour, les courriers qu’ils ont échangés, dossier que Jean a pu récupérer après le décès de sa mère, en 1990. « Au début des années 1960, elle a entrepris des recherches en Allemagne et a réussi à retrouver la trace de mon père. Il vivait à Berlin, mais malheureusement à l’Est. » La construction du mur, peu de temps après, scelle toute possibilité d’aller le voir. La vie file sans que Jean ne se préoccupe de ses origines paternelles. Jusqu’à la diffusion d’un documentaire, « Enfants de boches », réalisé par Christophe Weber et Olivier Truc, en 2003. « Ça a débloqué pas mal de choses », dit-il. Il prend son bâton de pèlerin et part en Allemagne à la recherche de ce père. Il est aidé par des membres de CSF. « On a réussi à localiser la veuve de mon père. On a pu se rencontrer. Elle n’a pas été surprise de savoir qu’il avait eu un fils durant la guerre. » Jean découvre qu’il a une demi-sœur. Ensemble, ils ont pu se recueillir sur la tombe de leur père. « Et là, j’ai pu lui dire qu’il m’avait manqué… et qu’il avait mieux réussi sa fille que son fils ! » Jean a pu obtenir la nationalité allemande à titre de reconnaissance comme d’autres enfants de la guerre. « Ce fut d’ailleurs très réparateur pour eux », note Chantal Le Quentrec. Cette dernière ne désespère pas que d’autres recherches identitaires puissent aboutir. Les « dossiers en cours » sont d’ailleurs à lire sur le site de l’association.

Sie hatte übrigens eine Mappe mit Fotos dieser ersten Liebe und den Briefen, die sie ausgetauscht hatten, angelegt, die Jean nach dem Tod der Mutter im Jahr 1990 an sich nehmen konnte. « Anfang der 1960er Jahre stellte sie Nachforschungen in Deutschland an und konnte die Spur meines Vaters aufnehmen. Er lebte in Berlin, aber leider im Osten ». Der Bau der Mauer kurz darauf verhindert jede Möglichkeit, ihn zu besuchen. Das Leben vergeht, ohne dass Jean sich Gedanken über seine väterliche Herkunft macht. Bis 2003 der Dokumentarfilm « Enfants de boches » (Kinder von Deutschen) von Christophe Weber und Olivier Truc ausgestrahlt wurde. « Das hat die Blockade gelöst », sagt er. Er nahm seinen Pilgerstab und machte sich in Deutschland auf die Suche nach diesem Vater. Dabei wird er von Mitgliedern von CSF unterstützt. « Wir haben es geschafft, die Witwe meines Vaters ausfindig zu machen. Wir konnten uns treffen. Sie war nicht überrascht, als sie erfuhr, dass er während des Krieges einen Sohn hatte. » Jean entdeckte, dass er eine Halbschwester hatte. Gemeinsam konnten sie das Grab ihres Vaters besuchen. « Und dort konnte ich ihm sagen, dass ich ihn vermisst hatte … und dass ihm seine Tochter besser gelungen ist als sein Sohn! » Jean konnte als Anerkennung wie andere Kriegskinder auch die deutsche Staatsbürgerschaft erhalten. « Das war übrigens sehr heilsam für sie », stellt Chantal Le Quentrec fest. Letztere zweifelt nicht daran, dass andere Identitätssuchen erfolgreich sein könnten. Die « laufenden Dossiers » sind übrigens auf der Website des Vereins zu finden.