Souffrance identitaire – Karin Pein
Refuser à un enfant de connaître ses origines véritables engendre des souffrances qui l’accompagneront tout au long de sa vie. Seul un travail pour mettre au jour le secret de la famille apportera enfin la paix à son esprit tourmenté.
Le récit de Karin, est tout à fait significatif, Cœurs sans Frontières la remercie de l’avoir le lui avoir confié :
Je suis Karin Pein, je vais raconter mon histoire pour Cœurs Sans Frontières.
Mon histoire n’est pas la même que celles que j’ai lu de vous qui recherchez un père, une famille en Allemagne où ailleurs, moi je savais qui était mon père j’avais des photos de lui.
Je suis née le 6/01/1944 à Oberilm en Allemagne, de père et mère Allemands, mon père fut tué à Varsovie le 4 Mars 1944.
Je suis arrivée en France avec ma mère et un soldat français en Juin 1945.
Voilà le début de ma vie, ma mère ne parlait pas le français et moi lorsque je suis rentrée à l’école primaire je parlais l’allemand, j’ai tout enfoui au fond de moi, je ne le parle plus maintenant.
Toute ma vie fut faite de non-dit et aussi d’injures, beaucoup ont dû comme moi entendre le mot « sale boche », le mot qui nous faisait tant de mal, moi je l’ai entendu très longtemps, j’en arrivais à avoir honte d’être née allemande, j’ai refusé de garder ma nationalité Allemande et maintenant je l’ai redemandée, j’espère bien l’avoir à nouveau, en fait c’est mon pays.
Ma mère ne m’avait rien dit sur mon père, ni où il avait été tué, ni où il reposait.
Il y a deux ans avec l’aide de l’ambassade de France à Varsovie et une généalogiste j’ai retrouvé où il reposait. Que d’émotions et de chagrins quand je suis arrivée en Pologne avec mon compagnon, j’ai lu son nom sur cette plaque aux côtés de ses compagnons d’infortune, que de temps perdu. J’avais fait un grand pas en avant, malgré cela j’étais soulagée.
Ensuite j’ai entendu parler de Cœurs Sans Frontières à la télé.
J’ai rencontré des gens merveilleux, Francis Criton fut le premier, le contact passa très bien, j’ai appris comment fonctionnait votre association, elle est merveilleuse, j’ai lu des histoires terribles.
Depuis le début de l’année 2016 j’ai retrouvé deux cousins, nos deux pères étaient frères, car là aussi je croyais, d’après les dires de ma mère qui m’a toujours menti, mon père fils unique
Mes cousins, je les ai retrouvés avec les réseaux sociaux, il reste deux autres cousins mais là je ne trouve rien,
Pour beaucoup de mes documents, la demande de double nationalité et autres je veux remercier Henry Millner. Je veux remercier ici Hubert Le Neillon qui traduit les lettres que j’échange avec mes cousins.
Vous êtes des gens qui ont du cœur, cela fait du bien de parler avec vous.
Nous sommes allés en Allemagne en Juin rencontrer Jurgen et Klaus Pein ils sont frères et nous avons passés des moments merveilleux, que de temps perdu…. Eux ne connaissaient pas mon existence.
Pourquoi tant de non-dit, pourquoi tant de haines.
Que de souffrance pour vous enfants de la guerre et aussi pour moi à qui on a tout caché et qui surtout n’avais personne à aimer.
J’espère que votre association tiendra longtemps et je souhaite à ceux et celles qui recherchent leur famille quelles les trouvent et qu’ils soient heureux comme je le suis.
Voilà mon histoire, elle n’est pas semblable à la vôtre mais c’est la mienne.
Karin Pein